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350 – « Allô Criminocorpus ? » : c’est Matthieu kondryszyn , brigadier de police à Paris

 

 

Le Carnet de l’histoire de la justice, des crimes et des peines  développe la rubrique Portrait du jour – Criminocorpus  et ouvre ses pages aux fidèles lecteurs du site.

Aujourd’hui nous recevons Matthieu kondryszyn , brigadier de police à Paris, pour notre 350ème Portrait du jour – Criminocorpus . Matthieu est l’une des voix du 17 Police secours . Il est par ailleurs auteur et poète.

Nous avons demandé à une amie du carnet Criminocorpus, Valérie Valeix , de réaliser l’interview de Matthieu pour les lecteurs.

Bienvenue Matthieu sur le très discret et prisé carnet Criminocorpus …Ph. P

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Née dans les Yvelines en 1971, passionnée d’Histoire, Valérie. Valeix a été membre de la Fondation Napoléon. À la suite d’un déménagement en Normandie, intéressée depuis toujours par l’apiculture (son arrière-grand-père était apiculteur en Auvergne), elle fonde les ruchers d’Audrey. Elle s’engage alors dans le combat contre l’effondrement des colonies, la « malbouffe » et dans l’apithérapie (soins grâce aux produits de la ruche). – Elle eut l’honneur d’être amie – et le fournisseur de miel – de sa romancière favorite, Juliette Benzoni, reine du roman historique, malheureusement décédée en 2016. Cette dernière a encouragé ses premiers pas dans l’écriture « apicole ».

« Bonjour Matthieu, on ne s’est vu qu’une seule fois dans un salon d’Eure et Loir et tu aurais dû faire partie de ma liste d’auteurs pour Bee Polar 2020 annulé, la faute au Covid-19 ! Comment vas-tu depuis ce 2 février ?

Très bien ! J’avance tranquillement mais sûrement dans mes futurs projets littéraires. Le confinement m’a permis de me concentrer sur mes écrits mais il a, comme tu dis, engendré l’annulation de toutes les dédicaces et ça, c’est un mauvais point. J’espère que les lecteurs seront de retour à la réouverture des salons. On l’espère tous d’ici la fin de l’année !

Le confinement m’a par ailleurs inspiré et j’ai écrit deux poèmes sur le Covid-19. Je les offre pour tout achat de mon recueil « Rimes en plein rave » (Editions AETH) pour soutenir les Editeurs dans cette période si particulière.

Tu m’avais fait parvenir tes livres « Allô la Police ? 100% vrai ! 100% drôle ! » (Cherche midi) et « Les Vivants » (Encre rouge) qui auraient dû être à l’affiche de mon salon. Je les ai lus tous les deux, pas du tout la même chose, tu nous expliques ça ?

Oui en effet, ce sont deux styles diamétralement opposés mais j’ai autant besoin du fantastique que de l’humour. J’ai commencé à écrire de petites histoires fantastiques durant mon adolescence grâce à la série télévisée The X-Files : Aux frontières du réel. Mon père corrigeait mes écrits et il m’a aussi fait découvrir Pierre

Christine Gayon-Thépot, romancière

Desproges et les bandes dessinées de Gotlib. J’adore cet humour sans limite, complètement décalé.

Après la sortie de mon premier livre « Allô la police ? », j’ai participé à plusieurs salons de livre et je voyais des collègues auteurs ayant écrit des romans. Je me sentais un peu frustré car mon livre ne venait pas de mes tripes car il regroupe des appels délirants tous issus du 17 Police secours. Je ne suis qu’un intermédiaire entre la personne qui appelle la police et le lecteur. Même si je suis heureux de partager mon expérience professionnelle et de faire rire les gens, ça ne vient pas de moi. En 2017, une amie, Christine Thépot-Gayon , auteure du roman « Siberia », a lu une de mes nouvelles, « Secondes mortelles », et m’a poussé à écrire mon premier roman. Le décès d’un proche la même année m’a donné le déclic pour écrire sur le thème du cimetière. « Les Vivants » est donc sorti l’an dernier avec pleins de clins d’œil à X-Files et Stephen King que je lis depuis de longues années.

Parle-nous de ton parcours ? On est flic de père en fils chez toi ?

