Portrait du jour : Hugo joue avec les âmes noires de Saint-Malo

Nouveau portrait du jour Hugo Buan

Culture et justice développe la rubrique Portrait du jour, ouvre ses pages aux fidèles lecteurs de la page et reçoit avec infiniment de plaisir Hugo Buan.

Il a choisi Bonaparte 1^er Consul pour son nouveau roman à sortir au printemps chez Palémon mais Hugo Buan n’en n’est pas à son premier Marengo littéraire. L’Abeille Criminelle - Valérie Valeix - vous présente son flamboyant collègue.

Bienvenue Hugo sur le très discret et prisé Culture justice.

"Donc auteur Palémon mais avant cela dessinateur dans le génie civil, évoque -nous ton parcours en quelques lignes :

Merci Valérie de me passer le relais en m’attribuant le qualificatif de flamboyant, je ne sais pas qui t’a payée pour me sortir ça, mais ça devait être assez fabuleux comme somme d’argent:)

Effectivement, j’ai eu une carrière en bureau d’études comme dessinateur-projeteur en béton armé. C’était à Saint-Malo et ça fait longtemps, très très longtemps presque au milieu du XXe siècle. Plus tard, je me suis orienté vers la vente de produits techniques pour le gros-oeuvre, notamment dans le domaine du joint de dilatation qui est un domaine assez restreint, tu me l’accorderas.

Tu as publié plusieurs romans, tous policiers ? (nomme-les)

J’ai un personnage récurrent, le commissaire Workan que l’on retrouve dans plusieurs enquêtes. Il est né dans Hortensias Blues et on peut bien évidemment le découvrir dans les titres ci-dessous, tous parus aux éditions du Palémon :

- Hortensias Blues

- Cézembre Noire

- La Nuit du Tricheur

- L’Oeil du Singe

- Eagle à Jamais

- L’incorrigible monsieur William

- Le Quai des Enrhumés

- L’Héritage de Jack l’Éventreur

- Opération Porcelaine

- Requiem pour l’Ankou

- Plus Puissants que les dieux

- L’Affaire Brillancourt

Hors Workan, j’ai également un polar qui se déroule dans un pays imaginaire situé en Amérique du Sud : J’étais tueur à Beckenra City.

Et désormais un polar historique : Les Âmes Noires de Saint-Malo.

Parle-nous de ton commissaire Workan. Est-il à classer parmi les héros de policiers humoristiques ?

Non. C’est un personnage assez sombre qui est difficile à cerner. Cet humour (s’il y en a, soyons prudent) vient de ses réparties, de sa mauvaise foi évidente et d’un cynisme que je qualifierai de bienveillant. Il est souvent sujet à des manifestations verbales impulsives dès qu’il s’agit de hiérarchie. En fait, c’est quelqu’un de désabusé qui n’a aucun projet à l’instant T et encore moins d’avenir. Il vit une histoire d’amour chaotique avec une de ses lieutenantes, Leila, sans se poser trop de questions. Il a entamé une procédure de divorce avec sa première femme qui n’en finit pas de se terminer. Il ne fait rien pour accélérer les choses. Son grand plaisir est de désintégrer son corps sur un terrain de rugby au poste de deuxième ligne, en tant que remplaçant de remplaçant, quitte, faute d’adversaires assez sournois, à s’en prendre à l’arbitre. Le drame de son existence est l’assassinat de sa mère par le ripper du XVe arrondissement. Je conseille pour en savoir plus l’excellent « L’ Héritage de Jack l’Éventreur » qui résume assez bien cet épisode de sa vie.

Et puis un jour, tu décides d’écrire un polar historique ?

Oui, un peu comme toi, tu es passée de l’abeille au sabre avec ton capitaine… Tout est une question de dard… Mais tu es plus légitime que moi pour en parler :)

Es-tu lecteur ? Quel est ton genre favori ?

