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280 – Portrait du jour : Patrick Porizi, auteur d’Hirudo, un polar remarquablement bien ficelé

Le Carnet de l’histoire de la justice, des crimes et des …développe la rubrique Portrait du jour – Criminocorpus  et ouvre ses pages aux fidèles lecteurs du site.

Pour son 280ème Portrait du jour – Criminocorpus le carnet reçoit avec infiniment de plaisir le romancier Patrick Porizi.

Ingénieur de formation, Patrick Porizi travaille dans un bureau d’études.

Il se lance dans l’écriture au détour de la cinquantaine. Après dix mois de travail – essentiellement le week-end car il est toujours salarié- il diffuse son premier livre auto édité, un roman policier intitulé “Une main coupée pour le 36” (2014).

Un an après il sort un deuxième ouvrage “Un miroir pour Scotland Yard miroir ” (2015) qui vient conclure les aventures entamées dans le premier.

En 2016, il publie “Six petits maigres“…

Nous avons demandé “au plus beau sourire de Nîmes”, la romancière Anne Combe de réaliser l’interview de Patrick Porizi pour le carnet criminocorpus.

Bienvenue Patrick sur le blog des “aficionados du crime”. Ph. P

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Patrick, tu es l’auteur d’Hirudo, un polar remarquablement bien ficelé, très rythmé, que tu as présenté au public nîmois lors de la rencontre littéraire Paroles d’auteurs du 12 novembre dernier. Ton roman s’ouvre sur une découverte macabre : un corps entièrement nu gisant sur le sol et couvert de sang séché, qui semble « avoir été poinçonné des dizaines de fois par un outil étrange sur le torse et sur les membres ». Très vite, les premiers éléments de l’enquête convergent vers une étrange disparition : une femme et sa fille, parties sans laisser de traces. S’ensuit une traque en pleine tempête de neige dans le Massif du Vercors, où chacun se bat contre la montre pour sauver sa peau ou commettre l’irréparable. Une pépite littéraire qui ressort du paysage ordinaire des romans policiers grâce à une intrigue originale et à une écriture poétique et très soignée.

Anne Combe : Patrick, tu es ingénieur en environnement et sécurité au travail, auteur de cinq polars. Quand et pourquoi as-tu emprunté les chemins de l’écriture ? Comment ces deux activités se nourrissent-elles l’une de l’autre ?

Patrick Porizi : « Depuis mes vingt ans, écrire un livre était resté un objectif, un accomplissement nécessaire dans une vie que je souhaitais bien remplie : « Un jour j’écrirai un livre… » était un mantra devenu de plus en plus lourd et obsédant au fil des années. Jusqu’à cette journée de décembre 2013 où, par la grâce d’une rencontre avec une auteure américaine, j’ai appris qu’il était possible de diffuser son travail d’écriture sur des sites d’autoédition. Le regard d’un lecteur me semblant plus supportable que celui d’un éditeur, je me suis lancé. C’est ainsi que sont nés  “Une main coupée pour le 36”, suivi d’ “Un miroir pour Scotland Yard  “. Ces deux livres sont des polars où le personnage principal est un jeune flic en quête d’une vérité à laquelle son destin est lié. Puis j’ai écrit “Six petits maigres” et d’Une seule balle , des enquêtes menées par des personnages différents. Mon objectif étant atteint, je me suis souvent demandé pourquoi je continuais à écrire. Je crois que la réponse tient en trois mots : ça m’amuse. Créer un monde et des personnages que l’on a choisis est une façon de vivre plusieurs vies, un stratagème qui permet d’échapper au quotidien par le vagabondage de la pensée. Le temps professionnel précède le temps spirituel. Même si le premier occupe plus de place que le deuxième dans ma vie, l’acte créatif est devenu essentiel. Les grands auteurs écrivent pour ne pas mourir, je me contente d’écrire pour mieux vivre ».

A.C. : Pourquoi le polar ?

