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Pörtrait du jour Michel Malherbe - Actualisation en date du 20 avril 2021 pour la page Culture et justice
Parler de soi est un exercice bien difficile. Je ne vais donc pas vous raconter toute ma vie, laquelle ne présenterait qu’un intérêt secondaire. Surtout qu’elle est pleine de trous cette vie ! Lorsque l’ami Philippe Poisson, m’a demandé une petite biblio, j’ai accepté sans en percevoir la difficulté. Car elle est grande. Il est plus aisé de parler des autres que de sa petite personne. Ma présentation sera donc brève : Michel Malherbe, 74 ans, ancien poulet d’investigation et écrivain à ses heures. Surtout, en simple transit sur la planète Terre !
Voici donc le résumé d’un parcours atypique, celui d’un ancien policier, écrivain et expert judiciaire.
La maison Poulaga...
Après avoir tâté divers métiers entre quatorze et vingt-deux ans, dont la gestion d’une grande entreprise de transport routier, j’ai - un jour de 1972- cédé à la tentation de devenir un flic d’investigation. Une véritable vocation, car à cette époque le plein emploi était une réalité palpable et la police payait fort mal son personnel... Il n’est pas faux de dire que l’on entre dans la police, comme on entre en religion, car on quitte fatalement le siècle. J’ai ainsi passé trente années de ma vie à la Direction de la Police Judiciaire, alors basée au 36, quai des Orfèvres. Un lieu mythique où l’image des plus grands criminels se profile encore en ombre chinoise au coin de chaque couloir. Aucun regret, que nenni ! Si j’ai perdu quelques illusions sur la nature humaine, j’ai aussi eu la chance d’être formé à la rude école de la vie. Ce fut parfois cocasse comme par exemple l’une de mes toutes premières enquêtes où je me suis retrouvé avec un grizzly aux fesses, sympathique animal lâché par des malfaiteurs chevronnés dont je venais « renifler » la tanière. Etant en simple repérage, j’étais seul. Cela ne se passait pas dans le grand nord canadien, mais à Villejuif en proche banlieue parisienne. Je suis donc certainement l’un des rares flics de France à s’être trouvé face à un ours dressé, animal appartenant à un défunt cirque. J’ai ainsi éprouvé l’une des plus belles peurs de ma carrière. N’ayons aucune honte à l’avouer, la fuite me fut salutaire ! Car, dans la police, comme ailleurs, les vrais héros sont ceux qui sont morts au champ d'honneur. Pas les autres...
Le virus de la plume
L’année 1983 va marquer un tournant important dans ma petite existence : la publication de mon premier ouvrage. Oh ! Pas de quoi concourir pour le prix Nobel de littérature. Loin s’en faut. Il s’agissait alors d’un ouvrage spécifique, consacré à l’armement des policiers sur une période de 80 ans : « Les Armes de la Police Nationale » publié aux Editions Jacques Grancher. Ce livre a connu un certain succès, étant alors le premier en ce domaine. Il restera longtemps un ouvrage de référence et sera même plagié sans vergogne ! Mais l’écriture, cette perfide addiction, me taraudait l’esprit depuis déjà quelques temps. Je me suis donc lancé dans l’aventure. Avec une petite crainte toutefois, car père spirituel d’un précédent manuscrit qui sera courtoisement refusé par deux éditeurs parisiens…
Voyage initiatique au cœur de la presse…
Dans le même temps, ce livre sur les armes de la police m’ayant propulsé dans le milieu assez fermé des collectionneurs et tireurs sportifs, un magazine mensuel : « L’Amateur d’Armes » va me proposer une collaboration de pigiste occasionnel. Six mois, plus tard, après une formation au CFJ (Centre de Formation des Journalistes), j’en deviendrai le rédacteur en chef (pigiste) durant plus de huit ans, en parallèle avec ma carrière de policier de terrain, ce qui n’était nullement incompatible. A cette époque également et par le plus grand des hasards, votre serviteur sera recruté par le cabinet du préfet de police de Paris, en qualité de rédacteur en chef de la revue « Liaisons », organe d’information de la Préfecture de Police, en remplacement d’un sous-préfet brutalement décédé sur l’Ile de Beauté... Il est vrai que ma formation initiale de journaliste plaidait en ma faveur. Encore que ! En fait de journalisme, je n’avais jusqu’alors connu, peu avant d’intégrer la police, que la rubrique des « chiens écrasés » dans les pages d’un modeste journal de banlieue. Les piges étaient alors payées à la ligne publiée et la rémunération proche du pourboire... Cette aventure préfectorale se poursuivra durant quelques années. Puis, n’ayant nullement l’échine souple et l’effet de manque se faisant sentir, j’ai rendu mon tablier et regagné – à ma demande expresse – la Police Judiciaire du quai des Orfèvres. Il faut avouer que l’action me manquait vraiment. Ceux qui m’ont connu à cette époque évoqueront certainement un flic atypique, sans peur, quelque peu turbulent et passionné par l’action. Un personnage n’ayant rien à voir avec un dévoué policier de salon ou un lapin de corridor...
Expert Judiciaire
Puis, tout étant basé sur un inévitable enchaînement, j’ai préparé, dans le plus grand secret, une formation - aboutissant à un diplôme d’expert en criminalistique - auprès de l’Union Française des Experts. Peu après, en 1989, c’est pour moi une sorte de reconnaissance : Expert près la Cour d’Appel de Paris, agréé en armement et balistique lésionnelle. Après 634 expertises judiciaires dont certaines affaires ont défrayé la chronique, Etant atteint d’un mal incurable : la limite d’âge, après plus de 30 ans de bons et loyaux services, j’ai pris une retraite bien mérité au premier janvier de l’an de grâce 2021.
