Reprise du portrait du jour criminocorpus - En attendant de publier ce portrait du jour dans la nouvelle version "Culture et Justice" de l'association Criminocorpus, nous mettons en ligne celui de Sylvia Schneider sur mon blog personnel.
Comme un bonheur n’arrive jamais seul … nous accueillons avec infiniment de plaisir Sylvia Schneider
Née en 1963, Sylvia Schneider a grandi entre le Mexique et la France. Arrière-petite-fille de l’écrivain mexicain Alfonso Reyes, son parcours universitaire était déjà placé sous le signe de la littérature. Après un doctorat de lettres sur la Symbolique de l’initiation, et plusieurs années en tant que chargée de communication à l’Alliance française, elle partage désormais son temps entre son métier de bibliothécaire et sa vocation d’écrivain. Lauréate du concours Jules Ferry pour La Ballade des aujourd’hui. Passionnée par la psychologie des tueurs en série, elle signe ici, aux Presses Littéraires, son premier roman policier.
Bienvenue Sylvia sur le très prisé et discret "Culture et "Justice"
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André, journaliste franco-mexicain, quitte précipitamment Paris afin d’interviewer le sous-commandant Marcos, porte-parole des Indiens, au cœur de la forêt yucatèque. Ces révélations s’annoncent retentissantes. Pour André, c’est également un retour aux sources et l’occasion pour lui de retrouver le sens de la vie dans le pays où l’on fête les morts. Sur les pas de son enfance, il croise la route de l’assassin du métro dont les meurtres ritualisés ensanglantent les stations souterraines de Mexico. Cette quête d’identité est rythmée par les multiples meurtres commis selon les rituels des prêtres aztèques. Mais qui est donc le tueur en série qui se terre dans les profondeurs de Tenochtitlán ? Quel est ce fascinant criminel qui guette ses proies dans l’ombre ? Ils nourrissaient le soleil mêle l’univers fabuleux des mythes et légendes des anciens Mexicains à l’univers du polar. Un récit anthropologique au réalisme baroque mettant en scène le thème du sacrifice aztèque : des corps sans cœur, sans langue, des victimes exsangues. Un thriller haletant et dépaysant, terriblement efficace, dont le récit nous happe dès les premières pages...
Éditeur : LES PRESSES LITTÉRAIRES (07/09/2020)
1
" Mexicain de la mémoire, j’entre dans Tenochtitlán, comme au fond d’un rêve. Palpant les murs pour concrétiser la réalité, pour m’assurer que je ne suis pas en train de rêver ce que je vis. "
Ils nourrissaient le soleil, Sylvia Schneider,
les Presses littéraires, col. Crimes et châtiments (p.18).
" Mexicano en la memoria, entro a Tenochtitlán, como en lo más profundo de un sueño. Palpando los muros para concretizar la realidad, para saber que no estoy soñando lo vivido. "
2
" J’ai toujours été émerveillé par la chaleur communicative de ce pays. Ici la langue recouvre sa fonction première, elle communie par la phonie. La tonalité impose son sens à la phrase et la parole devient la vraie musique de l’âme. Désormais, j’étais sûr d’une chose, le Mexique a donné son murmure poétique à mon cœur. "
Ils nourrissaient le soleil, Sylvia Schneider,
les Presses littéraires, col. Crimes et châtiments (p.22).
" Siempre estuve impresionado por la calidez con la que se comunican en este país. Aquí el idioma cumple con su función primaria al transmitirse a través del habla. La tonalidad impone su sentido sobre la frase y la palabra se convierte en la verdadera música del alma. Desde entonces estuve seguro de algo, México le regaló su murmullo poético a mi corazón. "
3
" Étendu dans une chambre verte aux murs laqués et brillants, ce soir, pour la première fois depuis six ans, je ne prendrai pas de tranquillisants. Ce pays m’apaise et je ferme les yeux, oublieux du monde et des souvenirs immédiats. La nuit tombe sur la ville engourdie, illuminée de lune. Ici, le temps se fige, il prend une autre dimension, immuable dans son éternité. "
Ils nourrissaient le soleil, Sylvia Schneider,
les Presses littéraires, col. Crimes et châtiments (p.31).
" Extendido en una recamara verde de muros brillantes y resplandecientes, aquella noche, por la primera vez después de seis años, no tomaré tranquilizantes. Este país me conforta y yo cierro los ojos, olvidadizo del mundo y sus recuerdos inmediatos. La noche cae sobre una ciudad entumecida, iluminada por la luna. Aquí, el tiempo se detiene, toma otra dimensión, perpetúa en su eternidad. "
4
" Au bout du compte, Alice n’était pas merveilleuse et son pays imaginaire était un bien triste jardin. En effet, quelle part accordait-elle à la réflexion intérieure, à l’observation, à la nécessaire prise de distance sur les êtres et sur les événements ? Quelle conscience avait-elle du monde ? "
Ils nourrissaient le soleil, Sylvia Schneider,
les Presses littéraires, col. Crimes et châtiments (p.62).
