3ème convoi de déportés - " Le 31 juillet 1872, sous les ordres du capitaine de vaisseau Rallier, la Garonne quitte la rade de Brest. Elle avait embarqué 356 déportés en provenance du fort de Quélern. Dans les jours qui suivent, elle embarque 222 autres prisonniers qui étaient internés dans à l'île d'Oléron, et un surveillant de l'Administration pénitentiaire comme passager libre. Le journal de bord et le rôle des équipages pour ce navire ayant brûlé au cours de la Seconde Guerre Mondiale, on ne peut définir avec exactitude la composition de l'équipage (265 selon les dossiers de la Marine, 215 selon Roger Perennès) et le nombre exact de passagers, libres ou non, mais on peut estimer le total aux alentours de 830 personnes
Le 9 août 1872 la Garonne, quitte le mouillage de la rade des Trousse et prend le chemin de la Nouvelle-Calédonie. Après 18 jours de mer, elle est le 27 septembre à Dakar, où deux déportés malades sont débarqués qui, selon le rapport du commandant Rallier "ont réussi à tromper la vigilance de la commission sanitaire qui les a visités au départ. Ces deux hommes se trouvaient dans un état de phtisie avancée.". Le premier, Adolphe Martin, sera embarqué sur un autre navire après sa guérison. Le second, nommé Foissard, était presque mourant lors de son débarquement. Il pourrait s'agir de Louis-Eugène Foissard, né à Paris le 19 février 1843, y demeurant, typographe, marié sans enfant, qui aurait commis un vol chez un sergent de ville, fait qu'il avait nié avoir commis. Il fut condamné le 14 février 1872 par le 7ème Conseil de Guerre à la déportation simple. Son dossier portant le mention "décédé", peut-être est-il mort à l'hôpital de Dakar. Le ravitaillement en vivres et charbon effectué, la Garonne quitte Dakar dans la nuit du 2 au 3 septembre 1872. L'itinéraire (page 1, page2) passait par le large de Tristan Da Cunha, le cap de Bonne Espérance et les îles Mac Donald. Le 26 octobre, elle doublait le cap sud de la Tasmanie, ayant mis 26 jours pour parcourir la distance depuis le cap de Bonne Espérance. Après 63 jours de mers sans nouvelle escale depuis Dakar, la Garonne arrive à Nouméa le 5 novembre 1872. La vitesse du navire, soit environ 7 nœuds de moyenne, est pour l'époque une très belle performance. C'est aussi le voyage le plus court effectué par l'un des vingt convois de déportés vers la Nouvelle-Calédonie.
Le rapport de mer du commandant Rallier est, selon Roger Pérennès, paru dans la Revue Maritime et Coloniale de 1873, tome 37, ouvrage conservé au Musée de la Marine de Rochefort (17). En voici la partie parue dans le livre de Pérennès :
"En partant de Dakar, j'ai piqué au Sud et même au Sud-Est, dans la mousson équatoriale, j'ai coupé la ligne entre 18 et 19° puis j'ai serré un peu le vent de manière à passer à 150 lieues au vent de la Trinité et 19 jours après mon départ, j'ai atteint Tristan d'Acunha. Dans les calmes de la ligne et ceux du Capricorne, j'ai rencontré des vents du Sud tenaces, qui ont rudement entamé notre approvisionnement de charbon. J'ai coupé 45° Sud par le méridien de Paris et le 50° Sud par celui du Cap de Bonne-Espérance. J'ai franchi pendant la nuit les iles Macdonald, au-delà desquelles j'ai trouvé des vents très frais de Nord et Nord-Nord-Est qui m'ont poussé jusqu'au 54° Sud. C'est la seule brise un peu violente que nous avons rencontré au Sud du 50ème degré et elle a peu duré. Pendant 21 jours passés dans ces latitudes, les cacatois n'ont été serrés que soixante-seize heures en tout, en dix fois différentes. Nous avions une forte houle de Nord-Ouest, qui devait venir de 200 lieues et dont nous n'avons trouvé le vent correspondant qu'en nous rapprochant du 45° Sud.
