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Comme un bonheur n’arrive jamais seul, et , pour son 349ème Portrait du jour – Criminocorpus le carnet reçoit Marek CORBEL
Marek Corbel est né en 1976, à Quimperlé dans le Finistère, département où il a grandi. Diplômé de l’Institut d’ Etudes Politiques de Toulouse, juriste dans l’Education nationale, il demeure un amateur assidu de romans policiers depuis l’adolescence. Cette passion de lecteur pour le genre l’a poussé à franchir le cap de l’écriture, en 2011, avec un premier opus. Depuis, Marek Corbel a publié quatre romans noirs. Il affectionne les intrigues sociales, politiques racontant, quelque chose de notre époque comme dans « Il était une fois 1945 » (I.S. Edition) ou dans le premier volet de sa trilogie numérique « En proie au labyrinthe » (Editions La Liseuse). Pour autant, cet auteur ne dédaigne pas taquiner un polar plus classique inséré dans une région partie prenante de l’enquête policière, que ce soit dans « Le sanctuaire de Cargèse » (Editions Néobook) ou dans « Concarn’noir » (Averba Futurorum).
Nous avons demandé à un autre ami du carnet Criminocorpus, Raphaël Rubio de réaliser l’interview de Marek pour le carnet Criminocorpus.
Bienvenue messieurs sur le blog des “aficionados du crime”. Ph. P
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Questions posées par un ami auteur et journaliste Raphaël Rubio.
Marek Corbel, bonjour.
1 Tout d’abord une question assez rituelle. Comment êtes vous venu à l’écriture ? Plus spécifiquement pourquoi avoir choisi le polar ?
Salut. Tout d’abord, cela me fait très bizarre le vouvoiement bientôt 25 ans après notre première rencontre. Il y a cependant un petit côté ludique qui n’est pas pour me déplaire. L’écriture est le produit, comme pour la plupart des auteurs je pense, d’un cheminement personnel. Après avoir été un lecteur invétéré de romans durant l’adolescence, en raison des études puis de la vie personnelle et professionnelle, je me suis retrouvé plus porté progressivement vers les essais, ouvrages historiques.
Par un hasard heureux ou pas ( cela dépend des lecteurs et lectrices), j’ai eu l’occasion, il y a une quinzaine d’années de renouer avec ce qu’on appelle le roman de genre non sans un plaisir et un enthousiasme renouvelés, avec le recul de mes lectures précédentes et plus globalement de la vie. Cela m’a permis de découvrir ou redécouvrir d’autres auteurs de polars ou romans noirs.
Au regard de mes centres d’intérêt, de plusieurs livres qui m’avaient plus, je me faisais à l’idée de l’écriture. La lecture du roman de Dennis Lehane « Un pays à l’aube », une superbe fresque sur le Boston de l’après Grande guerre m’a définitivement convaincu de sauter le pas.
La littérature de genre s’est immédiatement imposée comme support des histoires que je souhaitais raconter. Les codes du polar, l’univers du roman noir ont toujours permis aux problématiques historiques, sociales voire politiques de s’exprimer souvent bien davantage que dans ce qu’on appelle communément « la blanche ».
2 .Question peut-être un peu plus personnelle et probablement plus intéressée. Je compte, pour la presse, réaliser des portraits d’artistes, œuvrant dans leurs cadres de travail. Comment composez vous vos livres ? Dans quels lieux et vers quelles heures ? Ecoutez-vous de la musique en écrivant ? En sommes comment définissez-vous votre style de travail ?
Merci pour la question intéressée. En règle générale, mon lancement dans un roman s’avère le résultat d’un processus plus ou moins long de maturation. Pour résumer, en général, une abstraction en rapport avec mes lectures, discussions, ce que je vois me bouscule. J’éprouve durant plusieurs semaines le sujet qui me travaille ou de ce qui s’apparente à l’aune de l’actualité, l’histoire, de l’intérêt narratif de la chose.
A un moment donné, si le thème et l’intrique en gestation se montrent suffisamment solides et sont corroborés par de nouveaux éléments, l’imaginaire me déborde. Le temps est venu de la construction de l’histoire puis de l’écriture.
