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http://www.avcesar.com/source/actu/6352/image_actu_prev_0304113924.jpgDominique Missika et Philippe Truffault proposent un coffret de six DVD sur le premier procès pour crime contre l’humanité jugé en France.


Le 11 mai 1987 s’ouvre devant la cour d’assises du Rhône le procès de Klaus Barbie, ancien officier SS chargé d’éradiquer la Résistance mais aussi d’arrêter et de déporter les Juifs entre 1942 et 1944. Après quarante ans de cavale, celui que l’on surnomme le « boucher de Lyon » est poursuivi devant un tribunal pour sa responsabilité dans la rafle de la rue Sainte-Catherine à Lyon le 9 février 1943, celle des enfants d’Izieu le 6 avril 1944 et dans la déportation de plus de 600 Juifs et résistants dans le convoi du 11 aocoffret de six DVDût 1944.

Ce procès est un événement. Pour la première fois en France, un officier nazi est jugé pour crime contre l’humanité. En outre, grâce à la loi du 11 juillet 1985, il s’agit du premier procès d’assises filmé dans son intégralité. Votée sur proposition du garde des Sceaux, Robert Badinter, cette loi autorise la pré--- sence des caméras dans les prétoires lors des procès dont l’enregistrement des débats présente « un intérêt pour la constitution d’archives historiques de la justice ». Ce qui représente près de 145 heures d’enregistrement.

Dominique Missika en avait sélectionné de larges extraits pour les séries qu’elle a réalisées sur ce sujet en 2000 pour « histoire » puis en 2004 pour France Culture. Avec l’accord du président du Tribunal de grande instance (TGI) de Paris qui exigeait toutefois de « respecter l’équilibre entre accusation et défense, de conserver les images dans leur ordre chronologique initial et dans l’état brut du mélange original, en n’ajoutant ni commentaire, ni effets supplémentaires ».

Cette fois encore, le cahier des charges est resté le même. Du coup, pour définir leur travail de conception de ce DVD dont l’intérêt est autant juridique qu’historique, Dominique Missika et le réalisateur Philippe Truffault parlent volontiers de « contraction ». Il s’agit en effet, en un peu moins de vingt heures, de restituer, sans le déformer ni le dénaturer, le déroulement du procès dans toute sa complexité : les longueurs de la procédure, les silences, les débats contradictoires. Au total ce sont 37 audiences, 107 témoins et experts qui défilent à la barre, 39 avocats qui plaident au nom des parties civiles, 3 – dont Jacques Vergès – qui défendent l’accusé.

Si les coupes ont parfois été des crève-coeur – « l’intervention de Geneviève de Gaulle sur sa déportation à Ravensbrück ou la description de Drancy par Yves Jouffa sont de formidables témoignages historiques qu’il a malheureusement fallu réduire » –, il ne manque pas de moments d’une très grande intensité, notamment les face-à-face entre Klaus Barbie et ses victimes.

Pour ne pas laisser cependant le spectateur seul face aux images brutes, l’édition de ce coffret inclut un livret pédagogique d’une quarantaine de pages très utile et un DVD regroupant douze entretiens réalisés par Jérôme Prieur. Historiens (Henry Rousso), magistrats (Denis Salas), artistes (Marc Molk) sont appelés à éclairer de leurs interventions différents aspects abordés lors du procès de Klaus Barbie : la fuite d’un criminel, la capture en Bolivie, le crime contre l’humanité, la mise en scène judiciaire, la voix des victimes, la mémoire ou la représentation de la Shoah.

L’objet est d’importance car, comme l’explique Henry Rousso : « Ce procès marque un tournant culturel dont on ne mesure pas alors toutes les conséquences : il fait entrer l’histoire au tribunal[1]. »

Le 4 juillet 1987, Klaus Barbie est condamné à la réclusion criminelle à perpétuité.

Le procès Barbie en vingt heures

Par Olivier Thomas

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