Document 2007 - La France, pays de manifs et de
contestation, est passée maître dans l'art du maintien de l'ordre. Toutes les polices du monde viennent y étudier ses tactiques et ses techniques. Émeutes des banlieues 2005 et fronde anti-CPE
2006 furent deux cas d'école de cette excellence affichée et souvent justifiée. Pourtant, derrière ce savoir-faire se nichent des zones d'ombres, des guerres larvées au sommet de l'État, des
bavures. Fruit de plus d'un an d'enquête, nourri de nombreux entretiens avec les grands patrons de la police, ce livre révèle les dessous du maintien de l'ordre à la française. Depuis 1968, tout
a changé : les techniques policières, les choix stratégiques, les finalités politiques. Depuis toujours, derrière chaque coup de matraque : une consigne, un ordre, une doctrine. Aujourd'hui
comme hier, le maintien de l'ordre demeure un instrument du pouvoir aussi redoutable que méconnu. Ainsi, cette enquête est-elle également, en creux, le portrait d'un certain Nicolas Sarkozy qui,
ministre de l'Intérieur, avait justement fait des CRS le pivot de toute sa pensée policière.
David Dufresne, trente-neuf ans, est auteur de films documentaires. Longtemps reporter pour Libération, ancien rédacteur en chef de la chaîne d'info
télé, il est aujourd'hui journaliste indépendant.
Ce livre est le prolongement de son documentaire «Quand la France s'embrase» coréalisé avec Christophe Bouquet et diffusé
sur France 2.
Extrait du livre :
L'héritage. Les grandes heures du CPE
Où les mouvements de rue s'inscrivent dans une certaine tradition... Où la Sorbonne joue les symboles de génération en
génération... Où les souvenirs de Claude Guéant, le fidèle de Nicolas Sarkozy, butent sur un «pépin majeur»... Où une manifestation de marins-pêcheurs en 1994 révolutionne l'équipement des CRS...
Où, face au poids dupasse, certains inventent et réinventent la protestation... Où comment la crise du CPE résume à elle seule quarante ans d'ordre et de désordre en France.
C'est une des opérations du maintien de l'ordre les plus délicates à mener : procéder à l'évacuation d'un lieu clos. Une
opération qui répond à des règles, des techniques, des procédures. Et encore, ces règles sont mouvantes, au gré de l'émotion suscitée par telle ou telle occupation : on n'évacue pas l'église
Saint-Bernard (1996) comme une usine ; ni une usine comme un squatt ; ni le château de Versailles occupé par des mouvements de chômeurs (1998) comme un supermarché occupé par ces mêmes chômeurs
lors d'opérations «Caddie gratuit», très prisées dans les années 1990. En ce mois de mars 2006, la Sorbonne est occupée. Personne depuis 1968 n'avait dormi en son sein. C'est le symbole des
symboles, au cœur de Paris. L'histoire de son évacuation n'est rien d'autre qu'un condensé parfait de l'histoire de la contestation en France. Où ordre et politique, désordre et communication
sont totalement imbriqués. Le 8 mars 2006, en fin de journée, une cinquantaine de jeunes pénètrent dans l'établissement, tout à fait simplement, une carte d'étudiant à la main. Ils ont décidé d'y
passer la nuit. À discuter, à refaire le monde sinon le mouvement social naissant contre la loi d'égalité des chances, proposée par le gouvernement Villepin en réponse aux émeutes de banlieue.
«Une fois qu'on avait pris la Sorbonne, une fois que la Sorbonne était à nous, on avait tout gagné», résume Delphine Bouënel, l'étudiante qui déposera auprès de la préfecture le trajet de la
manifestation des Invalides. Qui contrôle la Sorbonne croit contrôler le mouvement. Dans ses appartements, aux étages supérieurs de l'édifice, le recteur de l'Académie de Paris, Maurice Quenet,
assiste impuissant à la scène. Il comprend immédiatement l'enjeu de la prise de la Sorbonne : «C'est le lieu parisien par excellence. D'abord parce que c'est un nom qui est connu dans la France
entière, dans le monde entier, et puis, bien sûr, parce qu'il y a eu Mai 68 et les images de l'occupation de la Sorbonne. Plus personne ne se souvient exactement de ce qui a pu se passer à Lyon,
par exemple. Ou des événements très violents de Nantes, en 1968... Mais, là, à la Sorbonne, il y a les images. Qui repassent régulièrement.
Éditeur Hachette Litterature
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