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23/11/2013 - A la belle époque du féminisme et de l'antiféminisme, on débat sans fin sur le droit et la capacité des femmes à exercer des métiers historiquement masculins.

Héroïsées, érotisées ou ridiculisées, les premières avocates, charpentières, cochères, doctoresses... font ainsi florès sur les cartes postales qui connaissent alors leur âge d'or.

C'est cette histoire visuelle que révèle ici Juliette Rennes : à partir de trois cents cartes postales (reportages, portraits, caricatures, dessins), elle analyse les espoirs, fantasmes et craintes que suscitèrent ces «femmes de l'avenir» pas toujours advenues...

Juliette Rennes est maîtresse de conférences à l'École des Hautes études en sciences sociales (EHESS). Ses recherches et ses enseignements portent sur l'histoire des discours et des représentations visuelles, ainsi que sur la sociologie du genre et des professions. Elle a notamment publié Le mérite et la nature. Une controverse républicaine, l'accès des femmes aux professions de prestige, 1880-1940 (Paris, Fayard, 2007).


  • La revue de presse Jean Birnbaum - Le Monde du 12 décembre 2013

 

Déjà auteure d'un essai classique consacré à ce sujet (Le Mérite et la Nature, Fayard, 2007), la jeune chercheuse en sciences politiques éclaire les résistances que la société opposa aux femmes qui prétendaient exercer des " métiers d'hommes ". Préfacé par l'historienne Michelle Perrot, son livre mobilise un magnifique fonds de cartes postales, souvent satiriques, où se perçoit la panique suscitée par ces " femmes nouvelles ", devenues avocates ou cochères...

Mais ces images en viennent parfois, aussi, à refléter l'évolution des mentalités : l'émancipation, alors, n'est plus vécue comme une invasion. Et on accepte progressivement ces Femmes en métiers d'hommes qui n'ont pas fini de faire vaciller nos sociétés.

 

  • Les courts extraits de livres : 23/11/2013

L'invention de l'émancipée

Archives d'un imaginaire

«Émancipée», «femme nouvelle», «Ève future»... Dans la première décennie du 20e siècle, ces mots se rencontrent à propos d'une nébuleuse aux contours flous : des doctoresses aux avocates, en passant par les cochères, les exploratrices, les escrimeuses, les colleuses d'affiches, mais aussi les femmes qui étudient, fument, pédalent, conduisent, manifestent, voyagent seules ou portent un pantalon... Toutes celles, en somme, qui s'approprièrent des activités, des rôles et des comportements perçus comme masculins pouvaient se voir désigner ainsi. Sur la scène des théâtres de boulevard, au Parlement, dans la presse, les romans, les essais et les chansons du café-concert, on n'en finissait pas de controverser et de plaisanter sur ce que seraient ces «femmes de demain» que les féministes appelaient de leurs voeux.

S'appuyant sur des associations et des revues militantes, soutenues par une minorité d'intellectuels et d'hommes politiques, les mobilisations féministes européennes connaissaient alors leur âge d'or. Depuis la fin des années 1860, elles avaient enregistré quelques conquêtes, notamment en matière d'accès à l'éducation et à la formation. En France, la création de cours secondaires féminins publics et l'inscription des premières étudiantes dans les facultés de sciences et de médecine datent de la fin du Second Empire. Ce processus se poursuit sous la Troisième République avec l'admission des premières étudiantes en lettres (1871), droit (1884), puis pharmacie (1891), les lois Ferry qui rendent l'instruction primaire obligatoire pour les enfants des deux sexes (1881-1882), la création de lycées de filles (1881), le droit des femmes de concourir à l'internat de médecine (1885), de s'inscrire à l'École nationale des Beaux-Arts et à l'École des Chartes (1897 et 1906), de devenir avocat (1900), d'être membre élu du Conseil supérieur du travail (1903) et des prud'hommes (1908) ou encore de disposer librement de son salaire une fois mariée- (1907)... Cependant, le droit de vote, obtenu dans plusieurs pays d'Europe au sortir de la Première Guerre mondiale, ne fut accordé aux Françaises qu'en 1944. Et, dans le domaine de la formation et des professions, l'autorisation pour les femmes d'enseigner le latin, le grec et la philosophie fut obtenue seulement en 1937, le droit des femmes mariées de s'inscrire à l'université, en 1938, et celui d'exercer une activité professionnelle sans l'autorisation maritale, en 1965. Quant à l'ouverture aux femmes de tous les concours de la fonction publique et de toutes les professions judiciaires, elle n'aboutit qu'entre 1946 et 1948.

Enfin, de nombreuses «grandes écoles» ne s'ouvrirent aux étudiantes qu'entre les années 1950 et 1980 (1959 pour l'École des Ponts et Chaussées, 1986 pour l'École Normale de la rue d'Ulm à Paris). Toutefois, ces revendications dataient bel et bien du début du 20e siècle, époque où les premières étudiantes et autres émancipées cristallisèrent les espoirs et les craintes en matière d'égalité des sexes (6 à 10).

Auteur : Juliette Rennes  Préface : Michelle Perrot  Date de saisie : 14/12/2013  Genre : Histoire  Editeur : Bleu autour, Saint-Pourçain-sur-Sioule, France  Collection : D'un regard l'autre
Auteur : Juliette Rennes  Préface : Michelle Perrot  Date de saisie : 14/12/2013  Genre : Histoire  Editeur : Bleu autour, Saint-Pourçain-sur-Sioule, France  Collection : D'un regard l'autre

Auteur : Juliette Rennes Préface : Michelle Perrot Date de saisie : 14/12/2013 Genre : Histoire Editeur : Bleu autour, Saint-Pourçain-sur-Sioule, France Collection : D'un regard l'autre

Tag(s) : #Femmes dans la société, #Femmes - repères biographiques
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