En général, je grappille à ce que j’ai de loisir le temps nécessaire pour mes romans. Les pauses méridiennes au moins autant que mes réveils souvent très matinaux sont largement mis à contribution. Du fait principalement de ma culture proprement inexistante en la matière et d’une certaine difficulté de concentration, je n’écoute pas de musique durant l’écriture.
Toutefois, grâce aux progrès de la technologie, et notamment de mon I Phone, j’apprécie de savourer des chansons quand je me ballade dans Paris. Il s’agit parfois de moments consacrés à la gestation d’une intrigue. Donc, d’une certaine manière paradoxalement, la musique infuse sur mon imaginaire.
Pas plus tard que ce matin, je réfléchissais à une histoire que je tiens depuis plusieurs années. Je n’arrivais pas à trouver de ressort narratif qui sorte du conventionnel en dehors de ce qui a été écrit sur ce thème. Et puis, une chanson d’Elvis est venue complètement rebattre les cartes…. On verra bien.
J’ai le style de quelqu’un qui ne vit pas de sa plume et heureusement…..
3: Vos œuvres possèdent une dimension graphique et cinématographique très forte. Quelles sont vos sources d’inspiration, tant au niveau du cinéma que des autres arts ?
Oui, c’est souvent le retour que j’ai eu des lecteurs et lectrices qui apprécient ma prose. C’est super sympa merci. Je n’y pense pas au moment où je me trouve dans mon roman. J’envisage visuellement la scène. Ceci explique très partiellement cela.
Pour autant, je suis un cinéphile donc le grand écran participe de mon imaginaire sans doute. Et là encore, c’est le film de genre qui a le plus souvent suscité mon intérêt. Du Péplum de Cineccita aux films de cape et d’épée sans parler du western spaghetti ou du film noir, je suis partant.
Un genre d’ailleurs souvent ridiculisé par les « précieuses ridicules » du cinéma ou de la littérature avant de les porter aux nues quand la qualité initiale s’impose envers et contre tout. A ce titre, je nourris un attachement particulier, comme pas mal d’auteurs de ma génération, pour Sergio Leone.
D’ailleurs, depuis quelques temps, outre l’écriture, je participe à deux projets en tant que scénariste à savoir une bande dessinée noire et historique sortant à la fin de l’année et à un développement en partie autour de mon roman « Auguste l’aventurier » paru en 2017.
Peut-être que la bande dessinée et la sollicitation autour d’un développement scénaristique partiellement autour d’un de mes romans est lié à ce côté visuel de mon écriture.
Avant le travail très mystérieux de l’écriture, j’ai toujours eu depuis l’enfance un plaisir infini à raconter des fictions.
Mon dessinateur et co-auteur de la bande dessinée a le même sentiment que vous, mon cher Raphaël à propos de la dimension visuelle ou graphique de mon écriture.
4: Vous avez écrit des polars se déroulant dans des endroits très spécifiques : la Corse, la Bretagne, la Seine Saint Denis et même Marseille. La petite histoire éclaire souvent la grande. Il ne s’agit pas chez vous d’établir un lien du « local au global ». Votre pensée est en effet plus profonde que cette formule (ou mantra…) usée jusqu’à la corde. Il est question sous votre plume de dialectique du souvenir, et d’un souci très fort de la réalité. Pouvez-vous nous dire quelle est pour vous la valeur du réel, de l’existence concrète, dans le polar ?
Pour moi, le polar ou roman noir demeure la littérature des arrière-cours, des mouvements profonds d’une société imperceptibles à l’œil nu dans les journaux, médias, commentaires. Bien sur, mes intrigues partent du réel ou du moins d’une perception que je m’en fais à partir d’un travail d’observation, de documentation, de discussions. L’histoire des petits, en apparence secondaire aux yeux de beaucoup, s’avère toujours d’une manière ou d’une autre la réfraction même déformée des mouvements sociaux, économiques, politique d’une époque donnée.
Dans les interstices de cette réalité, l’imaginaire peut s’engouffrer. Là commence mon travail si j’ose dire.
