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Évadée du Vél’d’Hiv’


 

Anna Traube


 

Présentation


Évadée du Vel’ d’Hiv’ retrace la rafle des Juifs parisiens de juillet 1942 opérée par des policiers français « zélés ». Anna a alors 20 ans et des rêves de jeune fille plein la tête. Elle est arrêtée à son domicile le 16 juillet et conduite au Vélodrome d’Hiver. Pressentant une issue fatale, elle n’a qu’une idée en tête : s’enfuir et rejoindre ses proches, que dans un sursaut de conscience elle avait pris soin de cacher. Les conditions extrêmes de détention, la faim, la soif et la maladie ne la détourneront jamais de ses objectifs. Par deux fois, elle échappe à la mort grâce à une remarquable présence d’esprit et à la complicité de quelques uns, policier, médecin et ouvrier.



Extrait du livre


À l’intérieur du Vél’ d’Hiv’ Ayant déjà fait sortir d’autres personnes, Gaston Roques connaissait certains gardes qui avaient fermé les yeux sur le nombre des ouvriers inscrits sur les laissez-passer. Il lui fallait connaître les horaires des gardes qui seraient au premier barrage. Le lendemain, il me communiqua l’heure à laquelle je pourrais le franchir et accéder à des toilettes convenables pour me rafraîchir le visage et me maquiller. Au premier barrage, Gaston Roques connaissait les gardes, il pouvait compter sur eux. De plus, il m’avait fait de nombreuses recommandations et, surtout, il m’avait dit qu’il ne faudrait pas courir. Il m’avait également expliqué minutieusement l’itinéraire que je devrais suivre pour atteindre le café d’un « bougnat » qu’il connaissait dans ce quartier de Grenelle et que je devrais rejoindre sans hésitation. Je remplis mon laissez-passer avec un nom qui me vint à l’esprit : « Mademoiselle Yvette Baudoin, assistante, demeurant à Paris, 101, rue de Lancry ». Je passai alors le premier barrage comme prévu. Après ces cinq jours, mon état de santé commençait à se détériorer. Pour sortir, je devais être propre et nette afin de ne pas attirer l’attention des gardes. J’accédai aux toilettes, m’y lavai, recoiffai mes cheveux mi-longs, mis du rouge à lèvres et mon imperméable. Gaston Roques m’avait expliqué qu’en sortant des toilettes, je devais aller tout droit pour atteindre le deuxième barrage. En y arrivant, je vis avec effroi l’un des gardes qui m’avait particulièrement « bonimentée ». Il me regarda et me fixa. Je ne bronchai pas et lui tendis mon laissez-passer. Le « type » était sidéré. Il le regarda. Il n’en revenait pas. Je n’avais aucune idée de ce qu’il allait faire. Il avait le laissez-passer dans les mains. Au bout d’un moment, il me tendit le papier et me fit un signe admiratif de la tête qui voulait dire : « Bravo, comment as-tu fait ? » L’autre garde ne se rendit compte de rien. Il y avait encore un troisième barrage à franchir en dehors du Vél’ d’Hiv’. La distance qui le séparait du deuxième me parut interminable. Je savais que je devais l’atteindre et le passai sans problème. Je me retrouvai dans la rue. Le quartier était truffé de policiers. Je me rappelai les recommandations de Gaston Roques et surtout la principale, celle de ne pas courir. Ce fut à ce moment-là qu’un petit oiseau se posa juste devant moi et se mit à sautiller. Je marchais doucement en me disant : « Dire que tant de gens sont encore à l’intérieur et que ce petit oiseau, lui, est libre. Heureux petit oiseau ! » C’était un spectacle surprenant …

http://www.manuscrit.com/Book.aspx?id=5933

 

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