15/07/2013 - 1802, château de Malmaison. Passionné d'ésotérisme, le Premier consul Bonaparte est intrigué par une bague que l'un de ses officiers a rapportée des îles Ioniennes. Cet anneau, que l'on pense avoir été façonné par les Templiers, est gravé du mot «Thira» et représente un tombeau ouvert. Son ministre de la Police, Fouché, l'ayant informé qu'une mystérieuse confrérie de francs-maçons rassemble à Paris des informations sur Thira (l'actuel Santorin), Napoléon organise une expédition sur l'île, alors aux mains des Ottomans, afin d'élucider ce mystère.
C'est Ethan Gage qui prend la tête de la petite troupe, composée du zoologue Cuvier, du géologue anglais William Smith et de l'inventeur Robert Fulton. Bientôt, dans la crypte d'une des églises de Santorin, ceux-ci vont être confrontés à une étonnante énigme qui va les mettre sur la piste de l'un des nombreux secrets des Templiers.
Du Paris consulaire aux sables de Tripoli, en passant par Venise et les îles grecques, William Dietrich nous convie à un voyage passionnant où, une fois encore, ésotérisme, histoire et suspense se conjuguent à merveille.
«Un livre remarquable !» The Washington Post
William Dietrich, prix Pulitzer, est journaliste, historien et professeur. Après Les Pyramides de Napoléon, Hiéroglyphes et La Piste des Templiers, traduits dans plus de vingt-quatre langues, L'Ombre des Templiers est son quatrième roman publié au cherche midi.
- Les courts extraits de livres : 15/07/2013
Après avoir coincé trois scientifiques dans un incendie que j'avais déclenché, les avoir impliqués dans une affaire de vol de charrette qui conduisit à notre arrestation par la police secrète française, puis les avoir embarqués dans une mission mystique pour Bonaparte, ils se mirent à douter de mon discernement
Pour ma défense, permettez-moi de dire qu'ils étaient au moins aussi responsables que moi de cette nuit tumultueuse. Après tout, les touristes ne viennent-ils pas à Paris pour s'encanailler ?
Je ne fus donc pas surpris quand mes trois savants - William «Strata» Smith, le chasseur de cailloux anglais; Georges Cuvier, le zoologue français; et Robert Fulton, l'inventeur fou américain - insistèrent pour que je les emmène au Palais-Royal. Malgré leur statut d'éminents scientifiques, après une journée à observer des fossiles ou, dans le cas de Fulton, à tenter de vendre des inventions farfelues à la marine française, ces hommes n'avaient qu'une chose en tête : faire la tournée des bordels les plus réputés de la capitale.
Sans oublier les autres attractions qu'offre le palais : les cafés à la mode, les jeux de hasard et les magasins de souvenirs proposant parfums français, cure-dents en argent, soies chinoises, brochures érotiques, bijoux égyptiens et objets en ivoire aux formes évocatrices. Qui peut résister à tant de débauche et de sensualité ? Certainement pas mes trois savants, qui se figuraient en plus que, en cas de problème, l'homme à la fois discret et éhonté que j'étais ferait un bouc émissaire idéal.
«M. Ethan Gage a insisté pour nous faire la visite», expliqua ainsi Cuvier en rougissant lorsqu'il croisa une connaissance.
C'était un homme d'une intelligence rare, qui restait fier de ses origines modestes malgré la brillante renommée qu'il avait acquise en tant que scientifique. Depuis la Révolution française, il ne suffisait plus d'être bien né pour devenir un grand de ce monde, et les mondanités épuisantes jadis réservées à la noblesse avaient été remplacées par la curiosité et le labeur de ceux qui visaient l'excellence. Cuvier était fils de soldat, Smith d'agriculteur, et Fulton ne se souvenait pas de son père, un fermier ruiné qui était mort quand il avait 3 ans. Bonaparte lui-même n'était pas français, mais corse, et ses généraux étaient pour la plupart des descendants d'artisans : Ney était ainsi le fils d'un tonnelier, Murât d'un aubergiste, Lannes d'un petit commerçant. Et moi, en tant que fils d'un marchand de Philadelphie, je me sentais tout à fait à ma place.
«Nous sommes en mission officielle pour enquêter sur les sources de revenus du palais et sonder l'opinion publique, ajoutai-je pour venir en aide à Cuvier. Napoléon a l'intention de mettre en place un nouvel impôt.»
Après mon récent périple calamiteux en Amérique, j'avais pris la décision de changer radicalement. Aussi aurais-je dû en vouloir à Cuvier de me faire passer pour un fin connaisseur du palais. Mais c'était un fait, pendant les années que j'avais passées à Paris, j'en avais exploré les moindres recoins - par simple curiosité esthétique et sociale, il va sans dire. Aujourd'hui, en juin 1802, le Palais-Royal reste l'endroit où le Tout-Paris vient se montrer ou, pour ceux dont les intentions seraient peu louables, assouvir des fantasmes en toute discrétion.