Le beau Moyen Age connut une mode, parfois effrénée, de la fourrure. Petit gris, martres et
zibelines : des millions de peaux sont acheminées chaque année depuis la grande forêt russe.
La « folie » des fourrures, rendant les hommes « déments » , est signalée dès la fin du XIe siècle par Adam de Brême, Helmold de Bosau, Pierre Damien... L'usage des fourrures fut emprunté aux pays d'islam, dont les élites politiques se paraient de celles de la grande forêt russe, qui, via l'Asie centrale, arrivaient sur les marchés de Bagdad, du Caire, voire de Cordoue. Les fourrures, jusque-là mal connues et chères, gagnèrent le costume des nobles et des princes d'Occident, et devinrent un signe distinctif voire ostentatoire. Contrairement aux idées reçues, l'hermine, traditionnellement attribuée aux seules têtes couronnées, était fort rare dans leur vestiaire ; jusque vers 1370, c'est partout le ventre de menu vair (petit gris) qui est la fourrure noble ou royale, puis ce sera la martre de Prusse dans le courant du XVe siècle, en concurrence avec les fins agneaux noirs des élevages et des ateliers italiens ; les peaux de léopard, de lynx et surtout de genette et de zibeline représentaient le luxe suprême. Les paysans restaient fidèles à la tradition germanique, au chevreau ou au mouton, et leur pauvre luxe portait sur des peaux très peu chères mais fragiles (lapin), ou plus robustes mais plus rares (chat, renard). La puissance et le nombre des métiers de la pelleterie témoignent de l'ampleur et de l'accroissement de la consommation occidentale. Ces métiers sont parmi les plus anciens des villes. Ils se divisent au cours des XIIIe et XIVe siècles en deux : pelletiers de mouton, pour les peaux...
La folie des fourrures
Par Robert
Delort
publié dans L'Histoire n° 283 - 01/2004 Acheter L'Histoire n° 283 +
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