Réactualisation portrait du jour sur la page FB "Culture et justice" - En attendant de publier ce portrait dans la nouvelle version "Culture et Justice" de l'association Criminocorpus, nous mettons en ligne celui de Martine Gasnier en date du 5 mars 2020.
Culture et justice reçoit avec infiniment de plaisir l’historienne du droit et romancière, Martine Gasnier.
Martine Gasnier est née en Normandie. Docteur en histoire du droit, l’écriture a toujours accompagné sa vie. Elle a notamment collaboré avec de nombreux peintres et sculpteurs à la réalisation de catalogues d’exposition ou de projets artistiques où se mêlent textes et œuvres visuelles. Privilégiant jusqu’alors le genre littéraire de la nouvelle, dont plusieurs recueils ont été publiés, elle signe un premier roman avec L’Affaire Julie Clain. Son style sobre et poétique laisse toute sa place à l’émotion et plonge au cœur de l’humain.
https://martinegasnier.monsite-orange.fr/
L'interwiev de Martine Gasnier a été réalisé par Fabienne Germain, éditrice.
Après avoir travaillé dans la communication, l'information et les nouvelles technologies, Fabienne se consacre depuis 2002 à l'édition au sein des éditions Zinedi.
Zinedi est membre de l'Autre Livre et sociétaire de la coopérative d'intérêt collectif EditIndé.
Bienvenue Martine sur le très discret et prisé Culture et justice. Ph.P.
Portrait de Martine Gasnier
Itinéraire d'un révolté, votre deuxième roman, est une fiction reposant sur des faits historiques, tout comme le premier, L'Affaire Julie Clain . Pourquoi cette démarche ?
Je pense que ma formation d’historienne du droit n’y est pas étrangère. Le destin des individus s’inscrit toujours dans un contexte social. Les lois qui régissent une société en révèlent l’état et, souvent, les failles. C’est ce lien qui me passionne.
- Comment justifiez-vous le choix du XIXe siècle ?
Cette époque, qui a vu naître le roman réaliste est un condensé de toutes les injustices et tous les drames liés à la misère et à l’exploitation du faible par le puissant. J’y suis particulièrement sensible.
- Jean, votre héros, se révolte très tôt contre toute forme d’exploitation et le paiera cher.
Oui, il sera d’abord détenu à la Petite Roquette, alors prison pour enfants, véritable honte de l’institution judiciaire. Puis il connaîtra l’enfermement dans une des colonies pénitentiaires qui fleurissaient alors, bagnes pour enfants, parfois gérés, comme à Soligny-la-Trappe, par des moines chargés de rééduquer par la croix et la charrue sans accorder d’intérêt à l’éducation intellectuelle puisque, de toute façon, on avait affaire à des délinquants ! Promiscuité, abus sexuels, toujours la même histoire parfois dénoncée et… sanctionnée comme une victoire de la vraie morale sur l’hypocrisie et l’omerta.
- Votre dénonciation de toutes les oppressions nous emmène à la Martinique où l’on découvre la pratique de l’engagisme. De quoi s'agit-il ?
L’esclavage aboli, les planteurs se sont retrouvés privés de main-d’œuvre. Pour résoudre le problème, ils ont mis au point, avec la bénédiction des États, un système de rabatteurs qui, dans les ports lointains, faisaient signer des "contrats de travail" à des miséreux qui, une fois enrôlés, connaissaient un sort semblable à celui des esclaves.
- Malgré les drames qu’il aborde, votre roman reste lumineux grâce à de beaux personnages, hommes et femmes confondus. Vous ne désespérez donc pas de l’humanité ?
Non, tant qu’il restera des êtres de bonne volonté, tout sera possible. Nous ne sommes pas encore parvenus à destination. Le chemin est toujours semé d’embûches et je pense qu’il demeure nécessaire, aujourd’hui comme au XIXe siècle de continuer à s’indigner.
- Pouvez-vous nous dire quelques mots de vos goûts littéraires ?
Ma jeunesse a été bercée par la littérature classique et je ne l’ai jamais reniée même s’il m’arrive de lire, fort heureusement, des auteurs vivants, célèbres ou plus confidentiels.
- Si vous deviez choisir un livre parmi tous ceux que vous aimez, quel serait-il et pourquoi ?
Sans hésiter Le Rouge et le Noir de Stendhal, pour son analyse du personnage de Julien Sorel. Enfant battu et humilié, le héros n’aura de cesse de prendre une revanche sociale, avec tout ce que cela sous-entend de calculs et trahisons. Il représente pour moi le modèle de parvenu rattrapé par sa névrose de classe.
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Page indépendante sans but lucratif administrée par Philippe Poisson et Camille Lazare, membres de l'association Criminocorpus.
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A propos du site : Criminocorpus propose le premier musée nativement numérique dédié à l’histoire de la justice, des crimes et des peines. Ce musée produit ou accueille des expositions thématiques et des visites de lieux de justice. Ses collections rassemblent une sélection de documents et d’objets constituant des sources particulièrement rares ou peu accessibles pour l’histoire de la justice.
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