Marchand, ambassadeur, moine, femme du peuple... un bon espion (ou une bonne espionne) au Moyen Âge n'en a pas l'habit. Alors que la guerre de Cent Ans se joue sur les champs de bataille, une lutte d'influence s'opère également dans l'ombre.
Qui est cet étrange personnage qui épie ce qui se fait, qui écoute ce qui dit se dit ? Qui est cette espie, cet éclaireur, ce coureur, ce guetteur ? Au moment d’engager une guerre, l’une des armes les plus puissantes – peut-être davantage que le trébuchet, le couillard ou la masse d’arme – est l’art d’obtenir des renseignements. C’est alors qu’agit l’espion : il entend tous les secrets, il s’entend avec l’ennemi. Comme de bien entendu, il est un héros de la guerre de Cent Ans.
L’espionnage existe bien au Moyen Âge et comporte tous les volets de la pratique moderne : contre-espionnage, écritures secrètes, interception des courriers, assassinats ciblés… La période connaît une véritable culture de l’information et du renseignement, héritée de l’Antiquité, comme en atteste les écrits de Philippe de Mézières avec Le Songe du Vieil Pèlerin en 1389 ou ceux de Christine de Pizan, auteure du Livre des faits d’armes et de chevalerie en 1410.
La figure de l’espion médiéval n’est pas figée, il n’existe pas de profil type. Parmi des membres du clergé, des marchands, des ambassadeurs, on trouve de simples hommes et femmes du peuple. Ils sont appelés espie, chevaucheur, coureur ou encore escoute. Sans agir dans une structure spécifique, l'espion opère pour le compte d’un souverain ou bien dans un cadre militaire.
Figures de l’ombre au rôle décisif, les espions sont perçus négativement. Leur activité est peu glorieuse et va à l’encontre des morales chrétienne et chevaleresque. Associé au "traître Judas", le profil d'espion va de pair avec une évolution de la justice, dont les sources deviennent une mine d’or pour établir l’histoire du renseignement au Moyen Âge.
La guerre de Cent Ans se révèle un moment décisif dans l’histoire du renseignement. Les camps rivaux font face à un affrontement d’un nouveau genre où l’usage des espions devient systématique. Par le biais de cet affrontement émerge la peur de "l’Autre", de l’étranger que la figure de l’espion vient cristalliser...
Donjons et espions, épier au Moyen Âge - Ép. 1/4 - Histoires d'espions
Marchand, ambassadeur, moine, femme du peuple... un bon espion (ou une bonne espionne) au Moyen Âge n'en a pas l'habit. Alors que la guerre de Cent Ans se joue sur les champs de bataille, une lutte
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