Pas du tout ! Mon père était artisan ébéniste. Rien à voir ! Plus jeune, j’ai voulu être paléontologue pour déterrer les dinosaures, puis DJ car fan de techno et j’ai en fait choisi le métier de policier car j’aime rendre service aux gens. J’ai travaillé sept ans sur le XIXème arrondissement de Paris (missions de police secours) avant d’intégrer le service des appels 17.

Ton premier ouvrage « Allô la Police ? » est directement inspiré de ton boulot. Tu es sûr que tu n’as rien inventé ou romancé, parce qu’à priori, ça serait assez facile de broder sur le sujet !

C’est marqué sur la couverture : « 100% vrai ! » ! Ce sont tous de vrais appels entendus au 17 Police secours. Quand j’ai intégré le service en 2012, je n’avais pas l’intention d’écrire de livre mais quand j’ai écouté les premiers appels, je me suis rendu compte que les gens peuvent appeler pour tout et n’importe quoi. On a un appel sur deux qui n’est pas urgent. C’est énorme ! Je me suis dit qu’il fallait faire quelque chose, ne pas laisser ces appels disparaître, montrer aux gens ce qu’on entend au 17. Il y avait cette idée de partager mon expérience professionnelle, de faire rire mais aussi de passer un message pédagogique : le 17, c’est pour les urgences ! Le projet d’un livre est venu rapidement. Et je ne vois aucune utilité à inventer ou broder sur le sujet ! Ça n’aurait pas de sens !

Y a-t-il un ou deux appels qui t’ont particulièrement marqués ?

Oui, l’un de mes premiers appels entendus était une femme qui voulait qu’on intervienne dans une station-service car le Kärcher ne fonctionnait pas et elle voulait se faire rembourser ses deux euros. Où est l’urgence ?

Il paraît que tu écris un tome 2 d’« Allô la Police ? ». Sera-t-il différent du premier et si oui dans quel sens ? Envisages-tu un 3ème opus ?

Le tome 2 n’était pas du tout prévu ! Je n’aime pas faire deux fois la même chose. Ceci-dit, j’ai eu de nombreuses demandes après la sortie de mon livre. Et j’ai toujours continué, par réflexe, à noter les appels 17 cocasses. Si le volume 2 verra le jour, je le voudrai différent du premier, avec un classement par thèmes et notamment sur le Covid-19. Pour le moment, je n’en dis pas plus, ça reste top secret ! Pas de volume 3 prévu à l’horizon ! Mais la BD « Allô la police ? » est dans les tuyaux…

Comment le premier tome a-t-il été reçu dans ton service et auprès de tes supérieurs ?

Très bien dans l’ensemble. Les collègues me donnaient des appels qui les avaient marqués, complètement loufoques. C’est aussi un travail de groupe ! Je les remercie à nouveau. Car sans eux, je n’aurais pas eu autant d’appels à noter dans mon livre. Et ça continue !

As-tu des manies d’écrivain ou des horaires particuliers pour l’écriture ?

Pas vraiment. Pour mon roman « Les Vivants », j’avais un petit cahier qui me permettait de noter mes idées, mes esquisses de chapitre. Je le transportais partout. J’aime bien écrire quand j’ai la tête vide, par exemple dans le train quand je pars en vacances.

Pour les poèmes, ils peuvent venir à n’importe quelle heure de la journée ou de la nuit. Il n’y a pas de règle.

Aimerais-tu écrire un polar ? C’est souvent un classique des policiers à la retraite ou en service.

Pas du tout. Je baigne dans le milieu policier depuis 2003 mais pour le moment, je n’ai aucune inspiration pour l’écriture d’un polar. Peut-être que ça viendra un jour, je ne sais pas, mais pas dans l’immédiat.

D’autres projets littéraires ? Sans trop te dévoiler bien sûr.

Oui. Comme je disais, la BD « Allô la police ? » est en préparation et en collaboration avec Alexandre Despretz , auteur des « Brèves de volant ». On a travaillé sur plusieurs dizaines de scénarios avec à chaque fois un appel 17 réel. Je suis très content du résultat et le dessinateur travaille actuellement dessus. Je n’en dis pas plus mais le résultat va être super chouette !

J’aimerais aussi écrire un jour un recueil de nouvelles que j’aurais retravaillé en amont, un livre regroupant quelques textes personnels. Mais ça, ce sera pour plus tard. Je veux d’abord terminer mes projets « humour police » avant de passer à autre chose. Je ne suis pas du genre à travailler sur plusieurs projets en même temps.

