Les éditions Jacques Flament ont notamment pour spécificité de publier des ouvrages rares du domaine public dignes d'être réédités. Parmi ceux-ci, il y en a un, que j'ai eu l'honneur de préfacer : Six cents prêtres martyrs des îles de la Charente, de Gabriel Aubray, réédition d'un ouvrage paru en 1912, retraçant le calvaire des prêtres réfractaires sous la Révolution. Alors dans la tourmente qui a suivi la loi de séparation, Gabriel Aubray se penche sur ces martyrs oubliés :
"Comment se fait-il que pendant plus d'un siècle l'Eglise de France a négligé les restes et la mémoire de tels héros, qui devaient être sa gloire, dont elle pouvait faire des saints et des martyrs ? [...] Mais qui sait encore si les malheurs de l'Eglise de France n'ont pas pour une de leurs causes qu'elle s'est laissée gagner à cet oubli systématique, et qu'en laissant s'effacer le souvenir de tels héros du sacerdoce [...], elle a gravement péché contre les morts et contre elle-même..."
Héros du sacerdoce ? Le terme n'est pas trop fort :
"près de trois cent enterrés à l'île Madame, plus de deux cents à l'île d'Aix, quarante à Brouage, près de cent ça et là perdus dans les vases de l'estuaire, voilà bien pour s'en tenir à la persécution exclusivement sacerdotale de 1794 et aux déportés des pontons, un reliquaire national incomparable [...] Ce reliquaire pourtant, auquel presque toute la France a fourni, est de presque toute la France ignoré ; et bien peu connaissent en ses détails l'histoire de cette épouvantable mais héroïque hécatombe".
Une ignorance réparée par la réédition salutaire de cet ouvrage.
Posté le 6 février 2011 à 10h31 par Michel Janva | Catégorie(s): Histoire du christianisme