Portrait du jour : Anthony Buils, un nouveau mousquetaire du polar aux éditions Cairn

Nouveau portrait du jour Anthony Buils

Culture et justice développe la rubrique Portrait du jour, ouvre ses pages aux fidèles lecteurs de la page et reçoit avec infiniment de plaisir Anthony Buils.

Bienvenue Anthony sur le très discret et prisé Culture justice.

Interview réalisée par notre ami Patrick Nieto, romancier mousquetaire aux Editions Cairn.

Bonjour Anthony, Tu as rejoins récemment les éditions Cairn et plus particulièrement la collection Du Noir au Sud ou tu viens de publier Haize Hegoa ce qui veut dire « vent du sud » en basque, je crois. Peux-tu te présenter en quelques mots ?

Bonjour Patrick

Je suis originaire de Dunkerque, dans le Nord.

Je suis entré dans la police comme inspecteur en 1994. J’ai un parcours de policier très diversifié. D’abord au sein de la PJ parisienne, puis dans des services d’investigation dans les domaines de la Sécurité publique et de la Police aux frontières. Passionné de culture hispanique, j’ai traversé la France en 2006 pour intégrer un centre de coopération policière et douanière à la frontière pyrénéenne. Je travaille depuis dans le renseignement transfrontalier en collaboration directe avec la police espagnole, la garde Civile et la police autonome basque.

Qu’est-ce qui t’as donné l’envie de franchir le pas de l’écriture ?

L’envie d’écrire m’est venue sur le tard, il y a 3 ou 4 ans. Je ressentais le besoin depuis quelques années de poser sur le papier mon vécu de policier. De fil en aiguille, en fouillant dans mes anecdotes et notamment les plus croustillantes, celles de jeune flic dans le nord de Paris, une intrigue est rapidement née dans mon esprit. J’y ai associé l’histoire personnelle vécue par mon épouse, qui a perdu un frère décédé d’une overdose. Écrire un roman est alors vite devenu une évidence.

L’écriture d’un polar est-elle plus facile lorsque l’auteur baigne dans le milieu policier ?

Oui et non. La connaissance des techniques d’investigation, de l’ambiance des commissariats, et du ressenti des flics de terrain apportent forcément de la crédibilité et du réalisme dans l’écriture. Mais cela n’est qu’un élément parmi d’autres.

Les ingrédients qui font un bon roman se trouvent surtout dans la manière de mettre en scène l’histoire et les personnages pour captiver et surprendre le lecteur, en y mettant de l’émotion.

Cela peut donc être un avantage, mais seulement si cette connaissance policière est habillement utilisée et dosée.

De quelle manière as-tu construit ce roman ?

J'ai effectué un premier travail en amont de la phase d'écriture proprement dite, avec l'élaboration d'un synospsis détaillé d'une dizaine de pages et des fiches personnages très précises. Je connaissais également la fin de mon histoire avant même d'avoir écrit la première ligne. Mais très logiquement il y a eu quelques évolutions en cours d'écriture, au fil de l' inspiration et des longues discusssions avec mon épouse sur l'avancée de l'histoire et la psychologie des personnages. Elle s'implique beaucoup et m'apporte des avis souvent judicieux, avec un recul que je n'ai pas forcément quand j'écris.

Ecris-tu selon un rituel établi ?

J'ai surtout besoin de calme pour écrire. Les périodes de vacances loin du tumulte de la vie de tous les jours sont les moments les plus propices. J'écris, je relis, je réécris, jusqu'au jour où je me dis qu'il est temps d'avancer ! Alors je me lance dans l'écriture de plusieurs chapîtres sans regarder en arrière. Mais c'est sur que plusieurs versions ont été nécessaires pour arriver à un ensemble que je considérais comme suffisament abouti

Peux-tu un peu nous parler d’Haize Hegoa ?

L’histoire se passe en 2015, alors que les contrôles aux frontières se renforcent après les terribles attentats de Paris. Joseph Camps, un commandant de police qui a vécu un drame familial dans son passé, enquête sur un trafic de stupéfiants traversant le Pays basque. Ce qu’il découvre dans le cadre de ses investigations va le replonger dans sa quête de vérité personnelle et les deux trames vont finir par se fondre l’une dans l’autre.

Les personnages évoluent sur deux périodes, celle de 1995 et celle de 2015, qui sont très différentes d’un point de vue policier.

Au-delà de la simple fiction policière, j’essaie aussi au travers de cette histoire d’aborder des thèmes profonds tel que celui des questionnements d’une famille lorsqu’un proche décède d’une overdose.

Tu participes à des salons et à des séances de dédicace. Avais-tu envisagé cet aspect de la question en publiant ton ouvrage? Comment se sont passées ces premières rencontres ?

Très franchement, à aucun moment lors de l'écriture et de la parution du roman je n'avais envisagé cet aspect du métier d'écrivain. Mais c'est très amusant de rencontrer des lecteurs qui viennent évoquer les personnages du livre. Cela fait prendre conscience que l'histoire ne m'appartient plus. Et la participation à des salons offre également la possibilité de rencontrer d'autres auteurs, ce qui est très enrichissant.

As-tu des retours de lecteurs ?

J'ai eu des retours très positifs de collègues policiers, gendarmes et douaniers qui ont été ravis de découvrir la réalité de leur quotidien aussi bien décrite.

Et je commence à voir apparaître également des critiques sur certains sites plutôt dédiés à la littérature, qui évoquent une histoire bien écrite, et très aboutie pour un premier roman.

C'est donc une grande satisfaction pour moi d'avoir pu recueillir de bons avis venant autant de mon milieu professionnel que d'un public plus large.

Merci Anthony d’avoir répondu à mes questions. Pour ma part, je vous recommande sans réserve ce premier roman d’Anthony Buils qui saura séduire, à n’en pas douter, les amateurs de polars ancrés dans la réalité.

A propos du site : Musée - Histoire de la justice, des crimes et des peines | Criminocorpus propose le premier musée nativement numérique dédié à l’histoire de la justice, des crimes et des peines. Ce musée produit ou accueille des expositions thématiques et des visites de lieux de justice. Ses collections rassemblent une sélection de documents et d’objets constituant des sources particulièrement rares ou peu accessibles pour l’histoire de la justice.

Relecture et mise en page Ph.P et S.P.