P.P. : « ça, c’est une question difficile… pour quelqu’un qui lit peu de polars. J’ai choisi ce registre spontanément sans doute parce qu’il permet d’activer plus facilement mes ressorts créatifs : maintenir le lecteur en lévitation avant la chute, explorer l’âme humaine, découvrir et imaginer des milieux physiques particuliers, donner corps à des personnages attachants ou antipathiques, relier les fils de l’intrigue… Observer la lutte du « bien » et du « mal » est un spectacle fascinant, non ? Surtout quand le diable arbitre la rencontre. Le polar permet de développer un univers riche où même l’humour trouve sa place ».

A.C. : Qu’est-ce qui t’a donné envie de raconter cette histoire qui va rapidement soulever des sentiments très forts chez le commandant Pierre Angello chargé de l’affaire ?

P.P. : « Pour Hirudo, la trame s’est développée autour de deux éléments structurants : le mode opératoire utilisé par l’assassin et le désir de tirer le fil d’une chasse à l’homme en période hivernale. Le scénario prend toujours corps dans un milieu que j’ai envie d’explorer. Je ne pouvais imaginer Angello autrement qu’en flic bourru, sur le retour, vivant seul avec un canari qu’il traite d’ailleurs avec délicatesse. C’est un personnage tombé du ciel qui s’est rapidement imposé dès le début de l’écriture. Il traîne un mal qu’il croit incurable jusqu’à ce que la providence lui livre un cadavre très particulier. Le flic perçoit vite que cette affaire peut bouleverser son existence. Alors il y va, il cherche, il enquête et il… je ne vais quand même pas tout dévoiler. Enfin, sachez que c’est un flic qui a du cœur et qui est bien content de l’entendre battre à nouveau. Je ne ressemble pas au commandant Angello mais je suis fier qu’il soit devenu mon ami. Je l’aime bien, le Grenoblois, peut-être parce qu’il a du tempérament ou peut-être parce que c’est un quinqua, comme moi. Et la cinquantaine, c’est l’âge des bilans… pas seulement sanguins ».

A.C. : Dans Hirudo, tu sondes l’âme humaine avec beaucoup de finesse, tandis que les rebondissements de l’enquête s’enchaînent à un rythme trépident, sans jamais laisser de répit au lecteur. On sent que tu n’en es pas à ton premier coup d’essai. Comment as-tu construit cette histoire à plusieurs voix, dans laquelle tu dépeins précisément le fonctionnement de la PJ ou encore les paysages enneigés du massif de la Chartreuse ?

P.P. : « La trame initiale était très lâche. Elle s’est étoffée en cours d’écriture. La difficulté, dans un scénario c’est que vous avez des bouts de laine et qu’il faut en faire un pull qui aille à un maximum de lecteurs. Tous les fils doivent être reliés sans laisser de trous. Agatha savait tricoter, c’est notre maîtresse à tous. La crédibilité des univers que l’on décrit est aussi fondamentale. Je me documente donc suffisamment pour éviter les erreurs grossières. N’étant pas flic, le monde de la PJ ne m’est pas familier mais quel plaisir de s’y immerger en pensée et d’imaginer son fonctionnement, ses travers, sa grandeur ! J’habite dans le Sud, loin de Grenoble et sa région que je connais tout de même un peu. J’ai comblé mes lacunes en allant chercher sur Internet les informations qui me manquaient. J’essaie d’appliquer une règle simple : toujours vérifier les informations avant de les insérer dans le scénario. Pour le reste, c’est l’imagination qui nourrit l’intrigue ».

A.C. : Dans certains chapitres, tu entres dans la peau d’un personnage féminin. Comment as-tu fait pour dépeindre avec autant de précisons les sentiments qui assaillent Ana, notamment pour protéger sa fille des griffes d’un prédateur ?

P.P. : « Je n’en suis pas à mon premier personnage féminin. Je me suis beaucoup attaché à l’héroïne de Six petits maigres, Eva. Il se trouve que, comme tout le monde, j’ai une mère mais j’ai aussi une femme, une sœur, deux filles et deux nièces. Scientifiquement parlant, ce n’est pas un échantillon féminin représentatif, mais je m’en inspire malgré tout pour donner vie aux femmes – de caractère – qui apparaissent dans mes romans. Dans Hirudo,, Ana endure des épreuves qui vont forger sa détermination et faire d’elle, comme du commandant Angello, des héros malgré eux. Ce qu’elle ressent est si universel que ses sentiments jaillissent d’eux-mêmes sous la plume ».

