Document avril 2011 - Jean Rossignol est l'un des destins les plus curieux de la Révolution française.
Authentique fils du peuple, militaire autodidacte, sans-culotte du faubourg Saint-Antoine, il devient l'un des généraux les plus célèbres de l'an II, le "fils de la patrie". Sa carrière révolutionnaire commence le 14 juillet 1789, quand il participe, en voisin, à la prise de la Bastille, dont il est l'un des "vainqueurs". Auréolé de ce prestige, il combat ensuite en Vendée, avant de prendre la tête de l'armée républicaine de l'Ouest.
Son courage, sa proximité avec les soldats, sa réputation de meneur d'hommes lui valent les honneurs de la Convention : Rossignol est un exemple pour les manuels scolaires comme pour les gravures populaires. Cependant, la politique le perd. Proche des chefs hébertistes, il devient le bouc émissaire des rivalités de la Convention. Au printemps 1794, il est destitué. Après la chute de Robespierre, il est arrêté et passe plus d'une année en prison.
C'est là qu'il écrit ses Mémoires: il est l'un des rares témoins du peuple à avoir pu et su consigner le récit de sa vie, une existence riche d'événements, de rencontres, de campagnes, d'actions politiques et d'actes militaires. Ce texte, simple, précis, vivant, raconte une vie édifiante, mais il est également l'un des plus sensibles récits de la Révolution par elle-même. Rossignol aide encore Gracchus Babeuf, le premier des communistes.
Mais une fois Bonaparte au pouvoir, il est banni, considéré comme un rival potentiel sur la gauche du Premier consul. Déporté, le général Rossignol meurt en 1802 au large de Madagascar, victime d'une épidémie.