Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Portrait du jour - Gilles Delabie, éducateur social et auteur français

Reprise du portrait du jour criminocorpus - En attendant de publier ce portrait du jour dans la nouvelle version "Culture et Justice" de l'association Criminocorpus, nous mettons en ligne celui de Gilles Delabie sur mon blog personnel

Nous recevons avec infiniment de plaisir Gilles Delabie.

Gilles Delabie est un éducateur social et auteur français.

Il a été musicien (guitare, batterie), colporteur, comédien avant de devenir éducateur dans le secteur médico-social. Il est membre itinérant d’une association d’insertion et d’aide aux polytoxicomanes.

La connaissance de sa région de Haute Normandie et plus particulièrement de sa ville de Rouen lui sert de cadre aux romans dont il est l’auteur.

C’est Valérie Valeix, notre abeille préférée, qui a assuré pour le carnet Criminocorpus, l’interview de Gilles Delabie.

Bienvenue Gilles sur la page "Culture et Justice". Ph. P

 

Née dans les Yvelines en 1971, passionnée d’Histoire, V. Valeix a été membre de la Fondation Napoléon. À la suite d’un déménagement en Normandie, intéressée depuis toujours par l’apiculture (son arrière-grand-père était apiculteur en Auvergne), elle fonde les ruchers d’Audrey. Elle s’engage alors dans le combat contre l’effondrement des colonies, la « malbouffe » et dans l’apithérapie (soins grâce aux produits de la ruche).
Elle eut l’honneur d’être amie – et le fournisseur de miel – de sa romancière favorite, Juliette Benzoni, reine du roman historique, malheureusement décédée en 2016. Cette dernière a encouragé ses premiers pas dans l’écriture « apicole »…

Aujourd’hui la ruche criminelle, organe de Criminocorpus, fait passer Gilles Delabie sur le grill. Gilles est auteur rouennais d’une série de polars rétro avec à leur tête le commissaire Bouvier qui sévit dans le Rouen des années 50.

Bon allez Gilles, avoue, tes parents t’ont obligé à regarder Maigret ou Bourrel quand tu étais petit ?

Non, pas du tout. Nous regardions très peu la télévision et j’ai été bercé par les séries américaines, assez stupides, du genre Starsky et Hutch… Tu vois, je reviens de loin. Ah oui ! J’ai eu ma période Derrick, ma série du réveil, vers 14 heures… Mais, je me droguais à l’époque, comme le scénariste de cette série.

Comment est né le personnage du commissaire Bouvier ?

En vacances, au début des années 90. J’ai commencé à griffonner quelques lignes sur un carnet, au début, je voulais raconter des histoires à mes enfants. Et puis, de fil en aiguille (oui, je les brodais au début, mes histoires) le personnage de Bouvier est apparu, largement inspiré par celui de mon maître, Simenon, le célébrissime commissaire Maigret.

Je crois savoir que tu es un ancien travailleur social, on a du te poser la question cent fois, ça fera cent-un, t’inspires-tu de ce que tu as entendu ou vécu auprès des gens que tu suivais ?

Oui et non… J’ai dépeint la misère, que j’ai cotoyée pendant 20 ans, dans certains de mes romans. Au lieu de la mettre au soleil comme Aznavour, je l’ai reléguée au passé, mais je ne sais pas si elle paraît moins pénible. Cette misère fait partie de notre humanité, pour Bouvier, être pauvre n’est pas une qualité, encore moins un défaut.

Parle-nous de ton parcours, tu étais destiné au milieu littéraire ou pas du tout ?

Au départ, je voulais être musicien. Et puis, mon côté fumiste a rapidement compromis mes chances dans ce domaine. Il faut beaucoup de travail pour être un bon musicien, beaucoup d’abnégation aussi. Je n’ai pas ça en magasin. Je suis un vrai paresseux, un jouisseur. J’aime m’ennuyer pour le seul plaisir d’y remédier, trouver des occupations ludiques.