5: Vous mettez en scène, avec un brio saisissant, la vie des classes dites populaires. Vous êtes en effet capable, et c’est là l’une de vos singularités, de rendre palpable les émotions, les déchirements et les espoirs de la vie populaire. Aujourd’hui, une sorte d’hégémonie culturelle, ou plutôt un désir mimétique, amène les écrivains de littérature blanche à épouser les postures et le style d’une certaine bourgeoisie. Seul le Polar semble échapper à ce phénomène ? Comment expliquez vous la réticence, chez bon nombre d’écrivains, à vouloir traiter les figures populaires ?
Mes remerciements renouvelés, mon cher. Je ne fais pas exprès. Là encore, mon dessinateur co-auteur en bande dessiné a le même ressenti. J’ai une bienveillance inconditionnelle pour les petits, ceux qui morflent. A presque 45 ans, on ne se refait pas.
Concernant la blanche, je dirais que je ne me sens pas concerné. Sauf que justement pour traiter les classes populaires, y compris dans le roman noir, la littérature blanche a tendance à déteindre de manière négative.
On a eu, à grand renfort de publicité, la mode de ce qu’on a appelé le noir rural par exemple. Dans ce genre de fiction, le traitement de ce qui reste de classe paysanne en France s’avérait désastreux pour moi avec un faux voyeurisme et une empathie feinte dans un cadre assez peu crédible.
Il y a une nouvelle tendance depuis quelques temps dans le noir hexagonal qui vise à délocaliser le plus loin possible les problématiques sociales et politiques afin d’éviter de parler de son temps et des enjeux qui y sont afférents.
On parlera poliment de frilosité des grands éditeurs en ce sens. Pour ma part, j’ai besoin de nourrir un attachement pour mes personnages comme dans « Auguste l’aventurier » ou d’aborder à bras le corps, comme d’autres collègues auteurs injustement méconnus, les questions que je crois intéressantes à fictionner. Je pense notamment à ma trilogie « En proie au labyrinthe »
6: Quel est selon vous l’avenir du Thriller politique ? Quels sont vos projets personnels ?
Cela me semble difficile à pronostiquer quoi que ce soit. Ce qui s’avère certain c’est qu’il y a un lectorat, aussi modeste soit-il, intéressé à une évolution du genre. Pour ma part, je travaille à une trilogie de bande dessinée noire avec Cyrille mon dessinateur. D’ailleurs, si je m’abuse, mon cher Raphaël, vous nous rejoindrez en tant que co-scénariste sur le troisième opus puisqu’il s’agit d’une histoire que nous avons imaginé tous les deux en 2013.
Sinon, je vais poursuivre l’écriture d’un projet autour de mon roman « Auguste l’aventurier » qui est un hommage à la littérature de genre d’après-guerre à travers la figure d’Auguste Le Breton auteur de « Du rififi chez les hommes » et « Le clan des siciliens ».
J’ai toujours un polar urbain contemporain dans mes tiroirs qui traite de la gentrification en petite couronne parisienne. Merci à toi camarade »
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Le carnet criminocorpus est ouvert à un large public au-delà de la seule communauté des chercheurs. Cette rubrique «portrait du jour» permet de faire connaître d’autres activités croisant l’histoire de la justice à travers le parcours de personne ayant accepté de présenter leur trajectoire professionnelle. On trouvera donc ici des parcours d’historiens, de romanciers , de sociologues, cinéastes, professionnels de la sécurité, etc. Cette rubrique est animée par Philippe Poisson, membre correspondant du CLAMOR et ancien formateur des personnels à l’ENAP. et l’A.P. La publication du portrait du jour est liée aux bonnes volontés de chacun, nous invitons donc les volontaires à prendre contact avec philippepoisson@hotmail.com – Marc Renneville, directeur du CLAMOR et de Criminocorpus.
A propos du site : Criminocorpus propose le premier musée nativement numérique dédié à l’histoire de la justice, des crimes et des peines. Ce musée produit ou accueille des expositions thématiques et des visites de lieux de justice. Ses collections rassemblent une sélection de documents et d’objets constituant des sources particulièrement rares ou peu accessibles pour l’histoire de la justice.
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349 - Marek Corbel, l'auteur de " Auguste l'aventurier "
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