Document 2010 - COLLECTION MÉMOIRES/CULTURE - Dirigée par Yvan Gastaut et
Stéphane Mourlane
L'histoire abordée sous l'angle des pratiques et des objets culturels.
Qu'ont en commun Richard Coeur de Lion, Du Guesclin et Lancelot, Don Quichotte ou Ivanhoé ? Défenseurs de belles et justes causes, ces chevaliers réels ou romanesques tournoient sans merci,
s'affrontant en joutes et défis armés caractéristiques de la société féodale. C'est l'histoire de ce sport chevaleresque, si vivant dans notre patrimoine culturel, que Sébastien Nadot nous conte
avec enthousiasme.
Dès la seconde moitié du XIe siècle, dans toute l'Europe, les guerriers s'adonnent aux tournois dont les chevaliers sont particulièrement friands. Mais ces combats, dangereux et violents, ne plaisent pas à tous. Apparaît alors un nouveau jeu, en duel et mieux réglé : les joutes, combats singuliers où rompre les lances permet aux champions de remporter la gloire... et aussi quelque argent. Imitant les légendaires chevaliers de la Table ronde, les jouteurs s'amusent dans des compétitions de plus en plus spectaculaires. En tribunes, les dames tombent en pâmoison tandis que le public encourage, prend parti, rit et laisse fuser les quolibets. À la fin du Moyen Âge, Bayard, le Chevalier sans peur et sans reproche, incarne la perfection dans les lices comme à la guerre. Fervents jouteurs, François Ier, Charles Quint et Henri VIII Tudor ne conçoivent pas une fête ou une rencontre diplomatique sans quelques jolis coups de lances.
Avec les évolutions militaires, la chevalerie disparaît et avec elle la pratique des joutes. Mais ses héros restent vivants
à travers la littérature avant de poursuivre leur existence aujourd'hui à travers la bande-dessinée, le cinéma ou les jeux sur Internet...
Sébastien Nadot, docteur en
histoire médiévale, diplômé de l'EHESS et agrégé d'éducation physique et sportive, est actuellement professeur dans un établissement scolaire niçois.
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Les courts extraits de livres : 05/10/2010
Extrait de l'introduction - Le 30 juin 1559, à proximité de l'actuelle place des Vosges, à Paris, le roi de France Henri II est frappé mortellement d'un coup de lance à l'oeil lors d'une joute amicale contre Gabriel de Montgomery. Trois siècles plus tard, Alexandre Dumas rapporte l'accident dans Le Page du duc de Savoie pour conclure : «Henri II est mort en véritable roi de France.» Même si le célèbre romancier est davantage connu pour ses mousquetaires de cape et d'épée que pour son goût des joutes, sa réflexion interpelle. Un roi avait-il vraiment sa place dans une joute, activité physique risquée ? Observer l'évolution de l'organisation de la société médiévale, dont les chevaliers constituent un rouage essentiel, donne en grande partie la réponse.
Autour de l'an mil, la plupart des sociétés européennes connaît une organisation de type féodal. Le pouvoir souverain appartient à des seigneurs qui dirigent chacun une région et sa population. Ils se substituent localement au roi et exercent les mêmes droits que lui dans leurs seigneuries. L'ensemble des familles dont l'un des membres occupe cette position dominante peut être considéré comme la noblesse. Qu'ils soient châtelains, comtes, ducs ou princes, les suzerains sont les maîtres des sujets - également dénommés vassaux - qui vivent sur leurs terres. Souvent propriétaires d'un château et détenteurs de pouvoirs de commandement, les suzerains concèdent un fief ou une rente à leurs vassaux pour leur permettre de vivre de leur travail. Les seigneurs doivent également assurer la protection de leurs sujets et font appel pour cela à des professionnels de la guerre, généralement équipés d'un cheval et d'armes, qui reçoivent des terres ou une rétribution en échange de leurs services militaires. Comme le roi ne dispose pas de troupes régulières, les cavaliers en armes jouent un rôle essentiel puisqu'ils disposent notamment du droit à exercer la force pour stabiliser le pouvoir des seigneurs locaux.
Au XIIe siècle, la «société chevaleresque», principalement caractérisée par le port des armes à cheval et le service d'un maître, forme déjà une aristocratie qui, tout en restant en dessous des familles nobles dans l'échelle sociale, se renforce significativement. À peine un siècle plus tard, la chevalerie apparaît dans l'ensemble de l'Occident comme un corps bien délimité qui prend place au centre de l'édifice social, lequel peut être décomposé par commodité en trois groupes : ceux qui prient, ceux qui travaillent, ceux qui combattent. Ce dernier groupe, du simple écuyer désargenté aux plus grands princes et rois, est très hétérogène du point de vue social : la noblesse est essentiellement une affaire de naissance et de parenté ; la chevalerie est une activité militaire et judiciaire. Noblesse et chevalerie ne sont pas pour autant deux groupes opposés. Leurs membres ont en commun la volonté de réussite sociale. Pour les plus nobles, il ne faut pas déchoir. Pour les autres, il faut gagner en noblesse. À partir du XIIIe siècle, briller dans la société chevaleresque le permet.
Auteur : Sébastien Nadot
Date de saisie : 05/10/2010
Genre : Histoire
Éditeur : Autrement, Paris, France
Collection : Mémoires. Culture
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