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Lundi marque le 30e anniversaire de la loi dite Veil-Pelletier qui oblige les hôpitaux à proposer l’IVG, l’interruption volontaire de grossesse. Cette loi du 30 novembre 1979 venait confirmer la loi Veil qui était au départ provisoire, à titre expérimental pour une durée de cinq ans. Où en sommes-nous 30 ans après ? L’enquête de Jules Lavie...

Maternité de l’hôpital Saint-Antoine dans le XIème arrondissement de Paris. 650 IVG sont pratiquées ici chaque année. L’activité ne faiblit pas, au contraire. La chambre destinée aux IVG par voix médicamenteuse a été réaménagée en juillet dernier. Pour gagner de la place. Avant, il y avait deux lits, remplacés par quatre fauteuils. Les femmes qui avortent, se retrouvent donc à côté d’autres femmes, et souvent de leurs conjoints. Pas l’idéal. Mais il y a pire : cette pièce est souvent remplie. Régulièrement, des femmes doivent prendre leurs comprimés, dans le couloir, dans une salle d’attente ouverte...


Anne Bonini est sage-femme.  Les femmes avortent parfois dans le couloir, sur un fauteuil ou dans un brancard, explique-t-elle.  (1'45")

 



Cet été un autre centre de l’Est parisien a fermé, celui de l’hôpital Tenon. Il pratiquait 500 IVG par an. Le transfert de son activité sur les autres hôpitaux a été mal préparé : l’hôpital Saint-Antoine doit désormais réaliser une dizaine d’avortements supplémentaires par mois, sans aucun moyen supplémentaire.


Denis Jannet est gynécologue-obstétricien à Saint-Antoine. Il estime que le centre de est déjà aux limites de ses capacités d’accueil.  (0'56")

 



L’administration qui gère les hôpitaux parisiens, l’AP-HP, explique qu’un travail est en cours, pour évaluer les besoins des autres hôpitaux après la fermeture du centre d’IVG de Tenon.


Elisabeth Carricaburu est chargée de mission à l’AP-HP. Elle fait partie de la direction de la politique médicale.  (0'52")

 



Le nombre de places dans les centres d’IVG n’est pas extensible. Et cela peut parfois poser problème, notamment pour les femmes qui sont à quelques jours du délai légal de 12 semaines de grossesse. Laura (le prénom a été changé, NDLR) a 19 ans . Cette lycéenne s’est fait avorter hier. Seule. Sans en parler à ses parents. A quelques jours de la limite légale. Au départ, son médecin généraliste l’a mal conseillée : il lui a dit de ne pas s’inquiéter de son retard de règles. Test de grossesse positif : deux mois plus tard, elle va dans une clinique et prend rendez-vous. Mais le jour J, Laura découvre, qu’elle doit payer 500 euros. Elle ne les a pas.

Infirmière scolaire, centre de PMI... Quand Laura appelle finalement l’hôpital, on lui répond qu’elle risque de devoir se faire avorter à l’étranger. Après une heure de panique, son téléphone sonne. Elle apprend qu’elle pourra bien subir une IVG dans cet hôpital. Elle ne sait pas ce qu’elle aurait fait en cas de réponse négative. Elle aurait préféré fuguer plutôt que d’en parler à ses parents...

Au-delà de la question des moyens, les militants qui défendent le droit à l’avortement dénoncent un autre problème : le regard de la société a changé. Selon eux, il y aurait davantage de culpabilisation qu’il y a 30 ans.


Les progrès techniques ont changé notre regard sur l’avortement, explique le docteur Marie-Laure Brival.  Elle est présidente de l’ANCIC, l’association nationale des centres d’interruption de grossesse et de contraception.  (0'56")

 



Pour Marie-Laure Brival, qui est aussi chef de service à la maternité des Lilas, il y a aussi une autre raison, à cette culpabilisation des femmes qui avortent : la France est aujourd’hui championne d’Europe de la natalité. Et le fait d’avoir des enfants est de plus en plus valorisé.

Jules Lavi


Le droit à l’avortement, un droit toujours précaire

France Info - 27 novembre 2009

Crédit photographique : Madame Veil

http://s.plurielles.fr/mmdia/i/45/4/simone-veil-3398454czibk_1350.jpg

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