Document avril 2011 - De mai à septembre 2008,
Marie Cosnay assiste à des audiences d'étrangers présentés au Juge des Libertés et de la Détention de Bayonne. Juge qui décide de prolonger la rétention de ces étrangers qu'on
appelle « sans papiers » dans les Centres de Rétention Administrative. Étrangers venus de pays où ils sont menacés, d'une manière ou d'une autre, et parfois installés en France et en Europe
depuis de longues années. Pendant ces audiences, Marie Cosnay note ce qui se passe, ce qui se dit, les faits, les gestes, les paroles. D'assister ainsi à la mise en place d'un système et d'une
politique qui brisent les individus la submerge de chagrin et du sentiment du néant.
C'est pour quitter l'espace du chagrin et du néant qu'elle décide d'écrire les récits de ces audiences, de ces moments si
particuliers où une personne, saisie dans son rapport avec l'administration et la loi française ou européenne du moment, n'est plus qu'un cas. Marie Cosnay s'efforce, dans son texte, de rendre à
cette personne sa dignité. Et de témoigner, de sa place de témoin chagriné, de sa place d'habitante frontalière, de ce qui, en son nom, en notre nom, se poursuit, en Europe et en
France.
Marie Cosnay est née à Bayonne en 1965. Professeur de lettres
classiques, romancière et poète, elle est aussi traductrice de textes antiques. Elle vit et travaille au pays basque.
-
La revue de presse Jean-Claude Lebrun - L'Humanité du 7 avril 2011
Il ne s'agit pas ici de « faire fiction ». Le livre de Marie Cosnay relève en effet d'une littérature de témoignage dont le mouvement actuellement s'amplifie. Paru une première fois fugitivement chez Laurence Teper au printemps 2009, avant la disparition de la jeune maison, il a gardé intacte sa vigueur dénonciatrice. Non pas à la façon d'un cri ou de quelque retentissante indignation, mais en prenant le parti d'une restitution des paroles prononcées et d'un rendu des réactions de l'auteur dans l'instant...
Car, s'il n'est pas question de fiction, l'on se trouve bien ici dans un travail de nature littéraire. Par la forme choisie
comme par la façon de chercher à lire tout ce qui dans la salle d'audience peut signifier. Avec toujours au premier plan la langue. L'écrivain, aujourd'hui plus que jamais, ne renonce pas à sa
fonction d'« obstiné secrétaire de la société ».
Auteur : Marie Cosnay
Date de saisie : 08/04/2011
Genre : Documents Essais d'actualité
Éditeur : Cadex, Sainte-Anastasie, Gard