La présentation par l’éditeur :Hors des sentiers battus, Philippe Peyrouton Laffon de Ladebat nous fait revivre, à travers ce récit historique, le drame de ces oubliés de l’Histoire : les déportés politiques en Guyane. Exilés par le Directoire, pour délit d’opinion, loin de leur patrie et de leurs attaches, ils vont affronter les cruautés des hommes et les violences de la nature. Que de vies gâchées par cette « guillotine sèche » ! Que d’espérances envolées ! C’est tout un drame humain qui se trouve ici relaté, dans un style émouvant et personnel par un des descendants de ces « déportés de fructidor ».
La présentation par l’auteur : On a beaucoup écrit sur les massacres révolutionnaires, les exterminations vendéennes et la guillotine sanglante érigée en reality show sur les places des grandes villes de France. Les déportations en Guyane, qualifiées de « guillotine sèche », organisées par le Directoire après son coup d’État du 18 fructidor an V sont, elles, tombées discrètement dans l’oubli. Ce livre nous transporte en 1797 dans le Paris du Directoire, nous fait vivre le coup d’État de fructidor puis nous entraîne en Guyane avec les seize pionniers de cette « guillotine sèche ». La moitié d’entre eux n’en reviendront jamais.
Le sommaire :
Il était une
fois la Révolution
Une journée
particulière
Chronique
d’une mort annoncée
La France
équinoctiale
Sueurs
froides
Retours vers
le futur
Un extrait :
…VEILLÉE D’ARMES AU LUXEMBOURG
Le 17 fructidor à cinq heures du soir Barras reçoit au Luxembourg Talleyrand et Benjamin Constant qui tous les deux le pressent d’agir car prétendaient-ils « La province et, en particulier la Vendée et le Midi allaient se soulever pour soutenir les Conseils et mettre en accusation les triumvirs » ; Barras n’est pas dupe de ces inventions mais il les écoute et les retient pour convaincre Reubell et La Revellière-Lépeaux, encore flottants. Quand il prend congé de ses deux visiteurs il a un court entretien avec Sotin, ministre de la Police, pour s’assurer que toutes les mesures seront prises de concert avec l’armée pour les transferts et l’emprisonnement des proscrits.
Maintenant le soleil couchant pénètre à l’horizontale dans la grande salle de réception des appartements privés de Barras où il a coutume d’organiser ses fêtes et ses bals. Il traverse lentement la salle de réception composée d’un salon et d’une grande galerie. Aux murs il regarde les tableaux qu’il a choisis lui-même : l’« Homme jouant de la guitare » de Raoux, un paysage de « Vallons et forêt » de Locatelli, les « Enfants à l’école » de Rubens, un « Calme » de Vernet. On n’est plus au printemps des révolutions et ce soir tout lui paraissait particulièrement calme alors qu’il sentait monter en lui l’excitation des veilles de grandes batailles. Demain soir pensa-t-il si tout se passe comme prévu nous fêterons ici notre victoire.
La nuit était tombée quand ses deux compères Revellière et Reubell arrivèrent pour régler avec lui les derniers détails de l’opération à l’insu des deux autres Directeurs. On s’assura du déroulement prévu : la fermeture des barrières aux portes de Paris, la mise en place des troupes d’Augereau autour des Tuileries, sur les ponts et les quais y menant et dans la rue Saint Honoré, le coup de canon tiré du Pont-Neuf qui devait donner le signal du début des opérations à deux heures du matin. On envahirait alors les Tuileries pour investir les lieux de réunion des Conseils au Manège et à la salle des Machines ; il faudrait alors maîtriser les grenadiers de la garde des Conseils en s’assurant de leur chef Ramel, on arrêterait ensuite les députés suspects à leur arrivée et on irait se saisir des autres à leurs domiciles. Il fut décidé qu’on les incarcérerait aussitôt à la prison du Temple. On souleva la question du sort des deux autres Directeurs résidant au Luxembourg, Carnot et Barthélemy, soupçonnés de connivences avec les « clichyens » et qu’il faudrait bien aussi arrêter ; on convint que le mieux serait de faciliter leur fuite pour ne pas être obligés de prendre à l’égard de leurs pairs des mesures trop rigoureuses qui nuiraient à l’image du Directoire.