A.C. : Quel est ton passage préféré ?

P.P. : « J’ai pris beaucoup de plaisir à décrire la fuite d’Ana et sa fille dans la tempête de neige mais aussi la marche d’Anton à travers le massif de la Chartreuse. Ce sont des moments privilégiés pour cheminer avec eux et livrer leurs états d’âme, tout en distillant des informations entretenant le suspense. Avant de plonger le lecteur au cœur d’un univers hivernal, j’ai la sensation de partir en reconnaissance sur les chemins qu’il empruntera à son tour ».

A.C. : Que vas-tu faire les prochains mois ?

P.P. : « Les prochains mois seront consacrés à la finalisation de mon prochain roman, Polar club, qui devrait être proposé aux lecteurs au début de l’année 2020. Je vais donc passer l’hiver en famille, mais une famille élargie aux nouveaux personnages que j’accueille toujours avec plaisir au coin du feu, surtout s’ils me racontent leur histoire ».

Résumé de Hirudo

Quand Pierre Angello, commandant expérimenté à la PJ de Grenoble, découvre les conditions très particulières dans lesquelles un homme a été assassiné à deux pas de l’hôtel de police, il est ébranlé. Les premiers éléments de l’enquête orientent ses recherches vers une femme et sa fille qui viennent de disparaître dans le massif de la Chartreuse, sans laisser de traces. Cette affaire hors norme va réveiller chez l’officier des sentiments profondément enfouis. En pleine tempête de neige, il se lance alors dans une course contre la montre haletante. Pourquoi s’acharne-t-il à traquer le coupable avec autant de hargne ? Parce-que c’est une histoire de vie ou de mort ? Mais de quelle vie s’agit-il ? La sienne, peut-être…

Avec « Hirudo », Patrick PORIZI signe un cinquième polar où le suspense ne coagule jamais.  

La romancière Anne Combe – crédit photo Margaux Horel

A propos d’Anne Combe qui a réalisé cet interview pour le carnet crimocorpus

Anne vit à Nîmes, dans le Gard. Elle a travaillé pendant près de dix ans dans le secteur de la communication d’entreprise avant de se consacrer à l’écriture et à sa vie de famille. Auteure d’albums jeunesse, elle signe avec succès son premier roman, Comédie pour un mort . Elle organise, chaque mois, les rencontres littéraires Paroles d’auteurs à Nîmes pour valoriser des écrivains de sa région…

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Philippe Poisson, gestionnaire du carnet criminocorpus, anime la rubrique « Portrait du jour ».

Le carnet criminocorpus est ouvert à un large public au-delà de la seule communauté des chercheurs. Cette rubrique «portrait du jour» permet  de faire connaître d’autres activités croisant l’histoire de la justice à travers le parcours de personne ayant accepté de présenter leur trajectoire professionnelle. On trouvera donc ici des parcours d’historiens, de romanciers , de sociologues, cinéastes, professionnels de la sécurité, etc.  Cette rubrique est animée par Philippe Poisson , membre correspondant du CLAMOR et ancien formateur des personnels à l’ENAP. et l’A.P. La publication du portrait du jour est liée aux bonnes volontés de chacun, nous invitons donc les volontaires à prendre contact avec philippepoisson@hotmail.com – Marc Renneville , directeur du CLAMOR et de Criminocorpus.

A propos du site : Criminocorpus propose le premier musée nativement numérique dédié à l’histoire de la justice, des crimes et des peines. Ce musée produit ou accueille des expositions thématiques et des visites de lieux de justice. Ses collections rassemblent une sélection de documents et d’objets constituant des sources particulièrement rares ou peu accessibles pour l’histoire de la justice.

Nos autres sites : REVUE et le BLOG D’ACTUALITÉS

Tag(s) : #Coup de coeur du jour, #portrait du jour criminocorpus, #Romans - Essais - Polars - Thrillers
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