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Salauds, meurtriers, gestapistes, bandits, les termes ne manquent pas pour qualifier ces sous-traitants français des exactions nazies. Qu'ils agissent par conviction idéologique ou par opportunisme, retracer leurs itinéraires, c'est dessiner en creux les violences subies par leurs victimes.

Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, l’épuration sauvage et la justice se confondent parfois. Les traîtres sont inlassablement recherchés et punis tandis que l’unité nationale se reconstruit autour de la légende dorée de la Résistance. Cependant, la légende dorée vire parfois au roman noir et certains sont près à tout pour faire oublier leur passé de collaborateur ou de milicien afin de se convertir en résistant de la dernière heure. Les rues de Paris sont, à l’été 1944, pleines d’Allemands qui se prétendent Alsaciens et de miliciens qui se prétendent agents doubles. Ces transfuges parviennent à leurs fins grâce à des méthodes souvent peu avouables et sont prêts pour cela aux escroqueries, aux rapines, aux intimidations voire au meurtre. 

Pour nombre de ces individus, ce changement de camp tardif ne correspond pas à un abandon de convictions idéologiques ou politiques. Pour beaucoup, la guerre a surtout été l’occasion de s’enrichir et de faire valoir leur intérêt personnel. Ces bandits et ces assassins, souvent peu scrupuleux sur les motivations idéologiques des factions qu’ils servent, ont offert leurs services au plus offrant. Savoir voler, savoir tuer ; cela ne s’improvise pas, et la Milice comme la Résistance avaient besoin de ces compétences à un niveau professionnel. Ces figures de truands ont souvent des trajectoires floues. Ils font varier leurs activités et leurs allégeances, avec pour seul guide leur profit personnel. Comment les bandits d’avant-guerre ont-ils su profiter de l'Occupation pour s’enrichir et occuper d’importantes fonctions dans les milieux collaborationnistes et parfois résistants ? Comment ont-ils su se reconvertir à la Libération pour faire oublier des années d’opportunisme ? 

Avec Jean-Marc Berlière, professeur émérite de l’Université de Bourgogne, spécialiste de l’histoire de l’institution et la société policières en France (XIXe et XXe siècles), chercheur au Centre de recherche sociologique sur le droit et les institutions pénales (CESDIP) et membre du comité de rédaction de la revue Crime, Histoire et Sociétés. Il est notamment auteur de Polices des temps noirs - France 1939-1945 (Perrin, 2018), avec François Le Goarant de Tromelin de Liaisons dangereuses : miliciens, truands, résistants, Paris 1944 (Perrin, 2013) et avec Franck Liaigre de Ainsi finissent les salauds. Séquestrations et exécutions clandestines dans le Paris libéré (Robert Laffont, 2012). 

Avec nous aussi Sylvie Altar, historienne, enseignante et membre du LARHRA (Laboratoire de recherches historiques Rhône Alpes). Spécialiste de l’histoire des Juifs de Lyon, elle est notamment l’autrice de Être Juif - À Lyon et ses alentours (1940-1944) (Éditions Tirésias, 2019) et, avec Régis Le Mer, de Le spectre de la terreur. Ces Français auxiliaires de la Gestapo (Éditions Tirésias, 2020).

 

À retrouver dans l'émission
Tag(s) : #Police - Gendarmerie - Femmes, #Guerre 1939 -1945 - Vichy
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