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Nouveau portrait du jour Thomas Fecchio

Culture et justice développe la rubrique Portrait du jour, ouvre ses pages aux fidèles lecteurs de la page et reçoit avec infiniment de plaisir Thomas Fecchio.

Thomas Fecchio est né en 1979 à Château-Thierry dans le sud de l’Aisne. Passionné de cinéma, il quitte sa Picardie natale pour entreprendre des études de cinéma à la Sorbonne qui le conduiront en 2002 à consacrer un mémoire de maîtrise au cinéaste Brian De Palma sous la direction de Nicole Brenez.

Après sa soutenance, il intègre la 17 ème promotion de la Fémis où il produira plusieurs courts métrages. Son diplôme obtenu, il développe plusieurs projets de séries télévisées en marge de son travail dans une société produisant des documentaires de création.

Avec « Je suis innocent », son premier roman, il décide de sauter le pas et de laisser libre cours à sa passion pour la littérature policière à travers un polar très sombre.

 

L’Heure des Chiens est un « roman noir dans les bas-fonds de notre société », qu’est-ce que cela veut dire ?

L’idée du livre est née lors d’un séjour dans ma famille à Soissons en 2017. Nous étions déjà dans la course à la présidentielle. Il y avait des affiches pour le RN un peu partout. Il commençait aussi à y avoir des journalistes nationaux qui faisaient des sujets sur le vote massif à l’extrême droite qui s’annonçait dans la région. Mais pour expliquer le phénomène, ils ne s’intéressaient au passé de la ville alors que selon moi ce facteur influe largement.

Comment cela ?

Le sentiment d’abandon et de relégation est d’autant plus fort ici qu’on peut voir tout autour de la ville les milliers de sépultures de personnes qui sont tombées pour la France… au cours d’offensives stériles conduites par des généraux complètement coupés de la « réalité du terrain ». J’avais envie de faire parler ce passé. Un livre m’a profondément influencé c’est Dans la brume électrique avec les morts confédérés de James Lee Burke. Burke ancre toujours ses enquêtes dans le passé tumultueux de la Floride et la période de la Guerre de Sécession. Il le fait peser sur ses personnages et son héros. Je me suis dit : je peux faire ça avec Soissons. Il faut parler de cette terre dont il faudra attendre encore sept cent ans avant qu’elle ne soit vider complètement des munitions qui y sont toujours enfouies, des traces de rafales de mitrailleuses que portent encore les murs des vieilles maisons et des nécropoles avec des alignements de milliers de stèles qu’on découvre brusquement au détour d’une route… Tous ceux qui vivent sur les territoires marqués par la Première Guerre mondiale le savent, il y a dans l’air quelque chose de spécial.

L’Heure des Chiens n’est pourtant pas un roman historique…

Non, c’est vraiment un roman policier où deux gendarmes que tout oppose sont confrontés à une série de meurtres. L’élément historique est un ingrédient important de l’intrigue. Mon idée en écrivant le livre était de montrer que si on ne s’intéresse pas à l’Histoire, on prend le risque qu’elle se répète. La violence qui s’est exercée sur les soldats de 14-18 pour les pousser à se sacrifier dans des offensives stériles est toujours là. Elle s’exprime notamment dans le monde du travail où les emplois sont sacrifiés souvent inutilement. À l’occasion de l’arrivée du Coronavirus, on a même retrouvé un vocabulaire guerrier en parlant de 1ère et de 2ème lignes pour désigner ceux que leur travail exposait particulièrement. En ce qui concerne Soissons, la ville a doublement souffert : de sa destruction complète en 14 18, mais aussi de la destruction de son industrie.

Pourtant, le livre n’est pas qu’un roman social, le suspense est très prenant jusqu’à la dernière page…

J’avais envie de parler d’une ville importante pour moi et d’aborder de questions de société qui la touchent. J’avais aussi envie d’écrire un page turner, un livre qui ne laisse aucun répit au lecteur. Je me suis donc lancé un défi : écrire un thriller sans temps mort, dans la lignée de Franck Thilliez, tout en parlant de la France d’aujourd’hui.

Le livre L’Heure des Chiens est né de cette double ambition : livrer un vrai thriller qui soit aussi un livre qui interroge le lecteur sans jamais l’ennuyer.

Sur quoi travaillez-vous ?

Un projet pour Netflix. Et bien sûr mon prochain livre.

 

A propos du site : Criminocorpus propose le premier musée nativement numérique dédié à l’histoire de la justice, des crimes et des peines. Ce musée produit ou accueille des expositions thématiques et des visites de lieux de justice. Ses collections rassemblent une sélection de documents et d’objets constituant des sources particulièrement rares ou peu accessibles pour l’histoire de la justice.

Nos autres sites : REVUE

Relecture et mise en page Ph.P et S.P.

Tag(s) : #Coup de coeur du jour, #portrait du jour criminocorpus
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