Je lis moins de polars que j’en ai lus. La documentation nécessaire à nos romans nous prend beaucoup de temps, à toi comme à moi je suppose. Ceci dit mon genre favori reste le polar. Je suis très éclectique. Un auteur comme Donald Westlake est assez jubilatoire. J’aime beaucoup aussi les legal thrillers comme ceux de John Grisham. En France j’apprécie Pierre Lemaître et Franck Thilliez. Hors polars, j’aime les auteurs qui me font passer des moments de pur bonheur comme Arto Paassilinna ou Kenneth Cook. Je viens aussi de lire deux biographies de Stephan Zweig, Magellan et Fouché. Voilà, la liste n’est pas exhaustive.

Tu vis du côté de Saint-Malo, berceau des corsaires et par extension des pirates, pas d’inspiration de ce côté-là ?

Saint-Malo au cœur de ton roman historique ?

Je suis passionné par le passé de ma ville qui a une histoire d’une exceptionnelle richesse dans tous les sens du terme puisqu’elle a été au XVIIe siècle une des villes les plus riches de France et premier port du royaume. Son apogée se situe sous Louis XIV, elle prêtait alors de l’argent au Roi. Cela est dû aux fortunes fabuleuses amassées par les négociants, qui pratiquaient le commerce des Indes, ainsi que l’esprit d’entreprise des armateurs et autres corsaires. La période choisie pour l’écriture de ce roman, le Consulat, est une période où Saint-Malo est sur le déclin depuis le milieu du XVIIIe siècle et le début du XIXe annoncera la fin des corsaires. Personnellement, je préfère ausculté le coté terrain ou territoire de ma ville, je suis plus un Malouin terrien qu’un Malouin marin, d’où la qualité de mon héros, dans ce roman, qui vient d’une ferme d’un petit hameau des environs… En ce moment, je suis effrayé par la promotion immobilière qui s’intensifie. Quand j’ai commencé ce roman l’ancienne maison de Tourville du XVIIe dont je parle dans le roman existait encore, depuis elle a été balayée sans vergogne par les promoteurs. J’en veux à l’ancienne municipalité d’avoir permis ça.

Penses-tu poursuivre dans ce genre très en vogue depuis plusieurs années ?

Tu m’apprends que c’est un genre en vogue. Je marche à l’instinct et à l’envie. Rien n’est prémédité. Si Dieu me prête vie, j’essaierai de faire une trilogie.

Tu es comme tous les auteurs, en panne de salons. Hors Covid, en fais-tu beaucoup ?

Hormis les dédicaces en librairies, je fais très peu de salons, entre cinq et dix dans l’année. Ça m’est toujours difficile de laisser mon chien en garde :) La compensation à cela est de rencontrer mes lecteurs qui sont pour moi des gens bénis des dieux.

Quels sont tes centres d’intérêts et ont-ils une influence sur ton écriture ?

J’aime l’Histoire et son influence est évidente puisque je viens de m’en servir pour ce dernier polar. J’aime le sport, surtout à la télé. Mon préféré reste le rugby, mais j’aime vraiment tout, sauf le tennis. Je suis aussi supporter du Stade Rennais, je n’ai aucune raison de ne pas vouloir m’infliger des souffrances psychologiques avec ce club. Dans « Eagle à jamais » je relate une partie de golf, sport que j’ai pratiqué avant de l’abandonner à cause d’une prothèse d’épaule. Je regarde aussi beaucoup de séries télé, j’avais parié avec mon entourage de regarder les 17 saisons de Greys Anatomy sans interruption, je l’ai fait, presque trois cents épisodes de 42 minutes sans visionner autre chose. Maintenant je suis presque chirurgien :) Sûrement aussi bon que celui qui m’a installé ma prothèse. Bon, j’aime aussi les musées, les expos et le chocolat.

Quelle est ta valeur préférée ?

L’ honnêteté.

Merci Hugo pour cette interview qui permettra aux lecteurs, pour les uns de te découvrir, pour d’autres de mieux te connaître."

A propos du site : Criminocorpus propose le premier musée nativement numérique dédié à l’histoire de la justice, des crimes et des peines. Ce musée produit ou accueille des expositions thématiques et des visites de lieux de justice. Ses collections rassemblent une sélection de documents et d’objets constituant des sources particulièrement rares ou peu accessibles pour l’histoire de la justice.

Nos autres sites : REVUE

Relecture et mise en page Ph.P et S.P.