Document 2007 - L'auteur, Monique Eoche-Duval, décorée de la Croix de la Valeur Militaire - fait rarissime pour une civile et bénévole - était l'épouse du chef de la Section Administrative
Spécialisée de Champlain (devenu aujourd'hui El Omaria), situé près de Médéa. On disait la «SAS.» (prononcez : sasse). C'est en 1957 qu'elle a rejoint son époux et resta à ses côtés jusqu'en
1962. Infatigable «adjointe» du Capitaine, les Algériens l'avaient adoptée et affectueusement surnommée «Madame SAS.».
Elle raconte, avec sincérité et sans dissimulation, l'aventure de la création d'un village, Sidi Naamane. Sidi Naamane n'était pas un
village de regroupement comme les autres. Sidi Naamane était né en janvier 1959 de la volonté des hommes et des femmes du djebel Tiara, lassés de la guerre et assoiffés de justice. Ils avaient
trouvé dans la SAS, un coeur ouvert qui aime et une main tendue qui aide. Surgi de rien, Sidi Naamane deviendra, en à peine trois ans, l'un des nouveaux villages bâtis par la France le plus
exemplaire. Une réussite, peut-être pas unique, mais qui a prouvé qu'il n'était pas impossible de gagner la confiance des Algériens. Lorsque survint l'indépendance, la population s'opposa à sa
destruction, comme il advint de tant et tant de «villages de regroupement», nés de la volonté de l'armée. Mais la SAS. était-elle l'armée ? «La France est le blé... vous êtes les laboureurs ! La
France est le ciment... vous êtes les maçons», avait prononcé le capitaine Roger Eoche-Duval aux habitants en quittant Sidi Naamane, avec des accents gaulliens qui en faisait un officier plus
proche de Bugeaud ou de Lyautey que des centurions qui alignaient, comme solution, le nombre de «fells» mis hors de combat.
Ce livre, aux antipodes de la geste des centurions rebellés ou des partisans d'une cause, est beaucoup plus qu'un livre de mémoire : «Le bel
ouvrage de Madame Eoche-Duval respire la vérité, la simplicité, l'amour de l'autre», comme lui rend hommage, dans la préface, Pierre Messmer, de l'Académie française, ancien ministre des Armées,
qui visita Sidi Naamane.
Ce livre est une histoire d'amour pour Sidi Naamane : «Ce que j'ai laissé là-bas n'avait pas de prix : pas de tombe familiale, certes, mais
des morts abandonnés. Pas de maison à moi, certes, mais des maisons construites». Des maisons qui se sont agrandies, un village de tentes, puis de torchis, qui est devenu une vraie petite ville,
avec ses immeubles collectifs et son collège, comme l'auteur a pu le constater lors de son retour à Sidi Naamane, en septembre 2006.
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Les courts extraits de livres : 25/05/2007
EN GUERRE SUR LES SENTIERS DE LA PAIX
Le Pays et les Hommes
Pour extraordinaire qu'était cette rencontre sur le marché de Boufarik, elle n'était que l'aboutissement d'un long et patient travail entrepris par l'équipe de la S.A.S. Celle-ci, dérisoire par le nombre de trois - parfois quatre - personnes, était animée et soutenue par l'espoir. La mission que «nous» voulions accomplir s'était heurtée aux plus grandes difficultés : les unes tenaient au pays, les autres aux hommes ; toutes étaient aggravées par la guerre qui sévissait partout, engendrait la peur et le désespoir, ruinait la population et faisait échouer les initiatives les plus prometteuses.
La «pacification» était un enfer pavé de bonnes intentions.
Je dis «nous» car cette aventure était devenue une question de famille, une affaire de couple...
A 130 kilomètres d'Alger, nous vivions dans un autre monde : aucune route véritable ne sillonnait le pays que l'on traversait seulement d'est en ouest, laissant à l'écart des communications la quasi totalité des habitants indigènes qui vivaient dans les montagnes. «La France n'allait pas au-delà du goudron» avait dit très justement un journaliste qui avait le sens des réalités.
Avait-on construit des écoles ? Il en existait quatre, édifiées sur un territoire grand comme un arrondissement métropolitain, peuplé de plus de 25 000 personnes. Trois d'entre elles avaient été fermées aussitôt construites. Un homme sur mille s'exprimait en français : c'était ou un ancien soldat ou un ancien domestique.
La colonisation avait exploité 2 000 hectares de bonnes terres et en avait fait un vignoble. Elle avait construit un village coquet qu'on avait baptisé Champlain : il avait sa mairie, son école, sa cave coopérative, son clocher, sa salle des fêtes, son château d'eau, son maire, ses conseillers municipaux, son garde-champêtre et sa gendarmerie. C'était un village d'environ 200 habitants «Européens». Le reste de la commune était resté le douar : on ne pouvait s'y déplacer qu'à pied ou à cheval. Il fallait quatre ou cinq heures pour le parcourir. C'était un pays fait de collines qui avaient des altitudes de montagnes. On s'élevait à plus de 1 300 mètres jusqu'à une très grande et profonde coupure, véritable chaos de vallées qui descendaient vers la plaine de la Mitidja.
Pierre Messmer (Préfacier)
Broché
Paru le : 16/05/2007
Éditeur : Guibert (François-Xavier de)
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Soldats en Algérie 1954-1962 - expériences contrastées des hommes (2)
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Le colonel Jeanpierre, figure héroïque de la Légion étrangère (7)
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La guerre d'Algérie des Messalistes, 1954-1962 (9)
"La guerre moderne " du colonel Roger Trinquier (10)
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Salan, délégué général en Algérie - La fin de l'illusion(13)
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Ratonnades à Paris , Précédé de Les harkis à Paris (25)
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Commandos de chasse Gendarmerie. Algérie 1959-1962 (27)
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Ma guerre d'Algérie et la torture... lieutenant dans les DOP (30)
Guerres secrètes du FLN en France (31)
L'autre 8 mai en France. Aux origines de la guerre d'Algérie (32)
La gendarmerie dans la guerre d'Algérie ...(34)
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Les pieds-noirs et la politique - Quarante ans après le retour (37)
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Scènes de la guerre d'Algérie en France - Automne 1961(40)
La bataille de Paris le 17 octobre 1961 (41)
"Algérie, 1954-1962. Lettres, carnets et récits des français ... " (42)
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"Je vous ai compris" - De Gaulle et l'Algérie (45)
1er novembre 1954 - La révolution commence en Algérie (46)
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Jean Vaujour directeur de la Sûreté à Alger le 1er novembre 1954(48)
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Le feu couvait sous la cendre - 1er novembre 1954 (50)
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Mitterrand et la mémoire de la guerre d'Algérie (52)
"A mon inconnu que j'aime " (53)
Disparus en mission - Les oubliés de la guerre d'Algérie (54)
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