« Le projet de ce documentaire et de ce livre À la lueur des désirs avec
Claire Nebout, repose sur une amitié, une confiance qui dure depuis plus de vingt ans. Une rencontre qui débute dans l’irréalité d’un viseur de Rolleiflex. Elle venait de tourner son premier film
avec André Téchiné «Le lieu du crime». Elle amenait dans ce film une audace, une violence. La révolte d’un corps, d’une sexualité libérée de toutes convenances. Libre de
toute forme de représentation, mon travail en photos avec Claire se focalisa sur le corps, le nu, la sincérité des formes, leur humanité. Consacrée, reconnue, elle entrait dans le cinéma des
années 80 en toute innocence. Une innocence que nous avions en commun du métier d’acteur et du travail qu’il demandait. Elle devint donc dans l’esprit de chacun et dans plus de 20 films, l’un des
symboles sexuels du cinéma français. Un cinéma, un métier qui dépose sur l’acteur une autre conscience de la vie mais aussi parfois des doutes, des impasses. Il y a deux ans, après une longue
période de silence et d’éloignement, nous nous sommes retrouvés sur des questionnements, des doutes partagés. Il lui arrivait dans sa vie, dans sa carrière, un passage à vide. Son corps
changeait, le regard du cinéma sur elle aussi. Le symbole qu’elle incarnait dans les années 90 et son cortège de clichés se diluaient. Elle renouait avec le théâtre, ses exigences, ses prises de
consciences, et ces introspections. Tout renaissait en elle. Un désir farouche, intact, d’aller voir ailleurs. De s’éloigner radicalement des images, des étiquettes que le cinéma lui avait collé.
[…] Elle me proposait de réaliser vingt ans après une dernière séance photos de nus. Un désir commun de montrer son corps autrement et donner à voir autre chose d’elle en esquivant tous les
faux-semblants de la séduction. L’envers des images convenues de l’actrice. Loin de ces corps liftés sans âme où l’individu a disparu. Habillée par untel, coiffée par d’autres mais toujours
photographiée avec les mêmes poncifs d’une beauté réglementée, pesée, calibrée des magazines qui n’ont que le nom d’être féminins. On se mit à l’écart, on s’enferma pendant plusieurs jours dans
le quotidien d’une maison. Avec l’unique volonté de n’avoir aucun but réel, aucune performance ni résultat, laisser simplement aller et venir les silences, être à l’écoute de soi et de l’autre.
[…]Par ces images nous revenions à la féminité, aux traces du temps, à l’humanité et à l’érotisme qu’elles expriment. […] Revenir aux sources d’une vocation en se réappropriant son corps et sa
féminité. » Jean-Pierre Larcher …
CLAIRE NEBOUT NUS
Éditeur : Editions du Chêne