Document 2003 - Les ordres mendiants, agents essentiels de la spiritualité des derniers siècles du Moyen
Age, sont intimement liés à leur univers habité : leurs couvents.
Fondés sur des principes structurels, esthétiques et fonctionnels qui leurs étaient propres, ces complexes architecturaux à vocation nettement polyvalente, répondant aux activités religieuses,
communautaires et intellectuelles des religieux tout comme aux besoins de l'encadrement des fidèles, constituaient le contrepoint édilitaire de l'activité apostolique et du modèle de vie des
Mendiants. Délibérément installés en milieux urbain, ceux-ci jetèrent des ponts décisifs avec le monde extérieur en désenclavant ainsi leurs établissements qui, implantés de manière réfléchie,
surent s'intégrer et s'adapter de manière dynamique dans les endroits d'accueil.
Les fréquentes fondations des couvents dans les secteurs sensibles des villes et la création, dans les églises et dans les édifices conventuels, d'espaces et d'aménagements architecturaux
appropriés satisfaisaient, parfois même devançaient, les aspirations spirituelles, voire sociales, des ouailles. Cette étude, en associant les données archéologiques aux informations fournies par
les archives, les sources historiques et les documents graphiques anciens, embrasse les couvents féminins et masculins des quatre principaux ordres mendiants : les Dominicains, les Franciscains,
les Carmes et les Augustins.
Par ailleurs, dans le secteur géographique choisi, à savoir le nord de la France et les anciens Pays-Bas méridionaux, l'architecture conventuelle avait été jusque-là très peu explorée. Le cadre
chronologique suffisamment large de la recherche, embrassant la période entre le XIIIe et le XVIe siècle, met en relief la pérennité évolutive des couvents qui façonnent, expriment et symbolisent
la cohérence spirituelle des communautés dans leur organisation interne comme dans leurs relations avec l'extérieur.
Est ainsi révélé l'impact des établissements mendiants sur les autres réalisations architecturales religieuses, telles les églises paroissiales, mais aussi civiles, tel l'habitat urbain. La
topographie conventuelle aussi, avec ses modalités d'aménagement des enclos et d'insertion intra et péri-urbaine, porte en elle des données essentielles, tels les jardins aménagés, qui annoncent
la mutation des villes.
Panayota Volti nous fait découvrir un pan entier de l'architecture médiévale placé dans son contexte socio-historique et éclairé par une
appréhension globale et aiguë du fait urbain et de ses composantes humaines.
Broché
Paru le : 04/11/2003
Éditeur : CNRS
L'auteur en quelques mots en 2003 ...
Panayota Volti, attachée de recherche au Collège de France à la chaire d'histoire de l'art européen médiéval et moderne, enseigne l'histoire de l'art et de l'architecture aux universités de Paris I et Paris IV.
Ses recherches portent sur l'architecture et l'art médiéval, elle a récemment organisé un colloque sur les béguinages.