Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

 

Nouvelle rubrique Marc Claus

Rubrique animée par la romancière Valerie Valeix

Pour sa série de portraits «Être reconstituteur, c’est …» l’Abeille impériale alias l’Abeille criminelle part à la rencontre de Marc Claus, à la ville, inspecteur en chef Boinod à la scène napoléonienne » Alsacien et fier de l’être, il nous livre ses impressions sur ce monde en costumes.

 

La reconstitution : c’est un monde à part qui navigue dans les couloirs du temps pour retrouver les fastes d’antan et s’évader d’une existence parfois difficile. C’est aussi voyager sur les diverses manifestation en France et à l’étranger. Certains ne choisissent qu’une seule époque à laquelle ils restent fidèles, ce sont souvent des fans de Napoléon. Mais sur une même saison (de mars à octobre) on peut être centurion, poilu, général d’Empire, mousquetaire et/ou GI, dans le respect de l’Histoire. Car pas question de parler de déguisements mais de costumes qui demandent des recherches afin d’être au plus proche de l’époque choisie.

Qui sont-ils ces « reconstituteurs » (le mot n’existe même pas !) autour desquels gravitent la télé et le cinéma, hé oui ce sont souvent eux qui servent de figurants dans les films. Vous le découvrirez tout cela dans « Être reconstituteur, c’est… »

 

Bienvenue Marc sur le très prisé et discret Culture et justice 

 

Bonjour Marc, donc inspecteur en chef des revues, Daniel Boinod sur les bivouacs. Présente-nous cet inspecteur, qui est-il? A-t-il réellement existé?

L’Inspecteur chef aux revues Daniel Boinod, plus communément appelé général Boinod a bel et bien existé. Il est né le 29 octobre 1756 à Vevey, dans une famille dont la bourgeoisie (de la ville d’Aubonne) remonte à la fin du 16ème siècle. Il a fait ses études à Harlem en Hollande. Épris des grandes idées et pensées du 18ème siècle dit des «Lumières», il partira aux Amériques pour participer à la guerre d’Indépendance. Il reviendra en 1789 après la chute de la Bastille. Bannis de Suisse pour ses idées révolutionnaires, on le retrouve à Paris où il est fort probable qu’il ait participé à la prise des Tuileries avec ses amis savoyards. On le retrouve au siège de Toulon où il est nommé commissaire des guerres …de l’artillerie… Bonaparte tout aussi républicain que lui à l’époque se l’attache, et il le suivra en Italie, en Égypte, et encore en Italie. Boinod bien que très attaché au futur Empereur, s’opposera à lui en diverses circonstances. Il sera le seul ancien de l’armée d’Italie, à voter non au Consulat à vie et à l’Empire. La vente des biens obsolètes du port de Venise, c’est à lui que Bonaparte la confira afin de le récompenser de ses services, car la loi récompensait le vendeur d’un pourcentage de la vente qui se monte en la circonstance à 100.000 francs, une fortune à l’époque. Boinod lui écrira une lettre de refus restée dans l’histoire : «Général, je ne te reconnais pas le droit d’user ainsi des fonds de la République quand l’armée souffre… j’ai utilisé tes 100 000 francs pour les biens de l’armée. » Et il fera confectionner avec cette somme 35 000 paires de chaussures pour l’armée d’Italie.

Il sera en Italie, à Boulogne et Austerlitz avec Murat avec qui il aura également quelques démêlés concernant les biens nationaux de la République Cisalpine, et leur affectation.

Napoléon le prêtera à Eugène en Italie à partir de 1806. L’Empereur écrira à Eugène : «mon fils tu t’es très mal entouré… je t’envoies Boinod laisse le faire il fera très bien.»

A la chute de l’Empire en 1814, Boinod quittera la Suisse où il s’était retiré, pour rejoindre Napoléon à l’île d’Elbe, sous une fausse identité, afin de lui remettre la liste de ses assassins potentiels …

Il débarquera avec lui le 1er mars et sera nommé Inspecteur en chef aux revues à la Garde Impériale.

