Depuis les graffitis immémoriaux jusqu'aux tags contemporains, l'histoire de la "délinquance graphique" éclaire quelques aspects méconnus de la mise en cause de l’ordre social et de la façon dont il s’est défendu. En compagnie de Philippe Artières.
À Pompéi déjà, comme les fouilles nous l’ont appris, le graffiti prospérait. Tandis qu’au temps de Mai-68, on l’avait proclamé : « Les murs ont la parole ». Une cavalcade à travers les époques nous assure ainsi d’une permanence qui est en vérité remarquable. Celle d’une infinie variété d’écrits qu’une foule innombrable n’a pas cessé d’apposer sur tous les supports possibles de l’espace urbain, sur toutes les pierres et sur toutes les palissades.
Inscriptions intimes et individuelles quelque fois, mais porteuses le plus souvent de frustrations collectives, d’aspirations généreuses ou dérisoires, de dénonciations sociales, d’appels à la rébellion, d’ironies ravageuses envers la puissance des autorités.
À telle enseigne que, tout aussi continument, les pouvoirs en place n’ont pas cessé de s’en préoccuper, de s’en angoisser parfois, et d’employer leur police à les répertorier. Il s’agissait, pour celle-ci, dans le meilleur des cas, d’y trouver, à toutes fins utiles, une information sur les sursauts d’une opinion diffuse et potentiellement subversive, mais aussi de faire la chasse aux auteurs de ces cris qui étaient affichés dans la nuit et dont on pouvait toujours craindre une influence inquiétante du côté de la révolte.
Mon invité, Philippe Artières, directeur de recherches au CNRS, s’est attaché à l’histoire de ce qu’il a appelé « la délinquance graphique », à cheval entre le XIXe et le XXe siècle. Il a montré que de cette appréhension d’une écriture dangereuse a découlé l’émergence d’un savoir policier inédit, qui est passé du langage des murs à celui des papiers clandestins, celui des lettres anonymes, celui des cryptogrammes sulfureux. Décidément cette histoire, depuis les graffitis immémoriaux jusqu'aux tags contemporains, éclaire quelques aspects méconnus de la mise en cause de l’ordre social, d’âge en âge, et de la façon dont il s’est défendu...
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Affiches et graffitis : la police au défi
Depuis les graffitis immémoriaux jusqu'aux tags contemporains, l'histoire de la "délinquance graphique" éclaire quelques aspects méconnus de la mise en cause de l'ordre social et de la façon d...
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