En ce qui concerne les livres
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Les Editions Crépin-Leblond, spécialisées dans la presse armement, me passeront commande d’un grand nombre d’ouvrages. Principalement des monographies d’armes célèbres. Nos recherches porteront alors sur l’histoire et la vie de créateurs proches du génie, comme : Samuel Colt, Georg Luger, Hugo Borchardt, Winchester, etc. Chez ce même éditeur, un changement de cap va s’opérer. Un peu lassé des armes, je me suis lancé un beau jour dans l’écriture d’ouvrages historiques portant sur des affaires criminelles : « Les Grande Affaires de Police – 1800 à 1900 », et un ouvrage relatant une infime partie des situations les plus cocasses rencontrées au cours de mes enquêtes : « Flag en délire ». Toujours dans la même veine : « Les Orfèvres du 36 – Histoire de la Police Judiciaire ». Premier ouvrage portant sur l’histoire de la Police judiciaire parisienne, du Moyen-Age à nos jours. J’ai eu l’étrange sensation d’avoir enfin trouvé ma voie.
Ensuite, j’ai eu la chance de rejoindre l’équipe des Editions De Borée, chez qui trois ouvrages seront publiés : « La bande à Bonnot », « La Face Sombre de la Belle-Epoque » et un petit dernier intitulé « Du Crime au Châtiment ». Cette Belle-Epoque est une période fantastique, glauque, un peu déjantée et riche en évènements. Ce qui me comble grandement. Dans ces histoires vraies, je m’insère totalement au cœur de l’intrigue. Quittant ce siècle, j’opère alors une descente aux enfers en côtoyant virtuellement ceux qui furent les grands criminels d’antan. Ce côté « chien de chasse » me pousse toujours à rechercher le moindre petit détail utile. Il arrive également que je cède à la tentation de reprendre entièrement l’enquête en partant des éléments de la procédure. Ce fut le cas pour l’affaire Landru ! C’est un domaine qui demande une grande probité intellectuelle et beaucoup de rigueur. L’histoire est particulièrement têtue et il est impossible de se permettre la moindre entorse sans être immédiatement sanctionné par ses pairs...
En 2006, je me suis vu attribuer l’une des plus belles distinctions pour un écrivain : une nomination au grade de Chevalier dans l’ordre des Arts et des Lettres. Pas de fausse modestie entre nous. Cette récompense m’a comblé de joie, même si je n’en suis pas plus intelligent pour autant. D’autant que je me suis trouvé dans la même promotion que celle de mon idole : Jean-Paul Belmondo… Cerise sur le gâteau, même si cela m’a attiré quelques rancunes et jalousies, la médaille est fort belle !
Bibliographie
Michel MALHERBE
(Pseudo littéraire : Mike de Chavornay)
Connaissance & histoire des armes à feu
1. Les Armes de la Police Nationale - (Éditions J. Grancher – 1984)
2. Les Pistolets Mitrailleurs Européens - (Éditions E.LT. – 1985)
3. Le P 38, Seigneur de la guerre - (F.G . Éditions – 1986)
4. Le Colt 45 auto - (Éditions Crépin-Leblond – 1987)
5. La Saga du Luger - (Éditions Crépin-Leblond – 1987)
6. Pistolets MAC 50 & MAS 1935 - (Éditions Crépin-Leblond – 1988)
7. Colt : la légende - (adaptation française pour les Éditions E.P.A - 1990)
8. Winchester - (adaptation française pour les Éditions E.P.A - 1991)
9. Les pistolets Beretta - (Éditions Pardes – 1992)
10. Les pistolets allemands 1914-1945 - (Éditions Pardès – 1994)
11. Le Colt M. 1911 & sa descendance moderne - (Crépin-Leblond – 2008)
12. Le Luger – Histoire du Parabellum - (Éditions Crépin-Leblond – 2009)
13. Le P 38 & son histoire - (Éditions Crépin-Leblond – 2012)
14. Les pistolets Walther PP & PPK - (Éditions Crépin-Leblond – 2013)
Histoires criminelles & Police
15. Les Grandes Affaires de police 1800 à 1900 - (Éditions Crépin-Leblond –1992)
16. Flag en délire (affaires policières délirantes) - (Crépin-Leblond – 1995)
17. Les Orfèvres du 36 (Histoire de la Police Judiciaire) – (Crépin-Leblond – 2007)
18. La Bande à Bonnot - (Éditions De Borée – octobre 2013)
19. La Face Sombre de la Belle-Époque - (Éditions De Borée – septembre 2016)
20. Du Crime au Châtiment - (Éditions De Borée – novembre 2017)
21. Landru, le prédateur aux 283 conquêtes - (Éditions Marivole-Ramsay-2019)
22. Le Milieu règle ses comptes - (Éditions Ramsay – Mars 2021)
Publications à venir (du même auteur)
• Le Mythe de la bande à Bonnot
• Disparitions et morts mystérieuses
Nota : La présentation ci-dessus remplace un texte publié un peu avant et ayant fait l'objet d'une petite polémique au sujet d'un terme. Le mot "écrivaillon" a donc disparu du paysage. Une nécessaire mise à jour de cet article - écrit il y a plus de trois ans pour le site Criminocorpus- nous a également semblé nécessaire !