Document du 28/09/2011 - Les Vikings, toujours moins nombreux que leurs adversaires, sont les premiers à recourir systématiquement à la reconnaissance et au renseignement pour obtenir l'effet de surprise maximum au cours de leurs raids.
Les Normands, forts de l'expérience viking, ne cesseront d'avoir recours à l'espionnage comme pour la conquête de
l'Angleterre et de la Sicile.
En Méditerranée, Byzance dispose d'une longue et solide tradition de l'action clandestine que les Croisades mettent en
lumière. Des grandes invasions à la guerre de Cent Ans et à la prise de Constantinople, le Moyen Âge est le théâtre d'une intense guerre secrète où toutes les techniques de l'espionnage moderne
sont pratiquées : éclairage, écoute des conversations, interception de courriers...
ÉRIC DENÉCÉ
Docteur en sciences politiques, Éric Denécé a été consultant pour le ministère de la Défense. Depuis 2000, il dirige le
Centre français de recherche sur le renseignement. Parallèlement, il enseigne à l'université de Bordeaux IV.
JEAN DEUVE
Officier de renseignement, Jean Deuve participe à la campagne de France (1940), Après la guerre, il dirige le service de
renseignement des forces françaises du Laos. Il termine sa carrière comme directeur du renseignement du Service de documentation extérieure et de contre-espionnage (SDECE), l'ancêtre de la
DGSE.
- Les courts extraits de livres : 28/09/2011
RENSEIGNEMENT ET OPÉRATIONS SPÉCIALES DE L'ANTIQUITÉ AU DÉBUT DU MOYEN ÂGE
LE RENSEIGNEMENT DURANT L'ANTIQUITÉ
L'espionnage est de tous les temps. Il est indissociable de l'art de la guerre, de la diplomatie, de la police et du
commerce. Aussi loin que l'on remonte dans l'Histoire, l'observateur perspicace découvre l'existence d'organisations secrètes au service des souverains, chargées de leur apporter des
renseignements sur les contrées qu'ils prévoient d'envahir ou de les tenir informés sur l'état d'esprit de la population et sur les complots que préparent, dans l'ombre, leurs rivaux. Les
premiers âges de l'Histoire révèlent ainsi les traces de pratiques d'espionnage et témoignent de l'existence d'organisations de renseignements.
En Égypte, les pharaons disposent d'espions chez les peuples voisins de Nubie et d'Assyrie. Thoutmosis II et Aménophis
II (XVe siècle av. J.-C.) entretiennent un puissant réseau d'informateurs et de délateurs en Égypte pour connaître les complots contre leur trône. Ramsès II (XIIIe siècle av. J.-C.) pratique
la torture contre les prisonniers de guerre dans un but de renseignement militaire. Ses ennemis hittites sont également experts dans ces pratiques d'espionnage, de tromperie et de
contre-espionnage. Ils semblent même avoir l'avantage. Mais leur maîtrise des techniques de la guerre secrète n'est pas suffisante : lors de la bataille de Kadesh (1468 avant J.-C), ils sont
vaincus par l'armée du pharaon.
L'Ancien Testament rapporte également que Moïse, avant de s'installer en Terre promise avec son peuple, envoya des
agents en reconnaissance : «Dirigez-vous de ce côté, vers le midi, et vous monterez sur la montagne. Vous verrez le pays, ce qu'il est et le peuple qui l'habite, s'il est fort ou faible, s'il
est petit ou grand en nombre...» (Livre des Nombres, XIII, 18-21).
Les Perses pratiquent aussi assidûment le renseignement sous toutes ses formes : espionnage, contre-espionnage et
déstabilisation de l'adversaire. Ils payent fréquemment une partie des tribus du camp ennemi - y compris chez les Grecs - afin qu'elles désertent le champ de bataille au moment du combat.
Signe de l'importance accordée à la connaissance des secrets adverses, l'empereur Darius (vie siècle av. J.-C.) crée un véritable « ministère du renseignement ».
Face à lui, les Grecs ne négligent nullement la recherche de l'information, même s'ils se limitent souvent, comme
Alexandre, à des reconnaissances militaires de cavalerie légère. Toutefois, c'est dans l'art des stratagèmes qu'ils excellent. Dans le Testament d'Aristote à Alexandre, il est possible de
lire ces mots : «Ô roi, ne commence pas une guerre de ton plein gré, quelles que soient ta puissance et la faiblesse de ton ennemi. Emploie les stratagèmes pour arriver à tes fins, car ils te
permettront conquête la plus paisible et la plus satisfaisante.» Ainsi, les Grecs sont à l'origine de la culture occidentale de la tromperie, composante essentielle de la guerre secrète. À
partir du XIe siècle av. J.-C, ils inventent la mètis, forme d'intelligence rusée usant de subterfuges, d'illusion et de déguisement, véritable art de manipulation de la réalité.
Auteur : Éric Denécé | Jean Deuve
Date de saisie : 28/09/2011
Genre : Histoire
Editeur : Ouest-France, Rennes, France
Collection : Poche espionnage
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