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"Le Rhin" navire de transport de type trois-mâts à hélice, de la classe "Isère" ... puis (transport des forçats)

"Le Rhin" navire de transport de type trois-mâts à hélice, de la classe "Isère" ... puis (transport des forçats)

Convoi de forçats de janvier 1873 - ... "Avant d'assurer le quinzième convoi de déportés vers la Nouvelle-Calédonie, le Rhin effectua le transport de 500 forçats issus du bagne de Toulon, et destinés au pénitencier de l'île Nou à Nouméa. A ce contingent de forçats sont joints 53 Communards condamnés aux travaux forcés. Ce convoi quitta Toulon le 21 janvier 1873, pour arriver à Nouméa le 23 avril 1873.

Jean Allemane (une rue de Saint-Etienne dans la Loire porte son nom), qui fait partie des 53 déportés nous raconte, dans Mémoire d'un Communard, des barricades au bagne, que le jour du départ, les forçats sont embarqués dans des chalands, traînés par un remorqueur, et qui viennent se ranger le long des flancs du navire. Leur montée à bord s'effectue par l'échelle, et ils défilent un à un devant le commandant et l'officier de quart. Le capitaine d'arme et les surveillants indiquent aux prisonniers les cages qui leur sont affectées. Les Communards sont placés à tribord, avec des condamnés de "droit commun", complétant une cage de 120 prisonniers, constituant douze plats. Le dernier plat comprend cinq communards et sept "droit commun". Dans chaque batterie, un canon à mitraille est braqué sur les cages. Le Rhin comporte 4 cages accueillant chacune environ 120 prisonniers.

Certains Communards condamnés, écoutant les "racontars", se bercent d'illusions et nourrissent de naïves espérances sur une prochaine libération, ou sur la vie qui les attends. Un nommé Chantereau, espérant beaucoup de la Nouvelle-Calédonie, n'en mourra pas moins à l'hôpital de l'île Nou, malgré tout ce qu'il attendait de son ami Gambetta.

Chaque déporté a reçu son paquetage, soit un sac marin, une blouse en toile grise, un pantalon de laine grise, une paire de godillots, deux chemises de grosse toile, un hamac et une couverture. Dans certains convois, il n'y aura qu'un hamac pour deux. Sur l'Orne, 412 déportés débarqueront même sans hamac (voir pièce 12 dans l'article consacré à la Sybille). A bord, une propreté rigoureuse leur est imposée, et tout manquement à ce principe entraîne de sévères sanctions.

Une journée ordinaire commence à 5 heures, avec le réveil, puis le café à 6 heures, suivi du lavage à grande eau du pont et des cages. Le déjeuner, constitué de biscuit de troupe, d'1/16ème de pain de munition, d'un bouillon, de haricots, et de 23 centilitres de vin, est servi à onze heures. Le souper, constitué d'un biscuit, d'une soupe au riz et d'1/16ème de pain de munition, est quant à lui servi à dix sept heures. Les dimanches et jeudi, les forçats ont une soupe grasse, 250 grammes de lard, de viande ou de conserves. Ils peuvent cependant disposer d'un peu de vaisselle. Selon Jean Allemane, les repas ont cependant le même aspect que ceux du bagne de Toulon.

Le capitaine d'armes, Louis Dalloz, homme honnête, et bienveillant avec les prisonniers, surveille de près les agissements des surveillants militaires, et réprime sévèrement tous les manquements au service ou les abus d'autorité. Les surveillants s'en souviendront et règleront leurs comptes avec les prisonniers en arrivant en Nouvelle-Calédonie. Par contre, la discipline à bord est impitoyable avec les "fortes têtes", qui sont expédiés aux fers à fond de cale à la moindre incartade.

Le dimanche, un service religieux est célébré à bord, mais il n'est pas très fréquenté, et les déportés refusent de se mettre à genoux au moment de l'élévation.

Après cette présentation des conditions de vie à bord, Jean Allemane a aussi relaté la traversée. Le navire quitte Toulon et prend la route de Dakar. Alors que l'on approche du golfe du Lion, réputé pour ses tempêtes, au large des côtes espagnoles, 4 hommes à bord d'une barque se dirigent vers le Rhin et, arrivés à proximité crient : "Viva la Républica ! Amédéo fusilllado !" (cette invective se rapportant à Amédée de Savoie). L'officier de quart leur crie "Au large !" avec son porte-voix. La mer devient grosse et une tempête approche, ce qui oblige le navire à faire une escale à Almeria. Cela donne des idées d'évasion à certains, le mouillage ne se trouvant qu'à une heure à peine de la côte, mais la noyade est toujours possible, et les prisonniers savent que les "marsouins" n'hésiteront pas à tirer. De plus si l'évadé est repris, il finira le voyage à fond de cale.

