Une jeune fille passe son bac à la veille du 18 juin 1940 et décide d’aller
rejoindre de Gaulle à Londres. La voici engagée à dix-neuf ans dans le Corps féminin des Forces françaises libres. Cinq années de guerre, dont quatre sous le Blitz. Années pendant lesquelles elle
tient scrupuleusement son journal intime – ici publié tel qu’il a été écrit, sous la seule dictée de l’instant.
Autour d’elle, des hommes et des femmes s’aperçoivent que « résister » ne va jamais de soi. Elle-même observe, découvre le
monde des adultes. Elle fait face avec les moyens de son âge, mais surtout avec la force de son caractère – et celle de son regard. Car d’emblée, elle a pris le parti le plus exigeant : celui de
la lucidité. Naïve parfois, impudique par souci de ne pas tricher, clairvoyante surtout, Tereska Torrès livre la chronique d’un moment-clé de l’aventure de ce siècle.
Un classique parmi les témoignages sur la dernière guerre.
Un document exceptionnel marqué par la franchise de la jeune Tereska, qui découvre tout ensemble l’amour, son corps, la guerre et les enjeux de ce que l’on appelle l’Histoire.
Juillet 1944
Journal de Tereska Torrès, à Londres
- "Tu commences la vie en pleine guerre, mon bébé (4), tes
parents sont des soldats (…). Tes parents n’ont ni argent, ni maison, ils sont en exil, et toi, tu es leur espoir, tu es ce monde futur dont ils rêvent et pour lequel ton père demain partira se
battre sur le front de France (…).
Pendant que nous bavardons ensemble, les sirènes hurlent. Il y a encore une alerte. Des bombes que l’on vient d’inventer, des espèces d’avions sans pilotes, éclatent de tous côtés, le soir vient, et le black-out avec lui ; dans le métro, des milliers d’hommes, de femmes, d’enfants, de vieillards, dorment dans la poussière et la saleté, étendus sur le pavé, pâles et effrayés (…).
C’est la guerre. Chaque seconde, des hommes meurent. La Normandie est ravagée. En Europe, les enfants n’ont rien à manger. Pour toi, la guerre ça ne sera plus qu’une histoire que tu apprendras en
classe et qui t’ennuiera peut-être, alors souviens-toi que cette guerre, tu y as pris part, que tu existais déjà au moment du fameux second front et qu’en ce moment le plus grand sacrifice que je
puisse te faire, c’est que je ne pars pas en France avec ton papa (5), pour que rien ne t’arrive, mon enfant chéri."