Reprise du portrait du jour criminocorpus - En attendant de publier ce portrait du jour dans la nouvelle version "Culture et Justice" de l'association Criminocorpus, nous mettons en ligne celui de Gilles Laporte sur mon blog personnel.
Né en 1945 sur la rive gauche de la Moselle, dans une famille d’ouvriers du textile, Gilles Laporte est un authentique Lorrain. Romancier, biographe, scénariste et conférencier, il consacre toute son énergie de créateur et de conteur à son pays et à ses gens qu’il aime passionnément. Il écrit, raconte des histoires, depuis qu’il sait tenir un crayon. Fidèle à sa culture d’origine, il se présente comme un « ouvrier des lettres ».
Couronnée par de nombreux prix littéraires dont le célèbre prix Erckmann-Chatrian, son œuvre va de la poésie au roman historique, en passant par le théâtre, le film de télévision, le roman contemporain et la biographie. Chevalier de l’ordre des Arts et Lettres et administrateur de la Société des Gens de lettres, Gilles Laporte a aussi créé et animé quatre magazines littéraires pour radio et TV, et intervient régulièrement en milieu scolaire.
Bienvenue Gilles sur le très discret et prisé "Culture et Justice". Fraternité. Ph.P. et C.L.
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Issu d’une famille lorraine d’ouvriers de filature, je suis né le 13 août 1945, à Igney, village des Vosges arrosé par la Moselle.
En 1952, résultat du travail passionné de ma première maîtresse d’école qui a éveillé en moi l’amour de la langue et la passion de l’écriture, j’ai reçu en grandes pompes et flonflons municipaux le Prix de lecture du Cours élémentaire première année… un livre : Don Quichotte de Cervantès en édition illustrée pour enfants. Mon premier livre !
Un événement considérable pour moi car, dans le monde ouvrier de ce temps-là (comme dans le monde paysan), les livres n’avaient pas leur place ! Lire y était considéré comme une occupation de fainéant. J’ai ausitôt lu et relu Don quichotte en me répétant déjà que j’aimerais bien écrire un jour des histoires comme celles-là.
Deuxième événement considérable : la mort de ma grand-mère paternelle, femme qui avait dû renoncer à une vie rêvée d’institutrice (les filles n’allaient pas encore faire des études à la fin du 19ème siècle !) ; elle était devenue éclusière. Quelques jours après son enterrement, j’ai découvert dans une petite armoire… sa bibliothèque secrète : deux ou trois dizaines de livres soigneusement recouverts de papier brun marqué à l’encre violette, de sa belle écriture calligraphiée, des noms d’auteurs (Hugo, Sand, Balzac, Vigny, Lamartine…) et titres. Surpris, j’en étais à admirer ces livres quand un oncle m’expédia dehors : « Tu n’as rien à faire ici ! Dégage ! » Un garçon de quatorze ans n’avait pas son mot à dire en ce temps-là. J’ai donc dégagé. Le soir-même, j’ai vu cet oncle emplir une brouette des livres de ma grand-mère, entasser Hugo, Sand, Vigny et les autres sous un mirabellier du verger, les arroser d’essence, y mettre le feu. Je n’oublierai jamais les flammes qui montaient dans la nuit naissante, dévoraient Le Meunier d’Angibault et La Mort du loup ! Ce soir-là, j’ai hurlé à mon oncle : « Ce n’est pas bien ce que tu fais ! Un jour j’écrirai des livres pour remplacer ceux que tu as brûlés ! »
Promesse tenue !
J’ai connu les collège de Thaon-les-Vosges et lycée d’Epinal, apprécié les études supérieures de philosophie à la Faculté de Nancy sous la férule d’un professeur/penseur inoubliable : Raymond Ruyer, puis vécu un service militaire et citoyen à l’École d’Officiers de Réserve de Coëtquidan.
« Que du bonheur ! » s’exclameraient entre deux SMS les jeunes de notre temps.
Puis, après un passage dans l’Éducation nationale, j’ai assumé des responsabilités d’inspection, de direction du personnel et de formation professionnelle, trente-cinq années durant, dans les services (assurances), l’industrie chimique (une colossale multinationale états-unienne), puis dans le monde paysan (Chambre d’Agriculture des Vosges).