Que faire des prétendus conspirateurs ? Il ne restait plus qu’à décider du sort qu’on réserverait ensuite aux députés qu’on prévoit d’abord d’incarcérer à la prison du Temple. La décision était d’importance : les triumvirs savaient par expérience que la Révolution était riche en retournements où les bourreaux de la veille deviennent les victimes des lendemains. Il fallait craindre plus que tout ces retours de bâtons voire de couperets, et s’en tenir à la formule de Barras selon lequel « Seuls les morts ne reviennent jamais. » …
L’auteur : Après la fac de sciences économiques et un master développement des organisations, Philippe de Ladebat a conduit des missions de consultant en communication d’entreprise et en développement des ressources humaines au sein de grands cabinets de conseil. Directeur de l’emploi et de la formation dans un grand groupe bancaire jusqu’à ces dernières années, il se consacre aujourd’hui à des recherches biographiques et à des publications dans des revues et sur le web. Passionné depuis toujours par l’histoire de France, son intérêt se porte aujourd’hui sur les à-côtés ou les coulisses de l’histoire officielle de la Révolution de 1789, mais aussi sur la guerre sur mer au XVIIIe siècle. Son attirance pour la mer et les bateaux le conduit plutôt en Bretagne sud, malgré ses origines bordelaises.
Philippe de Ladebat est aussi auteur sur www.histoire-genealogie.com
Un avis : L’ouvrage de Philippe de Ladebat permet de revisiter le Directoire, une période de l’Histoire mal aimée, peu étudiée mais aussi mal jugée. L’auteur, qui a une excellente connaissance de la période et de la discipline historique, a le souci majeur de situer les personnages dans leur contexte historique et topographique, notamment en s’appuyant sur les documents de l’époque et les mémoires des déportés (lisez son récit du transport des prisonniers de Paris à Rochefort : deux semaines sur les routes d’Ancien Régime). On suit ainsi dans le détail toute la trame des épisodes, de l’arrestation à la déchéance et la déportation des protagonistes. Ce livre, à l’écriture remarquable, se lit comme un passionnant récit historique... A noter que l’auteur a aussi le sens de la formule audacieuse (« On dirait aujourd’hui qu’avec le Directoire, la Révolution a joué les prolongations avant les tirs au but victorieux de Bonaparte. ») et parfois filmographique (« Pour un producteur hollywoodien, la Révolution pourrait débuter en comédie de mœurs à Versailles façon Sofia Coppola, se poursuivre en thriller avec ses serial killers à la Bastille et aux Tuileries, pour se terminer en comédie musicale façon Vicente Minnelli au Palais Royal et au Luxembours. Si l’on ajoute l’Hôtel de ville, la Conciergerie et bien sûr toutes les places où fut érigée la guillotine, on a les principaux décors du tournage d’un film sur le Paris révolutionnaire. »).
Caractéristiques :
Édité par les Editions Amalthée
420 pages - 15 x 21 cm - 22.00 € (Isbn 978-2-35027-894-0)
En vente :
Acheter l’ouvrage sur le site d’Alapage.com, chez votre libraire habituel ou sur le site de l’éditeur : Editions Amalthée.
Liens récents utiles sur le blog
Journal de déportation en Guyane de André-Daniel Laffon de Ladebat
30 cartes postales - Départ des Forçats vers les bagnes coloniaux
Henri Rochefort : Déportation et évasion d'un polémiste
Au Pays des Bagnards - Impressions Guyanaises - 1910
A l’Ile de Ré, l’histoire du bagne est gravée dans la mémoire des murs
Aumônerie de la Commune et du Bagne (1872-1885)
Les épidémies aux bagnes de Guyane
Aux bagnes de guyane - forçats et médecins (dessins et témoignages)
Mise en ligne des instruments de recherche sur les bagnes – anom
Un recueil des cartes postales de l'époque du bagne colonial
Anom - information sur les mises en ligne liées au bagne
Bagne - guyane, nouvelle-calédonie 1854-1952