" Al final de cuentas, Alicia no era tan maravillosa y su país imaginario no era más que un triste jardín. En efecto, ¿qué parte le daría ella a la reflexión interior, a la observación, a la necesaria toma de distancia sobre los seres y los acontecimientos ? ¿ Cuál era su consciencia sobre el mundo ? "
5
" Son visage devenait un paysage dont il rêvait de dessiner la courbe des cils...
Cette beauté le transformait en poète ; il songeait alors à accéder avec tact à l’instant jubilatoire, à prendre racine au cœur de ses désirs, au rhizome de ses soupirs. "
Ils nourrissaient le soleil, Sylvia Schneider,
les Presses littéraires, col. Crimes et châtiments (p.68).
" Su rostro se convertía en un paisaje en donde ella soñaba el como diseñar la curva de sus pestañas...
Esta belleza la transformaría en poeta; ella anhelaba acceder con tacto a la instancia jubilatoria, a plantarse en el centro de sus deseos, en el rizoma de sus suspiros."
6
" À travers ses descriptions des jardins flottants, on pouvait presque contempler la brume et l’écume blanche de la saponaire caressant la lagune… "
Ils nourrissaient le soleil, Sylvia Schneider,
les Presses littéraires, col. Crimes et châtiments (p.119).
" A través de sus descripciones de los jardines flotantes, se podía casi contemplar la bruma y la espuma blanca de la saponaria acariciar la laguna. "
7
" Évanouis, souvenirs mélancoliques brisés trop tôt sur le sable fin des rêves. Il ne restait plus que ces lettres mortes, témoins inertes de leurs désirs à jamais disparus. Des mots vains puisqu’ils ne jaillissaient plus de leur plume, des baisers cruels puisqu’ils ne se posaient plus sur leurs lèvres. L’histoire sans histoire avait définitivement perdu sa raison d’être. L’encre du bonheur s’était tarie. "
Ils nourrissaient le soleil, Sylvia Schneider,
les Presses littéraires, col. Crimes et châtiments (p.179).
" Desvanecidos, destruidos prematuramente los recursos melancólicos sobre la arena de sueños finitos. No queda nada más que estas letras muertas, testigos inertes de sus deseos irrevocables. Palabras vanas puesto que no emergen más de la pluma. Besos crueles que ya no posan sobre sus labios. La historia sin historia pierde definitivamente su razón de ser. La tinta del encanto se secó. "
8
" M’interrogeant à cet instant sur le sens du bonheur, je n’étais pas peu fier d’avoir enfin trouvé cette définition personnelle et tellement juste :
— On accède au bonheur une fois seulement que l’on n’aspire à rien d’autre !
Toute la question est de pouvoir en être conscient."
Ils nourrissaient le soleil, Sylvia Schneider,
les Presses littéraires, col. Crimes et châtiments (p.205).
" Preguntándome en ese instante sobre el sentido de la felicidad, no tuve recato en decir que al fin encontré la definición personal y justa.
Uno es feliz cuando deja de pensar en algo más que ser feliz. El chiste es poder ser consciente de esto. "
9
" Durant toute ma vie, j’avais vécu à Paris et au Mexique et je réfléchissais souvent au sentiment d’errance engendré par la double culture. Rêver
« ici » d’« ailleurs » m’amenait sérieusement à repenser le concept même de mon identité. Au bout du compte, je finis par conclure que la patrie se trouve à l’intérieur de soi. "
Ils nourrissaient le soleil, Sylvia Schneider,
les Presses littéraires, col. Crimes et châtiments (p.217).
" Durante toda mi vida, viví entre Paris y México y reflexionaba muy seguido acerca los sentimientos que eran engendrados a causa de mi doble cultura. Soñar " aquí " de " allá " me traía seriamente a pensar en el concepto mismo de mi identidad. Al final de cuentas, termino por concluir que la patria se encuentra al interior de uno mismo. "
10
" Lorsque je débarquai à Orly, en plein jour, des écrans vidéo avaient remplacé les panneaux en lamelles noires au cliquetis métallique. J’ai souvent pensé qu’aucun lieu ne pouvait égaler une telle concentration de bonheurs et de déchirures, de rires et de pleurs. L’aéroport serait-il l’unique territoire de l’homme à la double culture et dont l’identité n’existe que dans l’errance ?
Il se mit à pleuvoir. Vite se rendre au journal, mais je pris le temps de courir, de respirer à plein poumon, le temps de vivre et de savourer chaque seconde. Il fallait en finir avec le mensonge. "
Ils nourrissaient le soleil, Sylvia Schneider,
les Presses littéraires, col. Crimes et châtiments (p.402).
" Cuando desembarcaba en Orly, en pleno día, las pantallas de video habían remplazado las los carteles de láminas negras de tintineo metálico. Siempre pensé que ningún otro lugar podría nunca igualar una tal concentración de felicidad y de aflicción, de risa y de lágrimas. ¿ Será acaso el aeropuerto el único territorio de los hombres de doble cultura y en donde la identidad no existe más que para los que están en la deriva ?
Comienza a llover. De prisa llegar a la redacción, pero tuve el tiempo de correr, de respirar a todo pulmón, el tiempo para vivir y saborear cada segundo. Había que terminar con la mentira."
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