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Eté 62 est un superbe roman historique, loué et préfacé par Boualem Sansal.

"Il y a 60 ans une page terrible de l’histoire de la France se tournait. Un million de Français d’Algérie quittait cette terre dans le sang et dans les larmes. Une chape d’oubli s’est ensuite abattue sur ce douloureux évènement.

Daniel Thielle avait 12 ans. À la fin de sa vie, ses souvenirs enfouis depuis le traumatisme du 5 juillet 1962 réapparaissent.

Sa mémoire, occultée, niée, rejetée, enfin est libérée.

La transmission peut enfin se faire."

Hervé Féat.

 

Extrait :

"Après un repas très frugal de rations militaires servi par l'équipage, les passagers s’installaient pour la nuit. Les chanceux ou les privilégiés regagnaient avec difficulté leur cabine et les salons intérieurs. D’autres, sur des transats, s’enveloppaient dans des couvertures. Un grand nombre enfin, enroulés dans un manteau ou une étoffe, se calaient contre leurs bagages et tentaient de dormir à même le pont. Les coursives étaient totalement encombrées. La lune ajoutait un éclairage surréaliste à ce capharnaüm.

Accoudés au bastingage, des insomniaques fumaient cigarette sur cigarette, les yeux rivés sur le reflet de la lune dans les remous. Dans 6 heures environ, les premières lueurs de l’aube auront teinté de rose l’immensité de la mer. L’étrave du navire, têtue, gardait son cap, abandonnant une traînée d’écume d’un blanc phosphorescent.

A l’extrémité du pont, vers la proue, un homme était plongé dans de profondes pensées. Le fanal de l’entrepont l’éclairait d’une lueur crue. Son pardessus élimé laissait entrevoir une veste sans forme recouvrant un pull-over de grosses mailles. Posé à côté de lui, un cabas devait renfermer tout son patrimoine. Le feutre enfoncé jusqu’aux oreilles, il fixait l’onde. Je ne pouvais pas dormir. J’allais et venais sur le pont après avoir promis à ma mère de « faire attention ». En faisant rouler ma Buick miniature sur la lisse du bastingage, j’observais les gens, écoutais les conversations. L’homme au chapeau ne m’avait pas échappé ; trop statique, je m’en étais désintéressé.

Tout à coup, un cri : "un homme à la mer !" Trois coups de sirène retentirent. Le navire fut mis en panne. Deux projecteurs du pont supérieur balayèrent l’obscurité. Les passagers réveillés en sursaut, affolés, se pressèrent, s’interrogèrent, scrutant les flots. En vain.

Revenu sur mes pas, je remarquai le feutre posé sur le cabas. Je frissonnai. Au-delà d’un simple appel au secours, l’homme avait eu le courage de se libérer d’une vie injuste et cruelle. Qui était-il ? Un homme seul qui n’avait plus rien à attendre du lendemain."

 

Hervé Féat vit sur l'ïle de La Réunion. Né à Oran en 1950, d’un père Breton et d’une mère pied-noire, l’auteur a été profondément affecté par la guerre d’indépendance algérienne qu’il a vécu quand il était enfant. Soixante ans plus tard, il signe un roman à ce point impressionnant que l’écrivain algérien Boualem Sansal a dit : « C’est l’histoire de la guerre d’Algérie la plus complète, la plus juste, la plus émouvante qu’il m’ait été donné de lire ! Tout y est pour construire une histoire qui tient, qui parle, qui émeut. Le tout est magnifiquement écrit, sans fioritures ni effets de manche ».

 

Boualem Sansal : "C'est l'histoire de la guerre d'Algérie la plus complète, la plus juste, la plus émouvante qu'il m'ait été donné de lire ! Ma préface n'est pas un cadeau : "Eté 62" est un grand livre, courageux, superbement écrit, original dans sa construction. Tout y est pour vivre une histoire qui tient, qui parle, qui émeut, sans fioritures ni effet de manche".

 

"Eté 62" est disponible sur le site d'IGB Edition, auprès des libraires et sur les plateformes de ventes Internet. Version ebook disponible le 11 mars, date de sortie nationale.

Tag(s) : #Romans - Essais - Polars - Thrillers
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