Le froid n'a pas dépassé 4° au dessous de zéro. Le froid a donné de la peine et des bobos, mais pas de maladie ; l'air était sec et salubre. Nous avons vu la première glace par 52° Sud et 33° Est. Puis les 16, 17, et 18 octobre, nous avons trouvé un groupe dont quelques-unes en fusion, par 52° Sud et entre 90° et 102° Est ; c'est tout. Le 20 octobre nous avons coupé le 50° Sud, après avoir fait en 20 jours 100° de longitude : soit 5° par jour. Dans le nord du 50ème degré, nous avons changé de zone : la pluie succédait à la neige ; la mer redevenait dure ; la brise assez violente. Le 26 octobre, nous doublions la Tasmanie, le 4 novembre nous étions devant les passes de Rulari et le 5 au matin nous mouillions sur le rade de Nouméa."
Selon l'extrait du rapport du commandant de la Garonne, il ne déplora que deux décès, de mort subite, parmi les détenus, et deux autres "sérieusement alités", en atteignant la Nouvelle-Calédonie. Mais l'état général sanitaire des déportés était relativement bon, hormis "quelques symptômes de scorbut se sont montés chez un bon nombre, mais ils étaient sans gravité". Selon le dossier du navire au CAOM, sur 578 les prisonniers embarqués, 574 débarquèrent effectivement en Nouvelle-Calédonie.
Selon ce même rapport, en quittant Nouméa le 6 décembre 1872, pour regagner Brest, le navire embarqua 47 passagers. Parmi eux se trouvaient des surveillants et agents "dont le conseil de santé de la colonie a proposé l'envoi en France, pour y jouir d'un congé de convalescence" (voir liste sur pièce n° 6), deux étant retraitables. Parmi les 47 passagers, il y avait Auguste Mercier, ex commissaire de Police adjoint, son épouse Virginie, et leurs 88 enfants, Berthe, Robert, Elisa, Augustine, Louise, Anna, Edouard, et Alice, qui avaient embarqué à Nouméa le 5 décembre 1872. Auguste Mercier était arrivé à Nouméa le 26 mai 1861, débarquant de l'Iphigénie, sur laquelle il avait embarqué à Brest le 18 décembre 1860. On comptait également deux déportés graciés, les nommé Leroy, arrivée à Nouméa avec la guerrière et rapatriable, sa peine ayant été commuée, et le déporté Jacques Reber, matricule 3805, qui avait vu sa peine commuée en détention. La Garonne arrivera le 9 mars 1873 à Brest.
Parmi les déportés de ce convoi, comme on peut le voir dans la liste qui suit, on trouve un certain Pierre Adolphe Cheramy. Ce dernier, qui se prénomme en fait Louis Pierre Adolphe, est né à Arville (Loir-et-Cher) le 26 juillet 1828, de Pierre Lucien Michel, lui-même né en 1793, domicilié à Arville, cultivateur en 1828, puis boulanger en 1834/1840, et de Marie Madelaine Leguay. Il est l'aîné de 3 frères, tous 3 boulangers et Compagnons du Devoir du Tour de France. Le deuxième, Jaques Eugène, dit Vendome sans Chagrin, est né à Arville le 8 décembre 1834 et est reçu compagnon boulanger du Devoir à Tours (Indre-et-Loire) à l'Assomption 1856. Le troisième fils, Auguste Victor, dit Vendome le Bien Estimé, est né le 1er février 1840 à Arville, et est reçu compagnon boulanger du Devoir à Angoulême (Charente) à la Toussaint 1860. Louis Pierre Adolphe quant à lui, dit Vendome le Décidé, avait été reçu compagnon boulanger du Devoir à Orléans (Loiret) à la Toussaint 1850. Pour avoir servi la Commune, il est condamné le 18 avril 1872 par le 10ème Conseil de Guerre à la déportation simple. Il embarque sur la Garonne le 31 juillet 1872, en provenance du fort de Quélern. Il mourra à l'île des Pin le 17 octobre 1875, à l'âge de 47 ans, d'une luxation de la 5e vertèbre cervicale "dans un chahut avec Léon Marchais". Il portait le matricule 633.
Quand à ce Léon Marchais, d'après le Maitron, il était né le 28 mars 1837 à Paris, était veuf et sans enfant. Il exerçait la profession de fondeur en fer. Il avait avoué avoir été condamné à deux mois de prison pour outrages publics à la pudeur, mais son casier judiciaire avait été incendié. C'était un ivrogne. Il avait été condamné, le 15 avril 1872 par le 9ème Conseil de Guerre, à la déportation simple pour faits insurrectionnels, puis plus tard amnistié "...
Troisième convoi, 9 août 1872 - 5 novembre 1872, par la Garonne, 88 jours au départ de Rochefort.
Les convois de déportés vers la Nouvelle-Calédonie
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