A l'escale de Dakar, les pirogues tournant autour du Rhin par un soleil de plomb. Les indigènes plongent pour aller chercher au fond de l'eau des pièces de monnaie lancées par les passagers. Des colporteurs sont cependant autorisés à monter à bord et des achats se font par l'intermédiaire du commissaire. C'est aussi lui qui reçoit les lettres qui seront postées avant le départ. Pendant toute l'escale les sabords restent fermés et les surveillants sortent leur revolver au moindre mouvement d'humeur des prisonniers. Les pièces d'artillerie installées dans les batteries sont démasquées et tenue toujours prêtes à tirer.

Une fois le ravitaillement achevé, le Rhin lève l'ancre et reprend sa route, toujours sous une chaleur torride. Dans chaque cage, on est obligé d'installer un foudre équipé de tétons pour aspirer l'eau additionnée de vinaigre, afin que les détenus puissent étancher leur soif.

Jean Allemane relate un incident qui s'est déclaré aussitôt après le départ de Dakar. En effet, le lieutenant de vaisseau de La Ruelle s'est mis en tête de procéder à une fouille à corps de tous les prisonniers, afin de découvrir d'éventuelles sommes d'argent cachées, et qui pourraient servir à faciliter une évasion. Un descendant authentique du célèbre corsaire Jean Bart, prénommé et nommé lui aussi Jean Bart, doit intervenir pour faire cesser la mascarade.

Le passage de l'équateur donne toujours lieu à des réjouissances et divertissements divers. Cette fois-ci, c'est Neptune qui est le thème des cérémonies burlesques. L'équipage en profite pour régler quelques comptes avec les surveillants qui, toujours selon Jean Allemane, ont droit à un "régime de faveur".

Après ce passage de l'équateur, notre narrateur nous apprend que la mer est désespérément calme, sans un souffle de vent, ce qui oblige à mettre en route les machines, mais fait augmenter la température dans les batteries. Dans la cage de Jean Allemane, le foudre est à sec car le quartier-maître responsable de son approvisionnement à oublié de le remplir. La colère gronde est le capitaine d'armes est obligé d'intervenir, convoquant ledit quartier-maître pour connaître la raison du désordre et, celui-ci ayant avoué son oubli, il l'envoie aux fers.

Le scorbut fait des ravages à bord du Rhin (les 4/5ème de l'effectif selon Jean Allemane), et l'infirmerie est envahie de malades qui réclament des soins. Le médecin décide, pour éviter une contagion rapide, d'affecter un "suçoir" réservé aux malades. Mais c'est surtout la solidarité entre les prisonniers qui permet d'enrayer la propagation de la maladie. Le scorbut est définitivement éliminé par l'achat d'oranges lors de l'escale à Santa-Catarina au Brésil, escale qui dure plusieurs jours. Au vu de la longueur de l'étape suivante, et surtout des incidents qui ont eu lieu à Melbourne lors du précédent convoi, il n'est prévu aucun contact avec la terre jusqu'à Nouméa.

Après avoir doublé le cap de Bonne Espérance, le Rhin se dirige vers le détroit de Bass (voir itinéraire). Jean Allemane nous dit que l'équipage pêche le requin dans le Pacifique, mais que sa viande est peu comestible.

Le 22 avril 1873, la Nouvelle-Calédonie est en vue et le 23, le Rhin mouille dans la rade de Nouméa. Les premiers chalands arrivent pour le débarquement des prisonniers et pour Jean Allemane, ici commence l'enfer.

Parmi les forçats, on trouve un certain Ambroise Lécole, originaire de la Nièvre, marié et père de 6 enfants. Terrassier demeurant à Paris, il est condamné en 1871 par la Cour d'Assises de Versailles à 8 ans de travaux forcés pour "s'être rendu coupable de vols, la nuit, conjointement avec plusieurs individus, dans des maison habitées ou servant à l'habitation, à l'aide d'escalade en effraction". Ambroise était un multirécidiviste, ayant déjà été condamné 6 fois, à Troyes, Saint-Gaudens, Avallon, Auxerre et Clamecy, pour vols, coups, braconnage ou rébellion, les peines allant de 8 jours à 6 mois de prison. Il s'adonnait aussi à la cueillette de plantes médicinales dans les bois de la Grange, près de Villeneuve-Saint-Georges ou les bois de Sainte-Geneviève, près de Saint-Michel, qu'il revendait aux Halles. Mais cette fois Ambroise et ses 3 complices vont littéralement dévaliser 3 habitations à Noisy-le-Sec en janvier 1870, se livrant, en plus du vol, à un vrai saccage et se livrent à une véritable orgie. Emprisonné à la prison de Pontoise, Ambroise dérobe à l'administration pénitentiaire 6 mètres de corde et un clou à crochets et des chaussons, dans le but de préparer une évasion. Il cherchait à s'évader pour aller commettre un vol important dans un château, selon l'un des détenus qui le dénonça, l'empêchant de concrétiser son projet. Une fois condamné, Ambroise est interné au Bagne de Toulon. Il est détaché de la chaine et embarqué sur le Rhin pour la Nouvelle-Calédonie.

