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Les vampires à la fin de la guerre d'Algérie, mythe ou réalité ?

28/02/2015 - Les derniers mois de la guerre d'Algérie sont marqués par un chaos provoqué par les attentats des irréductibles de l'Algérie française de l'OAS et les représailles du FLN. À partir d'avril 1962, on assiste à des enlèvements d'Européens aux périphéries d'Alger et d'Oran par des groupes informels du FLN. Plus de 630 civils et militaires sont enlevés dans les quatre mois qui séparent le cessez-le-feu de l'indépendance. Le sort de ces disparus n'a jamais été élucidé par les autorités algériennes et françaises, tandis que les corps n'ont jamais été restitués aux familles.

Alors que les hypothèses penchaient jusqu'à maintenant pour des crimes crapuleux, des arrestations de militants supposés de l'OAS ou des vengeances du FLN, Gregor Mathias, après huit années de recherche, lève le voile sur une réalité méconnue : derrière ces enlèvements se cachait la pratique des prélèvements sanguins forcés.

Une étude historique inédite, qui fait la synthèse des informations sur ces enlèvements et présente l'ensemble des documents militaires français, d'études algériennes et des archives du CICR de Genève qu'il confronte à des témoignages écrits et oraux de rescapés de ces pratiques, et qui explique les raisons qui ont poussé le FLN à recourir à cette pratique barbare.

Docteur en histoire, Gregor Mathias est l'auteur de plusieurs articles et ouvrages sur des thèmes peu traités de la guerre d'Algérie : les sections administratives spécialisées, la contre-insurrection, les supplétifs de l'armée française, l'année 1962... Il est professeur associé à l'École spéciale militaire de Saint-Cyr.

 

  • Les courts extraits de livres : 28/02/2015

Extrait de l'introduction

Le fléau n'est pas à la mesure de l'homme, on se dit donc que le fléau est irréel, c'est un mauvais rêve qui va passer. Mais il ne passe pas toujours, et de mauvais rêve en mauvais rêve, ce sont les hommes qui passent, et les humanistes en premier.

Albert Camus,
La Peste, Gallimard, 1947.

Après huit années de guerre en Algérie qui ont déchiré les sociétés musulmane et européenne en métropole et en Algérie, provoqué la chute d'une République (la IVe République en juin 1958), amené une tentative de putsch de l'armée contre le gouvernement (en avril 1961) et fait émerger un groupe terroriste européen subversif (l'OAS, l'Organisation armée secrète), le général de Gaulle décide d'engager des négociations avec le FLN (Front de libération nationale) pour l'autodétermination de l'Algérie. Les accords d'Évian signés le 18 mars 1962 entre le gouvernement français et les représentants du FLN, reconnaissent le FLN comme représentant exclusif du peuple algérien, prévoient la libération des prisonniers et l'indépendance de l'Algérie à la suite d'un référendum d'autodétermination (le 8 avril en métropole et le 1er juillet en Algérie) et la constitution d'une force locale réunissant combattants de l'ALN et anciens supplétifs de l'armée française. Un cessez-le-feu est proclamé le 19 mars 1962, qui symbolise pour les appelés du contingent la fin des combats et le retour à court terme en métropole. Sur les 23 196 militaires tués en Algérie au combat ou par accident, entre le 1er novembre 1954 et le 19 mars 1962, 9 283 des décédés sont des appelés, les autres sont des militaires de carrière ou des supplétifs musulmans de l'armée française. Le gouvernement pense que la majorité des Européens d'Algérie restera en Algérie et que seule une minorité rejoindra la métropole. Mais entre le cessez-le-feu le 19 mars 1962 et le 5 juillet, date de l'indépendance de l'Algérie, une situation de chaos s'installe progressivement en Algérie.

Cette période est aussi celle des illusions pour tous les acteurs du conflit, comme le décrit Pierre Gaillard, responsable de la mission du CICR en Algérie. La première illusion concerne les autorités françaises qui «s'estiment encore souveraines», la deuxième illusion concerne «les Algériens qui se croient déjà maîtres du pays», et la dernière illusion concerne l'OAS qui pense pouvoir arrêter le processus d'indépendance et qui voit d'«un mauvais oeil toute assistance apportée aux musulmans et toute compromission avec les autorités françaises». Les autorités françaises et le GPRA (Gouvernement provisoire de la République algérienne) ont créé une structure politique transitoire pendant la période allant du cessez-le-feu à l'indépendance. L'Exécutif provisoire est une structure politique algérienne de transition dirigée par Aberrahmane Farès. Cet Exécutif représentant le FLN gère le pays avec l'autre structure politique française transitoire représentée par le haut-commissaire, Christian Fouchet. (...)

Auteur : Grégor Mathias

Date de saisie : 20/07/2014

Genre : Documents Essais d'actualité

Éditeur : Michalon, Paris, France

Tag(s) : #Guerre d'Algérie
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