Pourquoi donner la parole à un mari violent ? Quel crédit apporter à son témoignage ? Et comment cet homme peut-il avoir l’indécence de raconter les dix années de sa vie au cours desquelles il a frappé, humilié la femme qu’il disait aimer ?
Frédéric Matwies s’est posé mille fois ces questions. Jusqu’au jour où Sabrina, celle qu’il a tant martyrisée, lui a donné son accord – mieux, son aide – pour qu’il témoigne de ce qu’ils appellent « leur cauchemar ». Il revient sur les coups donnés, la honte, les promesses non tenues, « le monstre » qui était en lui et qui revenait sans cesse, « le coup de trop qui l’enverra devant un tribunal, mais aussi son enfance, les services sociaux, puis sa rédemption par des thérapies. Il raconte enfin son autre combat, celui qu’il mène encore quotidiennement, pour « réparer Sabrina ».
Il est aujourd’hui « un autre » homme, « soigné ». Et la justice, fait exceptionnel, lui en a donné la plus belle preuve : il y a sept ans, elle lui a accordé la garde de leurs deux filles, aujourd’hui âgées de 12 et 13 ans.
Frédéric Matwies, 41 ans, vit en région parisienne. Dessinateur industriel, il a été un « mari violent » pendant dix ans. Depuis 2002, il est séparé de Sabrina et a entrepris une thérapie. En 2004, il a obtenu la garde de leurs deux filles. Chaque dimanche, ils passent tous les trois la journée avec Sabrina, qui a eu un troisième enfant, un garçon de 3 ans.