Liens d’archives Journal d’information des Archives départementales Numéro spécial - Février 2011
Parce qu’ils voulaient l’égalité dans l’expression de leurs droits citoyens, quatorze Guyanais ont été, en 1928, privés de leur liberté. En 1931, dans un élan de fraternité, douze jurés de la cour d’assises de Loire-Inférieure les ont rendus à la liberté. Puisant largement dans leurs fonds judiciaires, les Archives départementales ont raconté cette histoire oubliée au travers d'une grande exposition du 9 février au 26 juin 2011.
Le 9 mars 1931, la cour d’assises de Loire-Inférieure s’ouvre sur un procès exceptionnel. Quatorze Guyanais font face à douze jurés du département. Ils sont accusés de meurtres et de pillages en bande commis à Cayenne en août 1928 après la mort suspecte de Jean Galmot, un ancien député de Guyane porteur de beaucoup de leurs espoirs. Inculpés, ils ont été transportés en métropole « pour cause de sûreté publique » et ont passé de longs mois à la maison d’arrêt de Nantes, le temps d’une instruction judiciaire lente et minutieuse.
Le 21 mars 1931, après deux semaines de débats passionnés, sous le regard de la presse et de la foule des curieux, les jurés prononcent l’acquittement des accusés. La cohorte des avocats nantais et parisiens, par des plaidoiries retentissantes, a fait basculer le procès : cette affaire criminelle de droit commun est devenue le procès de la fraude électorale au sein des colonies. Par ce verdict d’apaisement, les jurés ont fait droit à l’idée d’égalité politique des citoyens au sein du système colonial. Libres, les acquittés reçoivent alors d’immenses marques de soutien, avant de s’embarquer à Saint-Nazaire le 9 avril, direction Cayenne.
L’exposition fait revivre cet événement judiciaire exceptionnel. Elle se présente comme une pièce en trois actes : l’évocation d’une colonie lointaine, la machine judiciaire nantaise, le moment éclatant, sonore et dramatique des douze jours d’audience au palais de justice.
Le procès des insurgés de Cayenne - archives.loire ...