Gino Bartali est vraisemblablement celui qui fit couler le plus d'encre, qui nécessita le vocabulaire le plus riche et qui souleva les images à la fois les plus nobles et les plus hardies, Gino le Taciturne, Gino le Pieux, Gino le Mystique.
Robuste, très résistant sous la pluie, grimpeur remarquable, capable d'effectuer avant la guerre de 39-40 des différences impressionnantes dans les étapes de montagne longues et dures, Bartali se révéla peu à peu un routier complet, astucieux, adroit, clairvoyant, redoutable au sprint. Un grand champion cycliste !
Double vainqueur du Tour d’Italie (1936, 1937) et du Tour de France (1938, 1948), Gino Bartali a vu sa carrière de cycliste tronquée par la Seconde Guerre Mondiale, alors qu’il était au top de sa forme.
Il a réussi un autre exploit entre 1943 et 1945 en faisant passer de faux papiers pour sauver 800 juifs italiens. Très pieux, le cycliste a ainsi modifié son parcours d’entraînement lorsque l’Italie a sombré dans le fascisme, en septembre 1943.
Depuis Florence, il se rendait ainsi au couvent de San Quirico, près d’Assise. Mais ce trajet de 200 kilomètres n’était pas dû au hasard, apprend-on grâce aux recherches de son fils. En fait, Gino Bartali parcourut ce chemin plus de quarante fois avec des documents et des photos cachés dans le guidon et sous la selle de son vélo. Une fois arrivé au couvent, il les remettait à la sœur supérieure qui les transmettait à une imprimerie clandestine où ils étaient falsifiés...
Surtout, le champion n’avait jamais parlé de cette histoire à ses proches, ni à son entourage.
« Le bien, c’est quelque chose que tu fais, pas quelque chose dont tu parles », expliquait-il ainsi. « Certaines médailles sont accrochées à ton âme, pas sur ton blouson ».
Respect monsieur Bartali. Ph.P.
Le silence du juste Gino Bartali - Le Monde
Gino Bartali ne fut pas seulement un champion cycliste, vainqueur trois fois du Tour d'Italie et deux fois du Tour de France. Il fut aussi un héros discret. En 1943 et 1944, il a aidé à sauver 800 Juifs de la déportation en faisant passer des faux documents dissimulés dans le cadre de son vélo. Messager d'un réseau de résistance, Gino Bartali a parcouru des milliers de kilomètres au nez et à la barbe des patrouilles fascistes et nazies. Malgré cela, il n'a jamais parlé de ses activités clandestines, même après la guerre. D'autres ont témoigné pour lui de son oeuvre de vie. Récompensé en septembre 2013 par le mémorial de Yad Vachem, Gino le Pieux est devenu Gino le Juste.