Il subira les tracas d’une commission militaire en 1816 pour avoir rejoint «l’ogre» à l’île d’Elbe… Il perdra son rang et titre et finira mis à la retraite…

Il décédera le 28 mai 1842 à Paris, enterré au cimetière de Montparnasse 13ème division…

Genty de Bussy Secrétaire d’État, Intendant militaire, chargé de son oraison funèbre prononcera un discours de 3 pages qu’il clôturera avec ces mots : «on a su rassembler plus de gloire, on ne rassemblera jamais plus d’honneur…» Ceci n’est qu’un bref résumé de ce que fut Boinod… le serviteur, le compagnon et l’ami de Napoléon aussi bien dans la gloire que dans l’exil … Cliché Boinold Musée de l'Elysée, Lausanne

Dans la vie de tous les jours, tu es taxi? Sur quel secteur?

Tes clients, les plus réguliers, savent-ils pour ta passion?

Je fais du transport de malades, et tous mes habitués connaissent ma passion et reçoivent chaque année une carte de vœux avec une photo de moi en tenue de général… au début j’étais plus discret… mais avec le temps toute ma «patientèle» le sait … et les collègues aussi…

Qu’est-ce qui t’a poussé vers cette époque?

Ma passion de l’histoire remonte à ma plus tendre enfance et j’ai rencontré l’Empereur pour la première fois en 1969… coïncidence ou destin … avec le cadeau d’anniversaire de mes 8 ans… Napoléon raconté aux enfants par Fernand Nathan … richement illustré …et c’est ainsi et avec cet ouvrage que le voyage a débuté…

Depuis quand fais-tu des reconstitutions?

Évoluant dans ce milieu depuis 2004, j’ai eu maintes propositions de rejoindre tel ou tel groupe… mais ce qui m’a décidé effectivement à y rentrer de plein pied, c’est la rencontre avec Boinod, lors de l’une de mes très nombreuses lectures… j’y suis maintenant depuis une petite dizaine d’années.

Quel est le rôle de ton personnage dans une journée de reconstitution?

Là, c’est plus compliqué car avec le temps mes fonctions ayant évolué … je suis devenu un condensé de chef d’État Major, Grand Maître du Cérémonial Impérial, Colonel Général de Service, Grand Maréchal du Palais et j’en passe… selon les circonstances et les évènements avec mon ami Jean-Gérald qui est un des représentants officiels de Napoléon.

Parlons chiffons! Combien d’uniformes as-tu?

Une Grande et une petite tenue d’Inspecteur en chef aux revues

Dirais-tu que la reconstitution est une passion coûteuse?

Oui, déjà les tenues, les déplacements toujours à notre charge, la perte financière de l’indépendant, car qui dit déplacement dit absence sur le lieu de travail …

Fais-tu d’autres époques?

Non, même si la Rome antique m’attire beaucoup…

Combien de manifestations fais-tu par an? Et as-tu fait de belles rencontres?

Le côté humain de l’aventure est un moteur certain dans la motivation, et les belles rencontres et les amitiés dignes des 4 Mousquetaires d’Alexandre Dumas font partie de ce beau voyage.

J’arrive en période hors COVID à faire une vingtaine de manifestations par an.

Un projet que tu aimerais réaliser?

Faire une tenue plus en conformité avec mes nouvelles fonctions auprès de l’Empereur…

Que réponds-tu à quelqu’un qui te parle de déguisement à propos des costumes et de théâtre pour les reconstitutions?

En général quand je suis en uniforme, je menace mon interlocuteur d’exécution… et de le faire fusiller.

Autrement, j’essaye de lui expliquer que nos travaux de recherche et de mémoire font que nous ne nous déguisons pas, c’est pas carnaval, mais essayons avant toute chose de rendre hommage au personnage que nous tentons de représenter … et le verbe tenter n’est pas trop faible…

 

Culture et justice rassemble des informations relatives à l’actualité culturelle sur les questions de justice. Histoires, romans, portraits du jour, salon de livres... Page indépendante sans but lucratif administrée par Philippe Poisson et Camille Lazare, membres de l'association Criminocorpus.

A propos du site : Musée - Histoire de la justice, des crimes et des peines | Criminocorpus propose le premier musée nativement numérique dédié à l’histoire de la justice, des crimes et des peines. Ce musée produit ou accueille des expositions thématiques et des visites de lieux de justice. Ses collections rassemblent une sélection de documents et d’objets constituant des sources particulièrement rares ou peu accessibles pour l’histoire de la justice."

 Relecture et mise en page Ph.P et S.P.

Tag(s) : #Être reconstituteur, c’est…
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :