Il réalisa un exploit unique dans l’histoire du cyclisme : lauréat d’étapes dans le Tour, à quatorze années de distance ! Il faut dire qu’il était un coureur hors de pair, mais hélas trop méconnu. Portrait de Jean Alavoine, qu’on appelait « Gars Jean »...
Que savons-nous encore de lui ? Qu’il fut un coureur à panache, doté d’une formidable résistance, et qu’il remporta dix-sept étapes en onze Tours de France, la première en 1909, la dernière quatorze ans plus tard, ce qui est unique dans l’histoire du cyclisme. Pour trois fois moins, dans les années deux mille, Jean Alavoine serait devenu millionnaire ; au siècle qui était le sien, cet estimable Parisien, né par hasard à Roubaix en 1888, se contenta des miettes. Parce qu’il faut le rappeler : il eut pour adversaires, non seulement Trousselier, Petit-Breton, Faber, Lapize, Garrigou, les héros de mille neuf cents, mais aussi ceux d’après la Grande Guerre, les deux Pélissier, Henri et Francis, Eugène Christophe, Philippe Thys, Firmin Lambot, Ottavio Bottecchia. Dans les faits, donc, une carrière exceptionnelle, close en 1925, au terme d’un ultime Tour de France très honorable, conclu en treizième position. Bref ! un cador. Que lui a-t-il manqué pour demeurer totalement dans la mémoire collective, à l’instar de ses pairs ? D’être un peu en veine, du moins sur la route... Pour le reste, le sage Alavoine se trouvait bien loti : il était sorti vivant des tranchées ! Son frère, Henri, bon rouleur également, n’avait pas eu cette chance : tué au front, le 19 juillet 1916. Quant à Faber, Lapize, Petit-Breton, chacun sait ce qu’ils étaient advenus. Alors, la veine …
Malchanceux, Jean Alavoine anime le récital peugeot. A Belfort, sur crevaison, "le gars Jean" termine deuxième. (Tour de France 1914)
Henri Alavoine était probablement moins doué que son frère Jean mais il fit une carrière honorable tout en se mettant régulièrement au service des ambitions de son frère. Il termina le Tour de France à 4 reprises obtenant son meilleur résultat en 1913 : 25ème. Victime d’une chute d’avion, il est décédé le 19 juillet 1916 à l’hôpital de Pau.