En plus d'en connaître les moindres recoins, Jean-Claude Fichaux est incollable
sur l'histoire de la maison d'arrêt d'Arras. Cet ancien surveillant a même remonté le temps jusqu'au Moyen Âge...
La genèse du livre Les prisons d'Arras et les hommes tient du pur hasard. Plongé dans l'élaboration de son arbre généalogique, Jean-Claude Fichaux occupe la majeure partie de son temps libre à arpenter les archives départementales du Pas-de-Calais, à Dainville. C'est là qu'il croise régulièrement Alain Giletta. Un surveillant pénitentiaire, comme lui. Qui travaille à la maison d'arrêt d'Arras, comme lui. « Il faisait des recherches sur la Première Guerre mondiale car son grand-père a combattu dans l'Artois à cette époque. » En 2001, les deux passionnés d'Histoire décident de se pencher sur un sujet qui leur est commun : l'univers carcéral.
Durant ces années, il se passionne pour l'histoire de notre région, notamment celle des lieux qu'il fréquente. Les prisons d'Arras et les hommes est son premier ouvrage. imple collecte d'informations destinées à alimenter quelques panneaux sur leur lieu de travail s'est très vite transformé en véritables fouilles.
« À chaque fois qu'on trouvait quelque chose, on voulait en savoir plus. On a tellement creusé qu'on est remonté jusqu'à la Révolution et même au Moyen Âge » , sourit Jean-Claude. Si bien que l'idée de l'exposition s'est rapidement déclinée en un premier ouvrage offert aux employés. Puis un second.
En 2003, il saisit l'opportunité qui lui est donnée de fusionner les deux livres en y ajoutant quelques éléments. « Je ne voulais pas laisser ça dans un tiroir. C'est de l'histoire locale, du documentaire. » Au fil des pages, on apprend qu'Arras a compté jusqu'à neuf prisons au cours de la Révolution. Mais aussi que Vidocq séjourna dans l'une d'elles pour chapardage. « Il volait dans la caisse de ses parents qui tenaient une boulangerie », s'amuse-t-il.
2 500 résistants emprisonnés à Arras En dehors de ces anecdotes cocasses, l'histoire des prisons d'Arras, et plus particulièrement celle de Saint-Nicaise (l'actuelle maison d'arrêt), a été marquée par des épisodes dramatiques. C'est entre ses murs que 2 500 résistants ont été enfermés. Plus de 200 d'entre eux y sont morts fusillés, une autre partie a été déportée. Le père et le frère de René Lobbedez comptent parmi ces derniers. « Ils ont été arrêtés en 1943 sur dénonciation et torturés à Arras avant d'être emmenés au camp de Gross-Rosen, en Pologne, où ils sont morts d'épuisement ou de maladie », explique l'homme qui, grâce à son témoignage, a enrichi les écrits de Jean-Claude Fichaux.
Une conclusion s'impose à l'auteur : « Des malheureux dans les prisons, il y en a toujours eu et il y en aura
toujours. Et les détenus qui ont de l'argent s'en sortent toujours mieux que les autres. » Aujourd'hui à la retraite, l'ancien surveillant pénitentiaire ne compte pas s'arrêter là.
« J'aimerais étendre mes recherches sur le territoire du Pas-de-Calais, confie-t-il sans pour autant avoir pour objectif d'en faire un second livre. C'est ça qui est bien avec l'Histoire, c'est que ça n'en finit jamais... »
Les prisons sous la plume d'un ancien maton
Publié le jeudi 30 décembre 2010 à 06h00
http://www.nordeclair.fr/Actualite/Justice/2010/12/30/les-prisons-sous-la-plume-d-un-ancien-ma.shtml
Jean-Claude Fichaux est né en 1954 à Maisnil-lez-Ruitz (62), aîné d’un fratrie de 8 frères et soeurs. Il
rentre dans l’administration pénitentiaire en 1976 comme surveillant affecté à Metz, puis à Château-Thierry. Il apprend à écouter les gens, tout en maintenant ses fonctions. En 1986, il est muté
au centre de détention de Liancourt. Puis il arrive à Arras en 1990 pour y terminer sa carrière en 2009.
Durant ces années, il se passionne pour l'histoire de notre région, notamment celle des lieux qu'il fréquente. Les
prisons d'Arras et les hommes est son premier ouvrage.