Foin du nomadisme délicatement renommé « mobilité » par les grands maîtres de l’économie - inamovibles, eux, attachés à leurs chaire et prébendes - solidaire de mon sol natal, j’ai tenu à mener mes quarante-cinq années de vie professionnelle exclusivement en Lorraine.
Y suis parvenu !
Depuis la lecture de Don Quichotte que je relis régulièrement avec intérêt et plaisir, j’écris chaque jour.
D’abord des poésies et pastiches de fables, puis quelques nouvelles, puis des pièces de théâtre interprétées avec la compagnie villageoise que j’avais créée à l’aube des années 60 - le Théâtre de la Place - puis des documentaires régionaux et dramatiques nationales pour la télévision (FR3).
Ma première publication date d’avril 1968.
Fidèle au rythme de travail de mes parents qui prenaient leur poste à l’usine à cinq heures du matin, je m’assieds à ma table de travail chaque jour à… cinq heures. Aujourd’hui encore. Au temps de mes obligations alimentaires, j’écrivais jusqu’à sept heures, puis je partais assumer mes responsabilités professionnelles. Le soir, je relisais la production du matin, la corrigeais, me remettais ainsi en selle pour le lendemain. Travail d’ouvrier.
Écrivain ? Non ! Je tente chaque jour, par mon travail, de le devenir.
Le serai-je un jour ? Dieu seul le sait. Et encore !
Je suis un simple…OUVRIER DES LETTRES !
Les rom ans historiques et contemporains, biographies et films, émissions de radio (j’ai créé et animé Parenthèse, aujourd’hui Ouvrons les guillemets -RCF) et de télévision (magazine littéraire Pleine page FR3), dîners littéraires mensuels de l’association Plumes et Saveurs que j’organise et anime… se succèdent, se croisent, se complètent, s’enchaînent.
Incapable de vivre une telle passion sans inviter à la partager, j’ai mis ma plume de raconteur d’histoires au service du cœur, des humbles de partout et de toujours qui n’ont jamais voix au chapitre, des valeurs qui devraient sous-tendre toute vie sociale respectueuse de l’autre.
Les vertus républicaines, la Femme et l’École sont au centre de mes préoccupations d’auteur.
Depuis toujours, convaincu que « Chaque enfant qu’on enseigne est un homme qu’on gagne… » (Victor Hugo) je me tiens à la disposition des écoles, collèges, lycées et universités pour des interventions et animations consacrées à la création en général, la littérature en particulier, à la préparation à la citoyenneté.
Sociétaire de la Société des Gens de Lettres de France (SGDL), de la Société des Auteurs Compositeurs Editeurs de Musique (SACEM), de la Société Civile des Auteurs Multimédias (SCAM), de la Société des Auteurs et Compositeurs Dramatiques (SACD), je suis membre de plusieurs jurys littéraires, dont Erckmann-Chatrian que j’ai présidé durant deux mandats (2009-2015).
Une dizaine de prix m’ont été attribués, et la prestigieuse Académie de Stanislas m’a élu membre Associé-correspondant, tandis que la ministre Aurélie Philippetti me faisait l’honneur de me nommer Chevalier dans l’Ordre des Arts et Lettres (insignes reçus des mains de la ministre Fleur Pellerin à l’Assemblée nationale).
Aujourd’hui, plusieurs éditeurs me renouvellent fidèlement une confiance qui me touche, et publient mes écrits : Les Presses de la Cité, Genèse, Serge Domini, Eska/MA, Aeth…
Je les remercie du fond du cœur.
Et je vous remercie, vous lectrices et lecteurs qui accompagnez tout aussi fidèlement l’ouvrier des lettres que je suis sur les chemins de la vie.
Écrire et lire, c’est VIVRE et RÉSISTER !
Alors, ensemble…
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Culture et justice rassemble des informations relatives à l’actualité culturelle sur les questions de justice. Histoires, romans, portraits du jour, salon de livres...
Page indépendante sans but lucratif administrée par Philippe Poisson et Camille Lazare, membres de l'association Criminocorpus.
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A propos du site : Criminocorpus propose le premier musée nativement numérique dédié à l’histoire de la justice, des crimes et des peines. Ce musée produit ou accueille des expositions thématiques et des visites de lieux de justice. Ses collections rassemblent une sélection de documents et d’objets constituant des sources particulièrement rares ou peu accessibles pour l’histoire de la justice.
Nos autres sites : REVUE
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