- Le choix des libraires : Choix de Jaqueline Crépet de la librairie LES GENÊTS D'OR à AVIGNON, France - 11/12/2013
Jaqueline Crépet recommande ce livre au micro d'Augustin Trapenard, dans Le Carnet du libraire, sur France Culture, en partenariat avec Lechoixdeslibraires.com
- Les présentations des éditeurs : 11/12/2013
Sans ses amies, l'orpheline Gabrielle ne serait pas devenue Coco Chanel.
Elles ont échangé leurs amants, leurs robes et leurs bijoux, leur science du glamour et leur goût.
Elle les aimait et les détestait. Elles le lui rendaient bien.
De cette Cendrillon, elles ont fait une reine.
Des archives inédites révèlent une Chanel terriblement vivante dans un monde en ébullition. C'est Sex and the City avec un siècle d'avance.
De la rue Cambon à la villa de Roquebrune, du Ritz au Palace Hôtel de Lausanne en passant par New York, l'auteur ouvre des portes secrètes. Le premier portrait humain de Gabrielle Chanel.
Marie-Dominique Lelièvre. D'une plume d'écrivain, débusquant avec une sensibilité incisive l'intimité de brûlantes icônes nationales, elle construit ses biographies comme de véritables enquêtes à suspense. Révélant pour chacun de ses personnages les arcanes de l'élaboration d'un mythe, elle brosse en même temps le portrait décapant d'une époque et réussit à intéresser le plus grand nombre, néophytes ou pas.
Chacun de ses livres, foisonnant d'émotions et de découvertes inédites, parfois dérangeantes, est un événement. D'abord reporter au Matin de Paris, Marie-Dominique Lelièvre est devenue grand reporter à L'Événement du jeudi, avant de signer au Nouvel Observateur, à L'Express, Marianne, Vogue ou Citizen K. Elle collabore aujourd'hui à la page "Portrait" de Libération et à la revue XXI.
- La revue de presse Delphine Peras - L'Express, octobre 2013
Après Serge Gainsbourg, Françoise Sagan, Yves Saint Laurent et Brigitte Bardot, la journaliste Marie-Dominique Lelièvre s'est penchée sur le cas de Gabrielle Chanel (1883-1971), en suivant la même méthode : une enquête fouillée, nourrie de témoignages nouveaux, de correspondances et d'archives inédites, qui fait revivre les amitiés féminines de son illustre modèle...
Chanel & Co est servi par une plume subtile et se lit comme un roman.
- Les courts extraits de livres : 11/12/2013
- Sur la route, une note très douce, comme un bruissement de feuillage. Le chant frais du torrent qui se déverse sur le clavier du lavoir. La bande-son d'Aubaine, une musique aquatique dévalant de la montagne dans un parfum de menthe sauvage. Bravant la bruine, soeur Christophora se dirige vers le monastère à grandes foulées. Un bloc de crépuscule se dissout sur les prairies. Dans le ravin encaissé, le soleil est bref. C'est un village à l'écart dans une vallée lointaine de Corrèze. Les rues sont désertes, animées seulement par le murmure de l'eau qui sourd de partout. Tout à l'heure, une voiture s'est garée sur la place. Une famille a poussé la porte de l'église, sans doute un réflexe de Noël. Devant le grand vaisseau plongé dans l'obscurité, le petit groupe a rebroussé chemin, découragé. A vrai dire, soeur Christophora est un peu agacée. Voilà plus de trente ans quelle fait visiter l'abbaye, mais trop de visiteurs ne grimpent ici que pour voir l'orphelinat de Coco Chanel. Des Français, des Américains, des Japonais. Dieu et l'architecture sacrée, ils s'en tapent. Ils font le tour de l'abbatiale à fond les manettes, tombent en arrêt devant un vitrail incolore à figures géométriques, le pointent d'un air extatique, croient identifier le double C delà marque Chanel dans le tracé de plomb sans un regard pour l'opalescence de vitraux vieux comme l'Europe. Savent-ils que ces cercles entrelacés sont le signe de reconnaissance des premiers chrétiens ? Qu'ils se prosternent devant le glyphe qui, au temps du paganisme, était associé à Vénus ? Que le logo de Chanel universellement adoré par les femmes représente les organes génitaux féminins ? Chez les chrétiens, la mandorle symbolise la vulve de Marie. La symbolique n'intéresse guère les visiteurs. Seul le logo 3C les intéresse. Soeur Christophora le déplore. Les paysans médiévaux, déjà, grattaient le calcaire de la châsse du moine Etienne et rentraient heureux, absorbant la sainte poussière comme de l'Aspégic. La moniale m'a classée dans cette catégorie, mais elle a le coeur bon et refuse de me décevoir. Elle ouvre le portail et referme son parapluie. Ce jour de Noël, elle me fait un cadeau d'exception : Aubazine pour moi seule.
Dès que nous franchissons le porche dallé de pierres admirables, l'atmosphère se modifie. L'ampleur sereine de l'escalier dont chaque marche est creusée par le temps agit immédiatement sur l'esprit.
Tandis qu'à tâtons soeur Christophora cherche l'interrupteur, nous atteignons l'étage. Impossible de contenir une exclamation. D'un bout à l'autre du bâtiment, un vaste corridor éclairé par six fenêtres en ogive. Une flaque de clarté s'étale sur le pavement composé d'une mosaïque de galets dessinant des symboles tout au long d'une galerie large. Les pierres roulées tracent des entrelacs, des monogrammes, des armoiries énigmatiques. Des murs crayeux émane un éclat laiteux de coquillage. Cette simplicité pleine de grâce communique un sentiment heureux. Son habit brun frottant les marches, la religieuse me précède. Sous la robe, elle porte un pantacourt rouge de lutin ou plutôt de Mère Noël. Tandis que dehors le paysage fond dans l'ombre hivernale, une luminescence naît du dedans. Si les moines qui ont construit le monastère au XIIe siècle ont prélevé leurs matériaux dans la campagne autour - la pierre calcaire, le bois de châtaignier, les galets -, ils maîtrisaient divinement l'art des formes et des proportions. Tout ici est harmonieux, modeste, lumineux. Pauvre et raffiné, le bâtiment est «habité».
Penchée sur le rébus, soeur Christophora a entrepris de déchiffrer la symbolique du sol. «Le passage de Coco à Aubaine n'est pas anodin. Attentive et sensible, elle a été marquée par ce lieu magique», dit-elle, songeuse. Elle pense au nombre d'or. «Magique au sens d'une expérience spirituelle qui produit des effets inexplicables. Le monastère cistercien est un instrument de transcendance.» A chercher l'empreinte de Cîteaux sur le style de Chanel, qu'elle nomme familièrement Coco, la religieuse se prend au jeu. Pour se mettre au service de Dieu à Aubazine, soeur Christophora a quitté son Amérique natale et guide chaque été en ce lieu des centaines de visiteurs avec l'espoir que la beauté les métamorphose. Destinée à élever l'esprit, l'architecture cistercienne possède une force secrète. Percé de portes en bois très anciennes qui ouvrent sur les salles de classe au plancher de châtaignier, le corridor s'achève sur une porte en ogive. Découpant une forme cintrée dans la paroi blanche, elle ouvre sur un spectaculaire escalier de granit qui surplombe l'abbatiale. Du temps de Chanel, la porte ne s'ouvrait que le dimanche, lorsque les pensionnaires se mêlaient aux villageois pour la grand-messe. (...)