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http://www.cinezik.org/cinema/realisateur/images-real/rappeneau-bonvoyage.jpg La plupart des films de Jean-Paul Rappeneau trempent dans l'Histoire. Bon voyage n'échappe pas à  cette règle inaugurée avec La Vie de château , Les Mariés de l'an II ou Cyrano . Pour Historia , le cinéaste explique les origines de sa nouvelle comédie.


Historia - Sur combien de jours se déroule l'action de Bon voyage ?


Jean-Paul Rappeneau - L'intrigue est ramassée autour des 15 et 16 juin 1940, et surtout le 16, longue et cruciale journée qui se termine par la démission de Paul Reynaud.


H. - Qu'est-ce qui vous a intéressé dans cet intermède bordelais ?


J.-P. R. - Il n'y a de bonne intrigue que si elle s'inscrit dans l'Histoire. Quand l'Histoire s'accélère, les petites histoires de chacun en sont bouleversées. Ces jours-là , des gens de milieux complètement différents s'entremélaient. C'est l'ensemble de ces destins croisés qui fait le film.


H. - Est-ce que Bon voyage renvoie aussi à  des souvenirs plus personnels ?


J.-P. R. - Je suis un enfant de la défaite. J'avais 8 ans quand ma mère nous a réveillés pour nous emmener dans un village d'Auvergne, mon père étant au front. En 1914, il avait devancé l'appel et il était revenu couvert de décorations. En 1940, pour moi, il était évident que cette guerre serait gagnée haut la main par mon père : la défaite était impensable pour le petit garçon que j'étais. J'ai retrouvé récemment des lettres que ma mère envoyait à  mon père : " Jean-Paul est toujours dans ses idées noires ", écrivait-elle. Je préférais rester à  la maison plutôt que d'aller voir avec les autres enfants les parades allemandes. J'ai été touché que la comédienne Edith Scob vienne me dire à  la fin du tournage : " J'ai senti que tout comptait pour vous, Dans ce film, on est chez vous. "


H. - Quelles ont été vos sources ?


J.-P. R. - J'ai lu tout ce qui concerne cette période mais curieusement ce qui s'est passé à  Bordeaux est peu raconté. On en trouve des échos dans Journal d'une défaite , du colonel Paul de Villelume. Avec Patrick Modiano, on est parti en roue libre. Certains rôles principaux, Depardieu qui incarne un homme politique prêt à  tous les retournements ou Adjani qui joue une actrice, ont été inspirés par plusieurs personnages de l'époque. Ce sont des compositions.


H. - Que vous a apporté Patrick Modiano ?


J.-P. R. - J'estime que c'est l'un des plus grands romanciers vivants : je suis un admirateur total de son œuvre. Je ne le connaissais pas et je lui avais écrit plusieurs fois pour travailler avec lui. Il me répondait qu'il était trop occupé et que l'univers du cinéma lui semblait trop éloigné, alors qu'il le connaît parfaitement. Jusqu'au jour où nous nous sommes rencontrés chez des amis et où je lui ai parlé de Bordeaux. Il a été accroché. Et nous avons bouclé l'intrigue en trois semaines dans des éclats de rire...


H. - Pourquoi avez-vous fait une comédie ?


J.-P. R. - Parce que c'est ma nature profonde. Ainsi La Vie de château , que j'ai écrit avec Alain Cavalier, était au départ un film sur la Résistance. Petit à  petit, l'aspect comique des situations vécues s'est imposé. Dans Bon voyage , la futilité mondaine, la vanité de ces privilégiés dans une France qui s'effondre, peut prêter à  rire, ou à  pleurer. C'est un monde à  part qui se retrouve pour quelques jours, un monde qui a peu changé depuis que Saint-Simon l'a dépeint à  Versailles. Par ailleurs, la comédie sied au rythme de ces journées : c'est comme un manège qui s'emballe.


H. - Qu'est-ce qui se joue à  Bordeaux ?


J.-P. R. - La question de fond est la suivante : est-ce qu'on reste ? Est-ce qu'on part ? Elle partage les deux France, profondément. Vichy ou Londres, Pétain ou de Gaulle : à  l'occasion d'un procès récent, on a bien vu qu'on était encore dans cette histoire-là .


Par François Quenin (Propos recueillis par)



Historia a vu le film "Bon voyage"

Le point de vue du réalisateur : Je suis un enfant de la défaite

01/05/2003

http://www.historia.fr/content/recherche/article?id=6570




http://www.institut-francais.fr/IMG/jpg/jean-paul_rappeneau2.jpgBiographie de Jean-Paul Rappeneau -

Né le 8 avril 1932 à Auxerre, Yonne (France)


Débute au cinéma comme assistant. Il collabore notamment à des courts métrages d'Edouard Molinaro. Puis il s'essaie au scénario. En 1958, il travaille sur une adaptation des Trois Mousquetairespour Jacques Becker, mais le projet s'arrête avec le décès du réalisateur. En 1959, il co-écrit le scénario de Signé Arsène Lupin d'Yves Robert. Son talent se confirme dans ses collaborations avec Louis Malle : Zazie dans le metro, d'après Raymond Queneau, en 1960 et Vie privee en 1961. En 1964, il co-signe le scénario de L' Homme de Rio de Philippe de Broca. Les trépidantes tribulations de Jean-Paul Belmondo rencontrent un énorme succès.


Après avoir écrit pour les autres, Jean-Paul Rappeneau se consacre à son premier film en tant que réalisateur et scénariste. La Vie de chateau remporte le prix Louis-Delluc en 1966. Malgré un succès public et critique, Rappeneau s'absente des écrans pendant cinq ans. En 1971, il revient avec Les Maries de l'an II, incarnés par Jean-Paul Belmondo et Marlène Jobert. En 1973, il retrouve le tandem De Broca/Belmondo pour Le Magnifique, dont il est une nouvelle fois le co-scénariste.


A partir de 1975, Jean-Paul Rappeneau met ses talents de scénariste au service de ses réalisations seulement. Auteur complet, il écrit et met en scène les aventures rocambolesques du Sauvage, incarné par Yves Montand. Le film est un succès, public et critique. Perfectionniste, le cinéaste prépare longuement ses projets, ce qui explique les longs moments d'absence qui jalonnent sa carrière. Voilà pourquoi Jean-Paul Rappeneau attend six ans avant de sortir Tout feu tout flamme (1981). Il y retrouve Yves Montand, cette fois en compagnie d' Isabelle Adjani. Le film est encore plébiscité par les spectateurs.


Long silence à nouveau, puis en 1990, Jean-Paul Rappeneau crée l'évènement avec Cyrano de Bergerac. La critique salue son adaptation de la pièce d'Edmond Rostand. Gérard Depardieu excelle en Cyrano. Fort de ce succès, Rappeneau décide de porter à l'écran Le Hussard sur le toit de Jean Giono, roman célèbre et réputé difficile à adapter.


En 2003 sort Bon voyage. Le film bénéficie d'un scénario original et d'un casting prestigieux. Il marque les retrouvailles de Jean-Paul Rappeneau, Gérard Depardieu et Isabelle Adjani...

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