Ainsi commença pour Ambroise Lécolle une nouvelle vie puisque, une fois ses 8 ans de travaux forcés effectués, il devait "doubler" sa peine en étant affecté dans une ferme pénitentiaire. Après cette seconde peine, le bagnard recevait une terre en concession. En outre l'Administration autorisait, et offrait même le voyage aller, à la famille qui voulait rejoindre son mari en Nouvelle-Calédonie pour s'y installer. C'est ce que fit la femme d'Ambroise et ses trois garçons. L'aîné des garçons, Auguste, épousa une condamnée, Rosalie Peyronnet, mais mourut en 1894, 2 ans avant la naissance de jumeaux, Ange Michel et Victor Louis. Flore Lécole, fille aînée d'Auguste et Rosalie, sort du pensionnat à 16 ans en 1900 et retourne vivre avec sa mère qui vit en concubinage avec Ange Louis Morelli, père des jumeaux cités plus haut. Ce dernier tombe fou amoureux de Flore et l'épouse en 1901. Rosalie décédant en 1904, Flore et son mari prennent en charge les enfants de Rosalie, en plus des 7 qu'ils auront ensemble, faisant de cette nombreuse fratrie à la fois des neveux ou nièces et des demi-frères ou sœurs. C'est un bel exzmple de ce que l'on appela plus tard la colonisation pénale !...

15ème convoi de déportés - Ce convoi conduit en Nouvelle-Calédonie, en plus du chargement des forçats destinés au bagne de l'île Nou, 2 Communards condamnés à la déportation dans une enceinte fortifiée, et 17 condamnés eux à la déportation simple à l'île des Pins. Les déportés quittent Saint-Brieuc pour Brest où ils embarquent sur le Rhin le 1er septembre 1875. Le navire appareille aussitôt en direction de l'île d'Aix. Il y charge 400 forçats du dépôt de Saint-Martin-de-Ré. Le 6 septembre 1875, le navire lève l'encre pour le grand voyage, et se dirige sur Dakar. Comme la plupart des convois, il fait relâche à dans cette ville, et à Santa-Catarina.

Le navire se trouvant assez près des côtes du Brésil cette fois-ci, les prisonniers tentent une évasion au moyen des barques indigènes. Mais celle-ci est déjouée et son principal meneur, nommé Leroy, sommé de se rendre, tourne sa rage vers celui qu'il estime responsable de cet échec. Il assassine ainsi son complice, nommé Pezeux, croyant régler son compte à celui qui l'avait "vendu". La garde doit intervenir pour mater un début de mutinerie.

Malgré cet incident, le Rhin arrivera à Nouméa le 30 janvier 1876, après un voyage de 146 jours.

Liste des condamnés à la déportation en enceinte fortifiée : François Oscar Bertin MARTIN, Louis Henry MOREAU.

Liste des condamnés à la déportation simple : Hector Louis Alexandre BLANCHET, François CHANVRIS, Antoine CHAUVET, Charles Xavier Joseph COLLIN, Henri Gustave de BEAUMONT, Jules Charles DESPOTTE, Léon Michel DUTAILLIS, Charles Paul FORMENTINI, Léonidas Joseph Hilaire FRAISSINET (ou FRAISSINES) dit Léon, Eugène GAYOT, Jean-Baptiste JEAN dit Villars, Pierre Victor LEMONNIER, Paul François PIGNOLET dit Pignole, Hyancinthe Amédée POIRIER, François Emile PONS, Théodore Barthélémy REY, Charles Adolphe SAVY.

(Pour tout renseignement concernant ces prisonniers, vous pouvez me contacter ici).

- Quinzième convoi, 6 septembre 1875 - 30 janvier 1876, par le Rhin, 146 jours au départ de l'île d'Aix.

Les convois de déportés vers la Nouvelle-Calédonie

www.bernard-guinard.com/arcticles%20divers/.../Convois_de_deportes.h...

Au départ, la déportation des forçats s'effectuait en Guyane. ... vaisseaux et frégates sont déclassés et transformés en transport de troupes ou en transport-écuries. ... Sixième convoi, 18 mai 1873 - 27 septembre 1873, par le Calvados, 132 ...

 

Dossier 7 - Bateau-cage pour le transport des bagnards ...

philippepoisson-hotmail.com.over-blog.com/2014/.../dossier-7-bateau-ca...

Il y a 1 jour - Dossier 7 - Bateau-cage pour le transport des bagnards - Actualisation 8 septembre 2014. Collection personnelle Philippe POISSON. La Loire ...

Tag(s) : #Bagnes coloniaux
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