Julie-Anne de Sée, un peu de douceur avec la littérature érotique ...

27 Janvier 2021

Dessin baroque avec le glaive, provient du site d’images gratuites « Pixabay",

image modifiée par Annabel des éditions Gaelis

Nouveau portrait du jour Julie-Anne de Sée

Culture et justice développe la rubrique Portrait du jour, ouvre ses pages aux fidèles lecteurs de la page et reçoit avec infiniment de plaisir Julie-Anne de Sée

Membre de la SADN et de la SGDL...

(Photo : Studio Photo Lib' -Liborio Cavallaro)

Portrait - Julie-Anne de Sée

" Il semble que chez nombre d'auteurs, il existe une constante à laquelle je n'ai pas échappé : l'écriture a toujours été une compagne, une passion, une folle dilection. Enfant unique et solitaire, j'écrivais des poèmes. J'étais en CE2 quand certains furent publiés dans le petit journal de mon école.

Très tôt mon père m'a insufflé son amour de la littérature, et des "beaux livres", en bibliophile friand et averti. Je puisais à l'envi dans sa bibliothèque, dévorant tout ce qui me tombait sous la main. Je crois que c'est alors que je me suis dit qu'un jour, moi aussi, je serai écrivain.

D'aussi loin qu'il m'en souvienne, j'ai toujours noirci des cahiers, des carnets, inventant des histoires qui finissaient dans mes tiroirs. Puis, la vie familiale, la carrière à mener ont pris un temps le dessus, sans que je songe à publier. Je n'ai finalement jamais quitté l'école : j'ai eu la chance d'être un prof très heureux (d'anglais et de lettres), avant de devenir chef d'établissement. Les nécessités des mutations, m'ont entraînée en Normandie, où j'ai résidé un temps, dans la baie du Mont Saint-Michel. J'ai dû quitter la capitale où je suis née, d'une mère normande et d'un papa aux origines catalanes.

Alors que je venais de fêter mon demi-siècle, une rencontre amoureuse a provoqué l'écriture de ce qui allait devenir mon premier roman érotique. Comment en vient-on à se lancer dans ce genre littéraire, encore souvent considéré comme sulfureux ? Parce qu'un jour je me suis lancée dans cette épreuve d'écriture, dans un registre que je n'avais jamais abordé pour offrir une nouvelle coquine. Monsieur a aimé, - beaucoup - m'a incitée à poursuivre. Ainsi, j'ai écrit "Amuse-bouche", de 5 à 7 (ça ne s'invente pas) le matin, avant d'aller retrouver mon cher bureau.

Ce faisant, je me suis rendu compte que la rédaction de textes érotiques est un exercice incroyablement difficile, mais passionnant ! Élaborer des mises en scène sensuelles et charnelles qui ne soient ni fades, ni ridicules, turpides, caricaturales, ou pire encore, vulgaires - ce que j'exècre - est un travail, un défi d'écriture captivant.

C'est aussi fouiller dans ce qui fait l'humain, toucher à l'essentiel en faisant valser les pulsions de vie et de mort, une des voies ouvertes sur la connaissance de soi. L’érotisme en est une, que je me plais à explorer, à écrire, dans le bonheur des mots qui le racontent. Peut-être aussi parce qu'il est subversif, bouscule tout : les croyances, les clichés, l'ordre établi et la morale.

Les éditions TABOU m'ont publiée, le chemin était tracé, j'ai donc naturellement poursuivi dans ce registre. Avec l'amour des mots, de la recherche constante du plus juste, de cette belle langue française à explorer sans cesse, en essayant d'en transcrire toute la musicalité dans une simple phrase cent fois remaniée. L'écriture est astreignante, intransigeante. Aussi ai-je décidé de mettre un terme à une longue histoire (d'amour, encore !) avec l'Éducation Nationale pour m'y consacrer, et j'ai regagné Paris.

Il me fallait aussi aller à la rencontre des lecteurs, en participant à des salons, des dédicaces. Éprouver ce délicieux frisson d'angoisse lorsque le livre, après le mot "Fin", vous quitte, pour vivre sa vie de livre qui ne vous appartient plus et va devenir la propriété de qui le lit. Être confrontée aux remarques, amusantes souvent, étonnantes parfois : "Vous avez la plume légère, vous !" ( regard et intonation féminins réprobateurs), " C'est vous qui avez écrit ça ? C'est scabreux, nan ? (Monsieur, visiblement tenté) "C'est osé ? " (regard masculin égrillard, suivi de "Je peux avoir votre numéro de téléphone ?) "C'est vous sur la couverture ?" (sic)

Si le sexe est étalé partout, omniprésent dans les publicités, il demeure encore tabou, à fortiori lorsqu'une femme l'écrit… L'érotisme comme combat contre les préjugés, les idées reçues qui ont vite fait d'emprunter le raccourci qui suppose que si vous écrivez des "cochonneries" (re sic) vous êtes forcément une polissonne dépravée ?

J'aime mettre en mots l'amour, l'intime, voire la part sombre de la nature humaine. Les histoires que je raconte sont imaginaires, fictives, pas une autobiographie détaillée de ma vie amoureuse ! Les a priori ont la vie dure, mais je poursuis sereinement, ne doutant pas qu'un jour, ils seront mis à mal. Dans le douillet cocon de mon appartement parisien, au cœur du quartier asiatique, je continue l'exploration de ce "continent noir"^¹ si passionnant, parfois inspirée par les dragons qui dansent pour fêter le nouvel an chinois."

Bibliographie

Amuse-Bouche

et autres historiettes croustillantes

Éditions Tabou, (2011, puis 2014)

La pâle heure sombre de la chair

Éditions Tabou, (2012)

Dix bonbons à l’Amante

Éditions Tabou, (2015)

Douze Tours de Vices

Éditions Tabou, (2017)

La discipline d’Arcane

Éditions Tabou, (2018)