Document mai 2010 - « J'ai représenté plus de cent condamnés à mort. À l'exception de trois ou quatre seulement, je ne les aime pas. Parmi eux, il y en a sept que je crois innocents. Tous ont
été exécutés parce qu'ils avaient été jusque-là défendus par des avocats incompétents.
Chaque fois que je quitte la prison, je suis impatient de prendre une douche, pour me nettoyer de la mort et de la solitude. J'engage des experts pour qu'ils disent aux juges qui sont mes clients, et pendant qu'ils parlent, je fais tout mon possible pour ne pas les écouter. Mon travail consiste à empêcher qu'on exécute mes clients, pas à les sauver, ni à les guérir. C'est assez dur comme ça, mais au moins, c'est possible. Je ne suis pas Don Quichotte.
Les gens pensent que les condamnés à mort ont la belle vie, ils font de la musculation tous les matins et regardent la télé toute la nuit, avec trois solides repas par jour, l'accès à des ordinateurs et des livres, et des audiences en appel à n'en plus finir. Je ne sais pas si ceux qui ont fabriqué ce mythe sont ignorants, ou simplement cyniques. Quoi qu'il en soit, ils se trompent sur toute la ligne. Le couloir de la mort est une cage de la fourrière. Ça ne vous pose peut-être aucun problème. Vous pensez peut-être que quelqu'un qui commet un assassinat doit être emprisonné dans une cage. Je ne partage pas ce point de vue, mais je le comprends. »
David Dow vit au Texas, où il défend des condamnés à mort depuis vingt ans. Paru aux États-Unis en 2010, ce « livre saignant » (New York Times), qui raconte son quotidien au côté des pensionnaires du couloir de la mort, a provoqué de violentes controverses.
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La revue de presse Nicolas Bourcier - Le Monde du 22 mai 2010
Aucun pathos ni sensiblerie dans son propos. Le récit de David R. Dow est sans concession et aussi sec que le bourbon qu'il avale certaines nuits...
Ici s'entremêlent sur un rythme court, haletant, plusieurs histoires de condamnés et autant de tentatives insensées pour enrayer le processus mortifère. L'auteur dit ne pas être Don Quichotte. Mais il ajoute : "Quand on défend des condamnés à mort, il faut constamment se faire des illusions." Avec une précision presque clinique, il met à nu l'incurie totale de la justice texane. Ce système inique où les tribunaux appliquent une règle implacable : si on ne soulève pas un problème une première fois, devant une cour d'assises, on ne peut plus l'évoquer par la suite. Et puis ceci, au niveau des cours fédérales : "Elles refusent de tenir compte des éléments que les cours d'appel d'État n'ont pas examinés auparavant"...
D'habitude peu loquaces sur le sujet, les médias américains se sont faits l'écho de la sortie du livre en début d'année. Preuve peut-être supplémentaire qu'il s'agit là d'une œuvre rare et si personnelle qu'elle bouleverse le lecteur encore plus efficacement qu'un réquisitoire contre les exécutions.
Auteur : David R. Dow
Traducteur : Christophe Magny
Date de saisie : 25/05/2010
Genre : Documents Essais d'actualité
Éditeur : Flammarion, Paris, France
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