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http://www.decitre.fr/gi/25/9782737345425FS.gifDocument 2008 - L'espionnage reste un sujet à la mode, romans et films retracent encore les péri­péties de ces héros et héroïnes à travers le monde. Mais qu'en est-il réellement pendant la Grande Guerre ? Les services de renseignements de tous les pays s'ac­tivent. A qui peut-on confier la tâche délicate et dangereuse d'espionner les enne­mis en l'absence des hommes au front ? Aux femmes ?


« Elles apportent la finesse, la souplesse, l'esprit de dissimulation, auxquels elles ajoutent des armes redoutables [...] leur beauté, leurs regards ensorceleurs. » N'est-ce pas le portrait de la trop célèbre Mata Hari ? Mais d'autres espionnes acceptent ce rôle pour des raisons différentes, patriotisme, goût du risque, esprit de vengeance, recherche d'une situation aisée même au prix de la prostitution, désir de s'affirmer dans la société. Quelle reconnaissance peuvent-elles espérer de leurs officiers traitants et de leur patrie pour les avoir servis dans des conditions souvent tragiques ?

Chantai Antier-Renaud - Docteur en histoire internationale, s'est spécialisée dans l'étude de la Première Guerre mondiale et de ses conséquences sur les populations civiles. Elle est l'au­teur de La Grande Guerre en Seine-et-Marne, de nombreux articles de revues. Son livre Les soldats des colonies pendant la Grande Guerre vient de paraître aux Éditions Ouest-France.

Marianne Walle - Professeur honoraire des Universités et présidente de la Commission de recherche «Les Femmes et la guerre», travaille sur l'histoire des femmes en Europe (Allemagne, France, pays de la monarchie danubienne) au début du XXe siècle.

Olivier Lahaie - Chef d'escadron, directeur des études d'histoire à Saint-Cyr-Coëtquidan, docteur en histoire moderne et contemporaine, étudie le Renseignement pendant la guerre de 1914-1918. Il participe à divers ouvrages édités par le Service historique de l'armée de terre.

 

  • Les courts extraits de livres : 13/05/2008

 

1870-1914. VERS UNE RECONNAISSANCE DU RÔLE DE L'ESPIONNE EN FRANCE ?

Avant de s'intéresser au statut des Françaises évoluant pendant la Grande Guerre au sein de nos Services de Renseignements, il importe de rappeler brièvement comment ces derniers se sont structurés et organisés entre 1870 et 1914.

L'ÉVOLUTION DES SERVICES DE RENSEIGNEMENTS FRANÇAIS ENTRE 1870 ET 1914

Le 2e Bureau de l'État-Major de l'Armée (EMA) avant 1914.


Suite à la défaite de 1870, laquelle s'explique en partie par les lacunes françaises en matière de recherche de renseignements sur l'ennemi et de contre-espionnage, un «2e Bureau» dit «de reconnaissance et de statistiques» est créé par décret du 12 mars 1874. Organe d'analyse, sa mission est l'étude des armées étrangères et son objectif principal, l'Allemagne. Il gère également les attachés militaires à l'étranger dont il reçoit quotidiennement les rapports. Un organe de recherche, la Section de Statistiques, également appelée «Service de Renseignements», lui est «rattaché», afin de le fournir en renseignements militaires sensibles. Ce Service de Renseignements est également chargé du contre-espionnage.


Or, l'implication partisane du commandant Henry, chef du Service de Renseignements, dans l'affaire Dreyfus, coûtera cher au service qu'il dirige : par décret du 20 août 1899, la Sûreté générale se voit dotée d'un «contrôle général chargé de la surveillance du territoire», ce qui revient à ôter le contre-espionnage des attributions du Service de Renseignements (et donc de l'armée) pour le confier au ministère de l'Intérieur.


Le général de Gallifet - qui voulait par ces bouleversements débarrasser les services secrets de leurs éléments les plus marginaux - peut donc se permettre de déclarer :

 

« L'incident est clos. »


Évidemment, ce transfert de compétences de l'armée à la police ne manque pas de provoquer des protestations de la part des militaires. Pourtant, le ministre de la Guerre ne souhaite pas annihiler le renseignement militaire, puisque le 2e Bureau reste chargé de la recherche du renseignement à l'extérieur à partir de postes établis à Nancy, à Remiremont, à Épinal et à Belfort. Ces «postes SR», comme on les appelle, sont des sortes d'antennes locales où chaque officier traitant, membre du Service de Renseignements, emploie des agents et rédige des synthèses de renseignements au profit du Service de Renseignements central de Paris, sis rue de l'Université. Ainsi, le communiqué du 15 septembre 1899 précise que «la Section de statistiques devient une des sections du 2e Bureau [...], [qu']elle ne s'immiscera en aucune façon dans les services de police et de contre-espionnage qui restent exclusivement dans les attributions de la direction de la Sûreté générale», mais il ne ferme pas à l'armée la pra­tique de la recherche du renseignement. Un officier est d'ailleurs affecté à cette fin à l'état-major de chaque région militaire. Confiée à Paris au commandant François, la «Section de Renseignements», toujours «rattachée» au 2e Bureau du colonel Emile Hache, poursuit ainsi son difficile travail de collecte sur les armées étrangères, et spécialement sur l'armée allemande.


L'arrêté ministériel du 23 mars 1900 fixe l'effectif réglementaire du 2e Bureau à 24 officiers et fonctionnaires de l'Administration centrale. Or, il apparaît bientôt que, doté de crédits ridicules, atone dans son fonctionnement, le 2e Bureau ressasse des informations trop livresques sur l'Allemagne.


Jusqu'au moment où, en avril 1904, il réalise un coup de maître. Grâce à son Service de Renseignements, il parvient en effet à prendre connaissance d'une version du plan Schlieffen contre la France ; c'est un officier général, membre du Grand État-Major de Berlin - se surnommant lui-même «Le Vengeur» -, qui le lui vend. Mais, de peur d'être berné par le service de renseignements germanique à l'aide d'une version périmée de ce plan d'opérations, l'état-major français se contente de faire vérifier les dires du mystérieux personnage, n'appliquant pas intégralement les décisions stratégiques urgentes qui y sont suggérées.

Les espionnes dans la Grande Guerre

Auteur : Chantal Antier | Olivier Lahaie | Marianne Walle

Date de saisie : 08/04/2008

Genre : Histoire

Éditeur : Ouest-France, Rennes, France

Collection : Écrits. Histoire



Le blog de philippe poisson

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