L’écriture ne me demande pas beaucoup d’efforts, je dois l’avouer. Au début, j’ai écrit des chansons, j’en possède plus de 200 et certaines sont très bonnes, excellentes si on les compare à du Bruel, Christine and the Queens et autre Maître Gims.

Et puis je me suis mis au roman et certains lecteurs ont apprécié, aussi surprenant que la chose puisse paraître. Alors, j’ai continué. Je crois que c’est le destin qui m’est tombé dessus.

Bouvier a quatre enquêtes à son actif, tu comptes lui en faire mener combien ?

Pas 4, seulement 3 ! J’en concocte une quatrième pour septembre et une cinquième pour 21… Bouvier se meurt aussi au fond des disques durs, dans des dizaines d’enquêtes menant vers nulle part…

J’aimerais m’écarter du genre polar, j’ai commencé avec « Boulevard des monstres », qui a reçu un bon accueil.

Le polar est un genre mineur, qui contraint à des figures imposées. Même si on déborde du cadre, on ne peut s’y soustraire. Je suis content lorsque j’ai deux ou trois phrases ou paragraphes qui sonnent correctement dans chaque bouquin. Et puis, je retourne à ma bibliothèque, retrouver mes maîtres et ce contentement est vite passé, car dépassé !

Je ne suis pas un « vrai » écrivain, de ceux qui mettent leur peau sur la table. Je fais comme la plupart de mes contemporains, j’aligne des mots gentiment. Je raconte des histoires, quoi.

Le confinement t-a-t-il été profitable en matière d’écriture ?

Pas plus que d’habitude, mais j’aurai très longtemps la nostalgie de ces deux mois de sérénité absolue.

As-tu pour amis des flics avec lesquels tu échanges pour écrire tes enquêtes ?

Non.

Combien de temps consacres-tu à l’écriture chaque jour ?

Ça dépend… J’ai toujours cette volonté farouche d’accoucher d’un bouquin en 4 semaines, comme Simenon. Sauf que lui, à mon âge, il en avait publié plus de 300 !

J’ai trois phases d’écriture. Je jette les premières lignes. Je laisse reposer. Je les reprends quelques jours, semaines, mois, années, séduit par un personnage, une situation, je la prolonge, me trompe souvent, renonce presque toujours. Et puis, je me mets un coup de pied au cul et m’attèle à achever un manuscrit digne de ce nom. Donc, pour te répondre, je te dirais que ça prend un certain temps !

Es-tu inspiré par les faits divers ?

C’est souvent l’inverse. Je retrouve mes histoires dans le journal, qui sont toujours plus sordides que sur mon papier. Comme quoi, je manque d’imagination.

Aurais-tu envie d’écrire autre chose, de très différent, comme de la poésie, des essais ou bien de la littérature érotique ?

J’écris des poèmes, depuis toujours. Des essais ? Non, je n’ai pas cette prétention, partager mes « réflexions » serait une escroquerie et j’aime l’honnêteté. Surtout, je reste fidèle à ma devise « Lorsque quelqu’un pense comme moi, je me dépêche de penser autre chose », alors c’est mal barré pour un « essai ».

Quant à l’érotisme…

Es-tu un serial lecteur ?

Je suis plus un serial relecteur. Je suis un idiot (pour rester poli), avec des idées et des goûts arrêtés. Je tente de lire les nouveautés, (lorsque je ne suis pas trop débordé lors de mes séances de dédicaces… ne rigole pas !) mais après quelques chapitres, je vais vite rejoindre « mes » auteur(e)s.

Un livre qui t’a marqué cette année ?

Pas 1, 3 ! « Trois jours et une vie » de Pierre Lemaître et « La stricte observance » de Michel Onfray où je me suis arrêté longuement sur cette phrase « Ici, on entre avec soi, c’est à dire avec rien. » Et surtout « Les anagrammes renversantes, ou Le sens caché du monde » de Étienne Klein, Jacques Perry-Salkow

Merci Gilles pour cette interview pas mielleuse, sans jeux de mots, qui permettra de te connaître et de découvrir ce caviar qu’est Bouvier.

Tag(s) : #Coup de coeur du jour, #portrait du jour criminocorpus
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :