Document 27/10/2012
- Le 30 octobre 1940, six jours après la célèbre poignée de mains échangée à Montoire entre Hitler et Pétain, ce dernier annonçait : «J'entre aujourd'hui dans la
voie de la Collaboration.»
Mais qui avait intérêt à collaborer ? La France ou l'Occupant ? Et les occupants étaient-ils décidés à collaborer ?
Jean-Pierre Azéma interroge toutes les formes de collaboration. Quels liens unissent la Révolution nationale et la
Collaboration d'État ? Pétain a-t-il mené un double jeu ? Y a-t-il eu deux Vichy : le Vichy de Pétain et le Vichy de Laval ? Quels rôles ont joué Darlan et Weygand ? La collaboration des
intellectuels fut-elle importante ? A Paris, comment les artistes, écrivains, acteurs, chanteurs, s'accommodaient-ils de la situation ? Pour qui la Collaboration fut-elle économiquement rentable
: pour la France ? Pour le Reich ? Pour certains Français ? Jusqu'où est allée la collaboration militaire ? Quel rôle les ultras de la Collaboration ont-ils joué ? Ont-ils réussi à prendre le
pouvoir vers la fin de l'Occupation ? La Collaboration d'État a-t-elle facilité la mise en oeuvre de la Shoah ? Et comment, pendant ces quatre ans, l'opinion publique évolua-t-elle ?
Enfin, à la Libération, l'Épuration fut-elle une oeuvre de justice ou de revanche ? Et depuis, qu'en est-il des mémoires -
celles des gaullistes, des communistes, des pétainistes, des collaborationnistes, et enfin celle des Juifs - qui ont suivi l'évolution des représentations de la Collaboration d'État et des
collaborationnistes ?
Sur toutes ces questions, Jean-Pierre Azéma, qui a enseigné de
nombreuses années à l'Institut d'études politiques de Paris, tout en poursuivant ses recherches sur les années noires, ne souhaite ni excuser ni dénoncer : il cherche à comprendre, avec le souci
constant d'éclairer les ambivalences des choix, des attitudes, des opinions et des mémoires.
Parmi ses ouvrages, mentionnons, outre le classique De Munich à la Libération (Seuil) : Jean Moulin, le rebelle, le
politique, le résistant (Perrin) ; La France des années noires (en coll. avec François Bédarida, Seuil) ; 1940, l'année noire (Fayard) ; L'Occupation expliquée à mon petit-fils (Seuil).
Il est l'auteur notamment de De Munich à la Libération (1938-1944) ; 1938-1948. Les années de tourmente. DeMunich à Prague
: dictionnaire critique (sous sa direction ainsi que celle de François Bédarida) ; Jean Moulin : le politique, le rebelle, le résistant ; 1940, l'année noire.
- Les courts extraits de livres : 27/10/2012
Extrait du préambule
- Tout au long de l'histoire, préférer obtenir le ralliement de vaincus, plutôt que les passer au fil de l'épée ou faire régner la terreur, parut parfois au
vainqueur une stratégie rentable. Mais c'est lors du second conflit mondial que le phénomène de collaboration prit une ampleur démesurée, d'abord dans une bonne part de l'Asie envahie par les
années nippones, en Corée, en Chine ou dans les Indes néerlandaises (qui deviendront l'Indonésie), enfin dans la majeure partie de l'Europe, et en particulier - ce qui nous concerne ici - en
France.
COLLABORATION, COLLABORATIONNISME, COLLABOS, VICHYSSOIS, MARÉCHALISTES, PÉTAINISTES
« Collaboration », le terme, employé pour la première fois dans un message du 10 octobre par le maréchal Pétain, est
officialisé lorsqu'il déclare dans son allocution du 30 octobre : «J'entre aujourd'hui dans la voie de la collaboration.» Le mot est repris par les autorités du Reich (« Kollaboration »), puis
immédiatement dans toutes les langues de l'Europe. Depuis l'article fondateur du politologue franco-américain Stanley Hoffmann, les historiens distinguent classiquement la Collaboration d'État et
les «collaborationnistes». On sait l'emploi fréquent, toujours insultant, du terme «collabo», pour désigner tous ceux à qui on reproche en gros de frayer complaisamment avec l'ennemi et a
fortiori de devenir son complice. Trop souvent mis à toutes les sauces, ce terme doit être utilisé de façon rigoureuse. Entre 1940 et 1944, la Collaboration eut en France un statut officiel qui
s'est géré d'État à État entre le Reich et des membres du gouvernement de Vichy. Les collaborationnistes, eux, étaient des activistes, qui, pour la plupart, militaient à Paris, même si
quelques-uns appartenaient - il est vrai - aux cercles gouvernementaux de Vichy. Ils voulaient que la France s'engage à fond - y compris au plan militaire - aux côtés du Reich. Et ils ont été de
plus en plus influencés par l'idéologie nazie. Reste que les uns comme les autres poursuivaient de la même hargne ceux qu'ils désignaient comme «l'ennemi intérieur», formule qui englobait les
étrangers installés ou réfugiés en France, les Juifs de nationalité française, et a fortiori les Juifs étrangers ou classés «apatrides», les communistes, les francs-maçons, enfin les défenseurs
du « régime ancien » à savoir la République. Bien plus, à partir de l'hiver 1943, il a existé une solidarité entre ces deux types de comportements, soit entre le Vichy milicien et les mouvements
collaborationnistes, qui, comme on le verra, n'avaient pu se développer qu'en instrumentalisant la Collaboration d'État.
En même temps, concrètement, sur le terrain, des pratiques, des choix dans la société constituaient des formes de
«collaboration». On parle, par exemple, de «collaboration économique». Ces formes de «collaboration» ne relevaient pas forcément du collaborationnisme. Reste qu'elles ont conservé une image
négative au point qu'à la Libération, il valait mieux pour un «vichyssois» n'être pas tenu pour un « Kollabo ».
Or, le plus grand nombre des partisans de Philippe Pétain - et là il s'agit aussi bien du Français moyen que des politiques
- n'étaient pas des collaborationnistes. D'ailleurs, il faut encore distinguer dans leurs rangs deux attitudes. D'une part, bien des Français étaient des admirateurs inconditionnels de la
personne du Maréchal, «le vainqueur de Verdun», à qui ils faisaient entièrement confiance en raison des qualités personnelles qu'ils lui attribuaient, peut-être naïvement : on parlera de
«maréchalistes». Certains pouvaient de surcroît être convaincus de la justesse des options politiques (un régime très autoritaire) et des choix de société (la Révolution nationale, anti-libérale
et xénophobe) du Maréchal. Ces « pétainistes »-là tournaient le dos au régime républicain et acceptaient le pari de la Collaboration d'État ; mais, jusqu'en 1944, ils se sont défiés des dérives
des collaborationnistes parisiens.
Ces distinctions sont indispensables pour éviter les approximations qui empoisonnent en particulier les débats politiques.
Car on ne s'étonnera pas que la Collaboration, un des chapitres les plus dramatiques des guerres franco-françaises, soit ensuite devenue en France un véritable enjeu mémoriel, donnant lieu à des
controverses dont nous analyserons les données en fin de volume.
La collaboration (1940-1944)
Auteur : Jean-Pierre Azéma
Date de saisie : 27/10/2012
Genre : Histoire
Editeur : André Versaille, Bruxelles, Belgique
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