Je me suis laissée dire que tu étais un fan invétéré de musique techno, d’où cela te vient-il ?

Mon père m’a fait découvrir la musique électronique avec les vinyles de Jean-Michel Jarre et Klaus Schulze. J’adore entendre les machines chanter ! Au primaire, un camarade de classe m’a initié à la « dance music » avec les compilations « TOP DJ » qu’il m’enregistrait sur cassette audio. Toute une époque… Puis après au collège, je découvre la techno avec Laurent Garnier, et ses variantes : le hardcore (Thunderdome), la trance (Skyrave, émission de la radio Skyrock). La techno, c’est ma grande passion. J’ai du son tous les jours chez moi. Je ne peux pas m’en passer.

Donc tu as mis ta passion techno en poèmes ? On passe facilement des appels de détresse aux rimes ?

Mon père écrit de supers beaux poèmes et un jour, je me suis lancé dans l’écriture des rimes. A défaut de pouvoir être DJ, j’ai recraché ma passion de la techno sur le papier. C’est important pour moi de partager ma passion de la musique et de montrer aux gens que la techno, ce n’est pas que du « BOUM BOUM ». Je suis donc fier de mon troisième ouvrage « Rimes en plein rave » (une rave est une soirée techno pour faire simple). Il y a dedans une trentaine de poèmes illustrés avec mes dessins psychédéliques, avec notamment des rimes sur le thème « biomechanik » inventé par le Suisse Hans Ruedi Giger, créateur d’Alien. Ça me tenait vraiment à cœur et le résultat est superbe ! Je remercie mon Editeur AETH (Laurent André ) et Damien Bouché , dessinateur, qui a travaillé sur la belle couverture.

Oui, je passe facilement des appels de détresse aux rimes. D’un côté, il y a le travail et de l’autre mes passions : la musique, l’écriture, l’évasion littéraire. Les deux sont complémentaires.

Es-tu un grand lecteur ? Si oui, parle-nous de ta lecture en cours et de ce que tu aimes lire.

Je suis un lecteur mais je n’engloutis pas plusieurs romans par mois. Les rencontres avec d’autres auteurs m’ont ouvert l’esprit sur d’autres genres car plus jeune, je ne lisais que du fantastique (Stephen King, X-Files, …). J’ai dévoré dans le passé des ouvrages sur l’ufologie, la criminologie, la deuxième guerre mondiale. J’aime maintenant lire les ouvrages de mes amis auteurs, je découvre d’autres univers et c’est enrichissant.

Actuellement, je termine mon dernier Stephen King qui me restait à lire : Jessie. Je ne souhaite à personne ce qui arrive à cette femme…

Merci Matthieu pour ce moment partagé et à une prochaine fois pour ton futur ouvrage. Maintenant, tu fais partie du Carnet Criminocorpus. »

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Philippe Poisson, gestionnaire du carnet criminocorpus, anime la rubrique « Portrait du jour »…

Le carnet criminocorpus est ouvert à un large public au-delà de la seule communauté des chercheurs. Cette rubrique «portrait du jour» permet  de faire connaître d’autres activités croisant l’histoire de la justice à travers le parcours de personne ayant accepté de présenter leur trajectoire professionnelle. On trouvera donc ici des parcours d’historiens, de romanciers , de sociologues, cinéastes, professionnels de la sécurité, etc.  Cette rubrique est animée par Philippe Poisson, membre correspondant du CLAMOR et ancien formateur des personnels à l’ENAP. et l’A.P. La publication du portrait du jour est liée aux bonnes volontés de chacun, nous invitons donc les volontaires à prendre contact avec philippepoisson@hotmail.com – Marc Renneville, directeur du CLAMOR et de Criminocorpus.

Directeur du CLAMOR, Marc Renneville est historien des sciences spécialisé sur les savoirs du crime et du criminel, directeur de recherche au CNRS…

A propos du site : Criminocorpus propose le premier musée nativement numérique dédié à l’histoire de la justice, des crimes et des peines. Ce musée produit ou accueille des expositions thématiques et des visites de lieux de justice. Ses collections rassemblent une sélection de documents et d’objets constituant des sources particulièrement rares ou peu accessibles pour l’histoire de la justice.

Nos autres sites : REVUE et le BLOG D’ACTUALITÉS

Relecture et mise en page Ph. P et S.P.


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Tag(s) : #Coup de coeur du jour, #portrait du jour criminocorpus
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