Notre société est obsédée par les jeunes de cité. Mais cette peur
sociale va de pair avec une ambition politique : assimiler à la nation les mineurs qui lui semblent étrangers. Enfants naturels sous la Révolution, jeunes délinquants au début du XIXe
siècle, enfants abandonnés sous la Troisième République, jeunes de banlieue aujourd'hui, tous sont condamnés à une réhabilitation physique et morale capable d'effacer leurs origines
imparfaites.
Emblématique des idéaux républicains, matrice d'une francité qui se veut universelle, cette utopie intégratrice est l'une des plus anciennes politiques publiques en France. Elle revient de façon
récurrente jusqu'aux crises contemporaines, dans lesquelles elle porte une part de responsabilité. Car le « modèle français d'intégration » se révèle plutôt un contre-modèle, non seulement
parce qu'il échoue à insérer les jeunes dans la société, mais aussi et surtout parce qu'il postule l'inégalité des individus.
Depuis les « bâtards » de l'an II jusqu'aux « racailles » des années 2000, l'État-nation
démocratique s'est confronté à toutes les figures de l'altérité juvénile, qu'il a contribué à stigmatiser en voulant les sauver. C'est cette longue entreprise que retrace Ivan Jablonka dans un ouvrage essentiel pour comprendre notre société actuelle.
Ce livre clôt un cycle de travaux qui, en se fondant sur les politiques de l'enfance et de la jeunesse, renouvellent l'histoire de l'État et de la République en France.
Les enfants de la République : l'intégration des jeunes de 1789 à nos
jours
Editions du Seuil
Ivan Jablonka, maître de conférences au Collège de France et à l'université du Maine, rédacteur en chef du site laviedesidees.fr.
Sur le site Non fiction :
Marianne éducatrice
[samedi 27 février 2010 – 10:00]
http://www.nonfiction.fr/article-3182-marianne_educatrice.htm
Résumé : Un ouvrage significatif qui, tout en retraçant l’histoire des politiques sociales et éducatives de l’Etat à l’égard des figures complexes que sont les « jeunes », s’interroge sur le modèle républicain d’intégration et d’assimilation.