Document avril 2001 - Dans l'extraordinaire galerie de portraits des acteurs de l'épopée napoléonienne, la femme du
maréchal Lefèbvre occupe une place sans pareil, grâce au surnom que lui a donné, soixante ans après sa mort, Victorien Sardou : Madame Sans-Gêne.
Destin fabuleux que celui de Catherine Hubscher, née en 1753 au fond d'une vallée alsacienne, envoyée comme domestique à Paris, fille du peuple parvenue aux sommets
de l'Etat durant la Révolution et l'Empire. Elle adorait Napoléon, qui avait fait de son mari un maréchal et un duc, mais elle méprisait la cour, futile et méchante. Les beaux esprits moquaient
ses maladresses et son langage, colportant mille ragots désobligeants.
Mais elle faisait rire l'Empereur, qui appréciait son bon sens et son honnêteté. Refusant le rôle de courtisane ou de faire-valoir, la maréchale Lefèbvre se tenait
à l'écart, soutenant son mari aux heures difficiles, aidant ses proches dans le besoin, faisant face avec dignité aux drames répétés de la mort de ses quatorze enfants. Au-delà du pittoresque, la
vie de Madame Sans-Gêne éclaire d'un jour inédit la place des femmes dans l'univers très masculin de la société napoléonienne ; et donne, au milieu des ors éphémères, et des rêves brisés, une
belle leçon d'humanité.