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Nouveau portrait du jour Aurélie Haderlé Auteure

Culture et justice développe la rubrique Portrait du jour, ouvre ses pages aux fidèles lecteurs  et reçoit avec infiniment de plaisir Aurélie Haderlé Auteure

Aurélie Haderlé est née à Nîmes. Titulaire d'un doctorat de lettres classiques et d'ethnologie, elle vit en Provence où elle partage son temps entre l'écriture et l'enseignement des lettres modernes. Jeune et nouvelle plume de la collection Terres de France, elle se distingue par son intérêt pour le patrimoine et la culture de sa région ainsi que pour les beaux de portraits de femmes.

Bienvenue Aurélie sur le très prisé et discret  Culture et justice

 

 

1. Bonjour Aurélie. Vous êtes une jeune enseignante. D'où venez-vous et comment votre intérêt pour les lettres classiques et l’Histoire s’est-il affirmé ?

Bonjour Philippe et merci pour cet entretien. Je suis ravie de répondre à vos questions.

Je suis originaire de Nîmes, dans le Gard. J'ai effectué toute ma scolarité dans des établissements publics de la ville. Ma mère, qui s'est consacrée à l'éducation de ses enfants après avoir suivi des études en langues étrangères, m'a fait découvrir très tôt la lecture, et surtout, la lecture des textes antiques, pour lesquels j'ai nourri un intérêt immense et croissant avec le temps. Une fois entrée au collège, je me suis inscrite volontairement aux cours optionnels de latin et de grec. C'est donc tout naturellement que je me suis orientée vers des études de lettres classiques une fois parvenue à l'université. Vivre à Nîmes, surnommée la petite Rome, a également renforcé mon intérêt pour les sociétés du passé : quand on s'y promène, on y croise un amphithéâtre, mais aussi un castellum, des temples romains… Ma passion pour l'Histoire vient donc de mes lectures ainsi que du lieu où j'ai grandi, véritable livre d'images à ciel ouvert.

2. Vous publiez dans la collection Terres de France un très beau roman mettant en avant une femme rebelle au grand cœur. Vous êtes-vous inspirée de personnages réels pour « camper » votre héroïne Eulalie ?

Je ne me suis pas inspirée de personnages historiques pour créer la psyché d'Eulalie, mais des femmes fortes que j'ai croisées tout au long de ma vie. Famille, amies, enseignantes… Eulalie concentre en elle différentes qualités que j'ai observées chez mes contemporaines. J'avais à cœur de créer un personnage intemporel, dans lequel lectrices et lecteurs pourraient se projeter sans difficulté. Toutefois, je me suis intéressée de très près aux figures syndicalistes comme Lucie Baud et Martha Desrumaux. Ces deux femmes d'exception m'ont beaucoup inspirée non pas pour créer le personnage d'Eulalie, mais ceux de ses deux amies fileuses, Judit et Yvonne.

3. Cela vous tenait à cœur de cadrer l’action dans ce milieu relatant la condition des femmes ouvrières : les fileuses de soie du début du XXème siècle. J’imagine que vous vous êtes documentée dans les archives.

Je me suis effectivement beaucoup documentée, notamment à la médiathèque de Nîmes qui est très riche en documents relatifs au patrimoine local. J'ai également visité les hauts lieux mémoriels de la sériciculture cévenole, comme le musée de la soie de Saint Hippolyte du Fort, la magnanerie de la Roque à Molezon, ou encore Maison Rouge, le musée des vallées cévenoles de Saint Jean du Gard, pour ne citer qu'eux. Consulter des archives lorsqu'on écrit un roman basé sur des faits historiques, c'est essentiel, mais ce n'est pas tout. Il faut aller sur place pour produire un récit sensible et crédible. Écrire un récit sensible nécessite de faire l'expérience des lieux : voir la pierre d'une magnanerie qui suinte d'humidité comme des centaines de fileuses l'ont vu permet de donner de la densité et du réalisme aux descriptions.

Pour répondre à la première partie de votre question, effectivement, cela me tenait à cœur de parler de la condition des ouvrières de la soie à cette époque.

Tout d'abord, parce que j'aime les récits qui mettent des femmes œuvrant pour se libérer du joug patriarcal. C'est libérateur et exaltant. Du côté de ma mère, je viens d’une famille méditerranéenne où nombreuses ont été les femmes qui se sont dressées contre l’ordre établi par les hommes. Mon arrière-grand-mère, par exemple, a appris à lire toute seule en se cachant dans les toilettes, où elle déchiffrait des coupures de journaux, car il lui était impossible d’accéder à l’éducation. Ces récits, qui ont bercé mon enfance, ont façonné mon imaginaire et ma vision du monde.

Ensuite, parce qu'il y a quelque chose de paradoxal dans la position de la fileuse de soie, qui produit un textile luxueux, mais qui voit son labeur récompensé par un salaire misérable. Ce paradoxe a poussé les fileuses des Cévennes à se mettre en grève pour la première fois à Ganges en 1906, ce qui a conduit en 1907 à la création de syndicats corporatifs locaux qui formèrent l'Union Générale des Syndicats des fileuses de soie. Ces femmes ont fait preuve d'un grand courage pour faire entendre leurs revendications. J'avais envie de raconter cette histoire d'héroïnes du quotidien.

4. Aurélie, avez-vous d’autres projets littéraires et souhaitez-vous publier à nouveau dans cette merveilleuse collection Terres de France des Presses de la cité managée par notre amie Clarisse Enaudeau ?

Bien sûr ! J'adore écrire, je ne m'en lasse jamais, et je suis honorée d'être publiée dans la collection Terres de France, qui combine mes deux passions : la culture et l'histoire locales ainsi que le souffle des récits romanesques ! Je suis en train d'écrire un roman dont l'histoire se passe dans le Vaucluse que je connais bien, entre Ventoux et Luberon. Pour ce nouveau projet, je m'intéresse particulièrement aux fleurons du patrimoine régional : la lavandiculture ainsi que le bâti en pierre sèche.

5. Culture et justice a lu votre roman avec beaucoup d’intérêt et d’émotions diverses. Nous attendons avec impatience votre prochain roman. Merci Aurélie.

Merci à vous pour votre intérêt ainsi que pour votre soutien !

 

A propos du site : Musée - Histoire de la justice, des crimes et des peines | Criminocorpus propose le premier musée nativement numérique dédié à l’histoire de la justice, des crimes et des peines. Ce musée produit ou accueille des expositions thématiques et des visites de lieux de justice. Ses collections rassemblent une sélection de documents et d’objets constituant des sources particulièrement rares ou peu accessibles pour l’histoire de la justice."

 Relecture et mise en page Ph.P et S.P.

Tag(s) : #Coup de coeur du jour, #portrait du jour criminocorpus
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